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À La Une - Crise

Le doute plane autour d'une démission du Premier ministre libyen

Le chef du gouvernement est accusé par ses détracteurs, entre autres, de corruption

Le Premier ministre libyen reconnu par la communauté internationale, Abdallah el-Theni (centre), lors d'une réunion à Moscou avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov, le 15 avril dernier. AFP PHOTO / ALEXANDER

L'avenir du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale semble incertain après l'annonce du Premier ministre Abdallah el-Theni de son intention de démissionner, alors qu'un nouveau round de pourparlers de paix entamait mercredi sa deuxième journée à Genève.

M. Theni a annoncé mardi soir son intention de démissionner lors d'un talk-show télévisé alors qu'il essuyait les critiques de citoyens en colère. "Si ma démission est la solution, alors je l'annonce ici", a déclaré le Premier ministre qui a précisé qu'il la présenterait dimanche au Parlement.

Le porte-parole du gouvernement reconnu par la communauté internationale, Hatem el-Ouraybi, s'est cependant gardé de confirmer l'annonce. "Le Premier ministre a dit durant l'interview que si les gens voulaient sa démission, alors ils l'auraient", a-t-il déclaré mercredi à l'AFP. "Je n'ai pas encore la réponse à la question de savoir si (la démission) sera ou non présentée dimanche" au Parlement, a-t-il ajouté.

La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avec des combats sanglants entre groupes armés rivaux, deux gouvernement et Parlements qui se disputent le pouvoir et la montée en puissance du groupe jihadiste État islamique (EI).

Lors du talk-show, M. Theni a dû faire face à une série de récriminations de téléspectateurs sur l'incurie de son gouvernement, incapable d'assurer des services de base comme l'électricité ou de mettre fin à l'insécurité dans les zones sous son contrôle.

 

(Lire aussi : Tollé international après la condamnation à mort de Seif al-Islam Kadhafi)

 

Accusations de corruption

Le gouvernement de M. Theni, qui avait échappé à une tentative d'assassinat en mai à Tobrouk (est), a également été accusé de corruption durant l'émission.

Les membres du gouvernement de M. Theni, ainsi que ceux du Parlement issu des dernières législatives, ont dû fuir vers l'est du pays après la prise durant l'été 2014 de la capitale Tripoli par la coalition de milices Fajr Libya. Un gouvernement parallèle, non reconnu par la communauté internationale, a été installé à Tripoli et le Parlement précédent (Congrès général national, CGN) y a été rétabli.

L'émissaire de l'ONU en Libye Bernardino Leon mène depuis plusieurs mois des négociations avec les deux parties en vue d'obtenir un accord pour un gouvernement d'union nationale. Le 11 juillet, les représentants du Parlement reconnu par la communauté internationale avaient paraphé au Maroc un accord "de paix et de réconciliation" mais pas ceux du CGN. Ces derniers avaient argué que leurs demandes de modifications de l'accord n'avaient pas été satisfaites. Un nouveau round s'est donc engagé mardi à Genève, en présence des représentants du CGN, pour tenter d'accoucher d'un accord.

 

(Pour mémoire : Après Kadhafi, le déluge...)

 

Un gouvernement d'union en septembre ?

M. Leon a expliqué aux journalistes qu'il cherchait à obtenir la formation d'un gouvernement d'unité nationale pour début septembre, avant l'Assemblée générale de l'ONU. Pour y arriver, il veut, avec toutes les factions, affiner les annexes de l'accord conclu au Maroc.

Le CGN ne signera aucun accord prévoyant le maintien du général Khalifa Haftar à la tête de l'armée, a cependant averti Mohammad Ali Abdallah Addarrat, président du parti du Front national libyen, qui siège au Parlement de Tripoli: "Il n'y aura aucun accord si le général Haftar doit diriger une armée en Libye". Le général à la retraite Khalifa Haftar avait lancé en mai 2014 une opération contre les groupes anti-islamistes à Benghazi, la deuxième ville du pays. Critiqué dans un premier temps par le gouvernement reconnu, il a été finalement nommé chef de l'armée en mars.

M. Leon a insisté sur l'importance de faire taire les armes dans les différentes régions de Libye et a instauré un dialogue entre les divers groupes armés. Mais il a regretté que sur ce point, on "n'avance pas au même rythme qu'avec les politiques". Il a appelé "tous les Libyens à des paroles constructives pendant ce processus" et à éviter "les agissements unilatéraux". Les réunions de mardi se sont déroulées entre l'émissaire de l'ONU et les différentes factions séparément. M. Leon a dit espérer réunir tout le monde autour de la même table. "Nous espérons que cela se produira ce soir ou demain", a-t-il dit mardi.

 

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