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À La Une - Proche-Orient

Le père du bébé palestinien brûlé vif succombe à ses blessures

Sa femme, Riham, 26 ans, est toujours hospitalisée en Israël dans un état critique tandis que leur autre fils, Ahmed, âgé de quatre ans, commence lentement à se remettre de ses blessures.

Des Palestiniens inspectant le 31 juillet les débris à l'intérieur de la maison calcinée des Dawabcheh, incendiée par des colons israéliens. AFP PHOTO / THOMAS COEX

Saad Dawabcheh, le père du bébé palestinien brûlé vif il y a une semaine dans l'incendie de leur maison par des extrémistes juifs, a succombé samedi à ses blessures, un décès qui risque de relancer les tensions dans les Territoires palestiniens.

Le 31 juillet, son fils Ali, 18 mois, mourait brûlé vif dans l'incendie provoqué par des hommes masqués qui ont lancé des cocktails Molotov par les fenêtres que la famille avait laissées ouvertes en raison de la forte chaleur.

Sa femme, Riham, 26 ans, le corps quasiment entièrement recouvert de brûlures au troisième degré, est toujours hospitalisée en Israël dans un état critique tandis que leur autre fils, Ahmed, âgé de quatre ans, commence lentement à se remettre de ses blessures.

Leur petite habitation dans le village de Douma, entouré de colonies israéliennes dans le nord de la Cisjordanie occupée, a été réduite en quelques instants à un tas de cendres. Les murs noircis ont été recouverts des mots "Vengeance" et "Prix à payer", la signature habituelle des colons et activistes de l'extrême droite israélienne. Ce "prix à payer", c'est celui qu'imposent des extrémistes juifs, qui, depuis des années, agressent et vandalisent Palestiniens, Arabes israéliens et même soldats israéliens. Ils disent agir en représailles aux destructions de colonies sauvages, qui sont illégales non seulement aux yeux de la communauté internationale mais aussi de la loi israélienne, ou aux décisions politiques israéliennes qu'ils estiment contraires à leur volonté de coloniser tous azimuts les Territoires occupés et évincer les lieux de culte chrétiens et musulmans du "Grand Israël".

Longtemps impunis, du fait de la passivité des autorités israéliennes accusent Palestiniens, opposants israéliens et ONG de défense des droits de l'Homme, ces militants du "prix à payer" sous désormais dans le viseur du gouvernement de Benjamin Netanyahu, pourtant l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël.

Décidé à se donner les moyens de poursuivre ces "terroristes", selon les mots de plusieurs officiels israéliens, M. Netanyahu en tête, il a placé, pour la première fois depuis des années, un extrémiste juif sous le régime de la détention administrative. Cette mesure, qui permet d'incarcérer sans charge des suspects pour une durée illimitée est traditionnellement réservée aux Palestiniens.

 

(Pour mémoire : Israël promet la "tolérance zéro" face aux extrémistes juifs)

 

Autopsie pour la CPI

Les autorités ont arrêté Meïr Ettinger, jeune figure extrémiste soupçonné d'être l'un des inspirateurs des récentes violences de l'extrémisme juif. Car si l'attaque de Douma a provoqué un tel émoi en Israël, c'est aussi parce qu'elle a eu lieu au lendemain d'une autre attaque menée par un extrémiste juif qui s'est rué sur le cortège de la Gay Pride à Jérusalem, tuant une adolescente et blessant cinq autres personnes à coups de couteau. 

Deux autres jeunes ont été arrêtés après l'attaque de Douma. Tous sont soupçonnés d'activités extrémistes, mais aucun n'a directement été mis en cause pour la mort du nourrisson. Les Palestiniens, qui raillent régulièrement l'inaction de la justice israélienne face aux extrémistes juifs, veulent, eux, porter l'affaire de Douma devant la justice internationale. Aussitôt après la mort du petit Ali, le président Mahmoud Abbas annonçait vouloir saisir la Cour pénale internationale (CPI). Samedi, un responsable palestinien a affirmé que le corps de son père Saad serait autopsié avant d'être inhumé, pour apporter de nouvelles preuves au tribunal de La Haye.

Les funérailles sont prévues dans la journée à Douma, a indiqué le maire Abdessalam Dawabcheh à l'AFP, précisant toutefois que le corps de Saad Dawabcheh se trouvait toujours en début de matinée à l'hôpital de Beer-Sheva, dans le sud d'Israël, où il avait été soigné.

La mort d'Ali avait provoqué plusieurs jours d'affrontements entre Palestiniens, soldats et colons israéliens à travers la Cisjordanie occupée. Et le décès de son père intervient au lendemain de la journée traditionnelle de mobilisation --des manifestations qui dégénèrent chaque semaine en heurts-- dans les Territoires palestiniens.
Vendredi, de nouvelles violences ont également eu lieu à Gaza, l'aviation israélienne ayant mené un raid dans la soirée en représailles à un tir de roquette depuis l'enclave côtière sur son territoire.

 

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