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Moyen Orient et Monde - Offensive

Les États-Unis envoient des F-16 en Turquie pour combattre l’EI

Des avions de chasse F-16 sur la base américaine de Tucson en Arizona, le 13 mai 2015. Archive/AFP

Les États-Unis ont pour la première fois déployé hier des chasseurs F-16 en Turquie pour lutter contre le groupe État islamique (EI).

« Six F-16 +Fighting Falcon ont été déployés sur la base d'Incirlik en soutien à la lutte contre l'État islamique », a écrit la mission américaine auprès de l'Otan sur son compte Twitter. Le ministère américain de la Défense a pour sa part précisé qu'un contingent de 300 militaires avait en outre été déployé sur cette base. C'est la première fois depuis le lancement de la coalition internationale qui bombarde ce groupe jihadiste en Irak et en Syrie, il y a un an, que les États-Unis pourront faire décoller des chasseurs depuis cette base stratégique, grâce à un accord signé avec la Turquie fin juillet. Washington avait jusqu'à présent utilisé des drones armés depuis Incirlik. Les avions de l'US Air Force devaient jusqu'à présent décoller de bases plus éloignées pour aller frapper leurs cibles jihadistes, par exemple en Jordanie ou au Koweït.

Membre de l'Otan, la Turquie avait jusqu'à récemment refusé de participer activement aux opérations de la coalition contre l'EI, de peur de favoriser l'action des Kurdes de Syrie combattant sur le terrain les jihadistes à proximité de sa frontière. Mais l'attentat survenu le 20 juillet à Suruç (Sud), attribué à l'EI et qui a fait 32 morts, a changé la donne et contraint Ankara à effectuer un tournant stratégique.

Ankara a ainsi lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l'EI en Syrie. Mais les raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur le PKK, seuls trois d'entre eux ayant été jusqu'à présent officiellement signalés contre l'EI.
Dans un nouveau bilan, l'agence gouvernementale turque Anatolie a affirmé hier que 390 rebelles kurdes ont été tués et 400 autres blessés en deux semaines de raids de l'aviation turque contre leurs repaires situés dans le nord de l'Irak.

« Aux deux camps »

De son côté, le PKK a continué de mener des attaques contre les forces de l'ordre, dont au moins une vingtaine de membres ont été tués depuis le déclenchement du nouveau cycle de violences, selon des sources officielles turques.

Dans la nuit de samedi à dimanche lors d'une attaque survenue dans la ville de Midyat, dans la province de Mardin, située dans le Sud-Est turc peuplé majoritairement de Kurdes, et attribuée au PKK, un policier a été tué et un autre blessé, selon l'agence de presse Dogan.

Le chef de file du parti prokurde HDP (Parti démocratique des peuples) a pour sa part lancé un nouvel appel samedi aux rebelles du PKK et au gouvernement turc à mettre fin aux violences actuelles et à engager des négociations. Le coprésident du HDP, Selahattin Demirtas, s'exprimait au lendemain de la mort de six personnes dans des affrontements entre les forces de sécurité et des combattants dans la ville kurde de Silopi. « J'en appelle aujourd'hui aux deux camps », a déclaré M. Demirtas devant la presse, dans la ville de Van. « Le PKK doit immédiatement retirer son doigt de la gâchette (des armes) et déclarer qu'il respecte le cessez-le-feu » engagé avec l'État turc il y a près de trois ans, mais qui a volé en éclats avec les dernières violences. Le gouvernement turc, a-t-il poursuivi, doit pour sa part cesser ses opérations de sécurité et se déclarer prêt au dialogue. Le HDP de Selahattin Demirtas, considéré comme la vitrine politique du PKK, a remporté 13 % des voix lors des élections législatives du 7 juin et a accru de manière considérable son influence politique avec 80 députés (sur 550) au Parlement.

L'appel du leader kurde a reçu une réaction positive de la part du Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu. « C'est un appel tardif mais approprié », a-t-il estimé tard samedi.


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