Le groupe jihadiste État islamique (EI) a relâché 22 chrétiens assyriens détenus depuis six mois dans le nord-est de la Syrie, ont rapporté hier différentes ONG. Ils faisaient partie de plus de 200 membres de cette communauté enlevés en février par les jihadistes lors de leur offensive à Khabour, dans la province de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie.
Selon l'Observatoire assyrien des droits de l'homme, qui s'intéresse au sort de cette communauté, 14 femmes figurent parmi le groupe libéré. L'ONG a publié des photos des ex-otages, montrant des femmes âgées, émues, accueillies par un prêtre. Leur libération est « le résultat d'efforts soutenus et de négociations menées par l'église assyrienne orientale de la ville de Hassaké », a indiqué cette ONG. Une autre ONG, le réseau assyrien pour les droits de l'homme, a aussi annoncé cette libération, précisant que les personnes libérées étaient originaires des villages de Khabour, de Tal Chamiram et de Tal Jazira. Selon son directeur, Ossama Edward, les négociations se poursuivent pour obtenir la libération de 187 personnes encore détenues par l'EI. « L'ambiance autour des négociations est positive », a-t-il dit à l'AFP.
Ahrar el-Cham reste perçu comme problématique par Washington
Parallèlement, Ahrar el-Cham, un groupe rebelle islamiste influent dans le nord de la Syrie, a annoncé hier son appui au plan américano-turc d'une zone débarrassée des jihadistes de l'EI dans la région frontalière de la Turquie.
Ahrar el-Cham, qui combat à la fois le régime de Bachar el-Assad et l'EI, a annoncé dans un communiqué qu'il « appuyait le projet de zone sécurisée dans le nord de la Syrie avec le soutien de la Turquie et la coordination avec les factions rebelles ». Ce projet « aura des répercussions positives du point de vue humanitaire, militaire et politique, qui sont dans l'intérêt des deux pays », a poursuivi le groupe, qui entretient de bonnes relations avec la Turquie, qualifiant le pays de « plus important allié de la révolution » syrienne. Pour Ankara, cette zone devrait permettre aux quelque 1,8 million de Syriens réfugiés en Turquie de rentrer chez eux.
Toutefois, la branche syrienne d'el-Qaëda, le Front al-Nosra, alliée à Ahrar el-Cham, a annoncé dimanche qu'elle refusait de coopérer avec le plan américano-turc et qu'elle se retirait en conséquence de certains secteurs du nord de la Syrie où elle se trouve en confrontation avec l'EI.
Ces deux organisations, al-Nosra et Ahrar el-Cham, sont alliées contre le régime de Bachar el-Assad et contre l'EI, au sein d'une coalition rebelle baptisée « Armée de la conquête » qui a remporté plusieurs victoires contre l'armée syrienne au cours des derniers mois. Les deux groupes ont néanmoins été visés par les frappes aériennes de la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington. Pour Thomas Pierret, spécialiste de l'islamisme contemporain, « Ahrar el-Cham reste perçu comme problématique par Washington, et, à ce titre, le groupe n'aura probablement pas un rôle prioritaire ». La Turquie « mettra sans doute en avant des groupes moins controversés et des islamistes modérés », estime l'expert.
En outre, dans la nuit de lundi à mardi, une attaque de l'EI contre un important fief rebelle dans le nord du pays a causé la mort d'au moins 25 rebelles syriens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'attaque a visé la ville de Marea, considérée comme le plus important réservoir de combattants et d'armes dans la province d'Alep pour les rebelles. Les jihadistes ont tenté à plusieurs reprises de prendre Marea, située sur une importante route menant à la frontière turque.
Selon l'OSDH, l'assaut a fait également huit morts parmi les combattants ultraradicaux, « dont quatre kamikazes qui se sont fait exploser au moyen de ceintures explosives ». Ma'moun el-Khatib, directeur de Shahba, agence de presse locale antirégime dans la province d'Alep, a indiqué qu'« une cellule de l'EI s'est infiltrée dans Marea et ses combattants ont lancé des bombes et tiré sur les civils ». Les rebelles « les ont encerclés dans une partie de la ville », poussant les kamikazes à se faire exploser, a ajouté ce militant originaire de la zone. Selon l'OSDH, les combats ont cessé à l'aube.
(Source : AFP)