Depuis des années, des extrémistes juifs agressent régulièrement Palestiniens, Arabes israéliens et même soldats israéliens en représailles aux destructions de colonies. Jaafar Ashtiyeh / AFP
Israël a durci hier son action contre les extrémistes juifs en lançant des raids dans des colonies et en plaçant des figures de l'activisme antipalestinien en détention sans inculpation, après la mort d'un bébé et de son père dans l'incendie de leur maison.
Sous le feu des critiques d'une partie de l'opposition et de l'étranger qui l'accusent d'accorder une « impunité » aux auteurs d'attaques antipalestiniennes, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a multiplié depuis l'incendie criminel du 31 juillet en Cisjordanie occupée condamnations, appels à la fermeté et arrestations. Pour la première fois depuis l'attaque, une unité spéciale de la police israélienne, chargée de la lutte contre les crimes racistes, a mené des raids dans des colonies de Cisjordanie, y « arrêtant plusieurs suspects dans le cadre de l'enquête sur les événements de Douma ». La police n'a pas précisé le nombre de ces arrestations.
C'est dans le village palestinien de Douma, entouré de colonies dans le nord de la Cisjordanie, que la maison de la famille Dawabcheh a été incendiée brûlant vif le bébé palestinien Ali, âgé de 18 mois, une attaque attribuée par les Palestiniens à des colons. C'est la première fois que les autorités lient directement des arrestations à l'incendie de Douma. En arrêtant en début de semaine trois extrémistes juifs, elles avaient seulement indiqué qu'ils étaient impliqués dans des « attaques terroristes », un qualificatif rarement utilisé par Israël dans le cas d'attaques contre des Palestiniens. Ces trois extrémistes sont désormais tous placés en détention administrative, une mesure exceptionnelle qui permet la détention d'un suspect sans inculpation et pour une durée de six mois renouvelable.
« Meïr Ettinger et Eviatar Slonim ont été placés en détention administrative », une mesure réservée d'habitude aux Palestiniens, a indiqué un porte-parole du ministère de la Défense. Un autre extrémiste Mordechaï Meyer l'avait été mardi. Meïr Ettinger est une figure de l'extrémisme juif et du mouvement des « jeunes des colonies », des israéliens en rupture de ban qui installent des colonies « sauvages », c'est-à-dire sans les autorisations officielles israéliennes.
Les arrestations d'hier sont intervenues au lendemain du décès de Saad Dawabcheh, le père du bébé mort, brûlé sur la quasi-totalité du corps au 3e degré. Sa femme Riham, 26 ans, quasiment entièrement brûlée au troisième degré, est toujours hospitalisée en Israël entre la vie et la mort, tandis que son frère Ahmad, 4 ans, entame une lente convalescence, selon des sources médicales. Les murs de leur maison avaient été recouverts durant l'attaque de slogans proclamant en hébreu « Vengeance » et « Prix à payer », la signature des colons et activistes d'extrême droite.
À Douma, on « ne dort plus »
La mort de Saad Dawabcheh a relancé les tensions déjà vives en Cisjordanie occupée. Des milliers de Palestiniens ont participé samedi à ses funérailles, le Hamas islamiste, au pouvoir à Gaza, affirmant qu'après ces morts, « la résistance » était devenue « un devoir » en Cisjordanie où la colonisation, l'un des principaux obstacles à la paix, s'étend.
L'Autorité palestinienne, qui n'a aucune prise sur plus de 60 % de la Cisjordanie – sous contrôle exclusif de l'armée israélienne –, a décidé de porter l'attaque de Douma à l'attention de la Cour pénale internationale (CPI) qu'elle souhaiterait voir poursuivre les dirigeants israéliens qui « soutiennent les crimes des colons ». Elle a également annoncé la mise en place de « comités populaires » pour protéger les villages palestiniens. « Les gens ne dorment plus, affolés à l'idée qu'un colon vienne attaquer à tout moment », lance un habitant de Douma, Mohammad Dawabcheh.
(Source : AFP )