La photo du bébé palestinien de 18 mois brûlé vif. Jaafar Ashtiyeh/AFP
« Terrorisme juif ». Cette fois, le mot n'a pas été (seulement) prononcé par le Hamas, par l'OLP, par les dirigeants arabes ou par les journalistes engagés. C'est bien de la bouche du ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, qu'est sorti ce réaliste – bien que tardif – constat, après la mort tragique d'un bébé palestinien brûlé vif dans une attaque d'extrémistes israéliens.
Dans une région où une simple braise suffit à raviver un feu puissant, violent et quasiment incontrôlable, l'événement d'hier a de quoi inquiéter. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ne s'y est pas trompé et a tout de suite qualifié l'attaque d' « acte de terrorisme ». Une expression dont M. Netanyahu connaît parfaitement la portée puisqu'il l'utilise, à la moindre occasion, pour délégitimer toutes les actions des Palestiniens. M. Netanyahu s'est ensuite entretenu avec son homologue palestinien, Mahmoud Abbas – fait assez rare pour être souligné – et lui a assuré qu'Israël allait arrêter les meurtriers et les traduire en justice.
Ainsi, après avoir mis le feu aux poudres à chaque fois que cela pouvait servir ses ambitions politiques, après avoir été le favori de la droite israélienne, après s'être démené pour rendre impossible toute négociation de paix avec les Palestiniens, après avoir étouffé, bombardé et transformé en ruines la bande de Gaza, après avoir justifié et encouragé la poursuite de la colonisation dans les territoires palestiniens, après avoir déclaré qu'il n'y aurait jamais d'État palestinien tant qu'il serait Premier ministre, voilà que lui, le fils d'un des plus célèbres historiens du sionisme révisionniste, se pose en conciliateur et fait appel à la justice pour réparer cette profonde injustice. Ou comment l'habituel cracheur de feu essaye – tant bien que mal – de se donner l'image de celui qui risque sa vie pour l'éteindre.
Comble de l'hypocrisie, cette énième manœuvre politicienne ne suffira pas à apaiser les esprits. Car tout terroriste soit-il, cet acte n'est que la conséquence logique d'une politique radicale qui justifie, en toutes circonstances, les crimes commis contre les Palestiniens. Il n'est que le symptôme extrême de la droitisation toujours plus poussée de la société israélienne et de l'impunité systématiquement accordée aux colons israéliens.
M. Netanyahu serait beaucoup plus crédible dans sa dénonciation des actes terroristes si lui même n'était pas sans cesse en train de mener un terrorisme d'État contre les Palestiniens. Il serait beaucoup plus crédible dans sa dénonciation du radicalisme musulman s'il dénonçait avec au moins autant de vigueur le radicalisme juif.
Rien ne sert de qualifier le terrorisme de juif, de musulman ou de chrétien, comme pour signaler qu'aucune religion n'en a le monopole. Le terrorisme n'a ni foi ni loi. Il n'est qu'un instrument au service d'une cause politique. Au Moyen-Orient, encore plus qu'ailleurs, l'instrument est utilisé par de nombreux acteurs : pour détruire l'Occident, pour tuer les hérétiques chiites, pour faire contester l'ordre autoritaire, pour réprimer son propre peuple, pour revendiquer le droit à un État ou pour arracher ce droit à tout un peuple...
Une nouvelle preuve que, même si elle s'en défend, la société israélienne appartient bel et bien à ce Moyen-Orient dont elle n'a de cesse de critiquer la violence et la radicalité.
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DES PRATIQUES DAESCHIENNES DEPUIS 1948 !!!
16 h 47, le 01 août 2015