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Liban - Déchets ménagers

Le « non » catégorique des industriels à l’incinération

Aujourd'hui à midi expire le délai de la présentation des offres pour la gestion des déchets de Beyrouth et de ses banlieues. L'ouverture des plis et l'annonce des résultats de l'appel d'offres pour les six régions est prévu mardi.

Les régions toujours submergées de déchets. Ici, à Antélias, où une banderole de la municipalité met en garde ceux qui veulent jeter dans cette ville des déchets venus d'ailleurs. Photo Sako Bekarian

Alors que Beyrouth et le Mont-Liban croulent toujours sous le poids des déchets, qui s'empilent dans les rues ou, au meilleur des cas, dans des lieux de stockage de fortune, les contours des solutions urgentes à la crise, qui sévit depuis le 17 juillet, restent flous.
Selon des sources bien informées, le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, s'est réuni hier avec le Premier ministre Tammam Salam et le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), Nabil Jisr, pour discuter de la prochaine ouverture des plis de l'appel d'offres pour Beyrouth et ses banlieues, comme des solutions urgentes à la crise. Les solutions envisagées auraient englobé le transport de milliers de tonnes de déchets dans un bateau spécialisé, en vue de leur traitement à l'étranger, l'exportation entièrement prise en charge par une société étrangère ou l'ouverture d'une décharge temporaire dans le Nord.
Concernant les solutions urgentes à la crise actuelle, Mohammad Machnouk a assuré à L'Orient-Le Jour que les responsables du dossier y travaillent sans relâche, et que l'option la plus discutée actuellement est celle de l'exportation, sans vouloir donner plus de détails. « Nous travaillons dans un contexte de catastrophe écologique », a-t-il simplement dit. Il a confirmé que le résultat des appels d'offres pour Beyrouth et ses banlieues sera annoncé aujourd'hui vendredi à midi, à l'expiration du délai. Quant à l'ouverture des plis et l'annonce des offres, elles attendront quelques jours.

Une autre réunion a eu lieu hier pour discuter du problème des déchets à la commission parlementaire de l'Environnement, présidée par le député Marwan Hamadé et en présence de M. Machnouk et du ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige. À l'issue de la réunion, M. Hamadé a recommandé de « libérer la solution définitive du problème des déchets des conflits politiques, et d'aider les municipalités à faire face à la crise ». Il a aussi souhaité que « le Parlement mette davantage la main sur ce dossier, même s'il n'est pas une autorité exécutive », appelant le président de l'hémicycle, Nabih Berry, à prévoir des réunions urgentes.
Le député a relevé « une tendance au pessimisme concernant les résultats des appels d'offres qui devraient être annoncés mardi », étant donné ce qu'il a appelé « un vice de forme intrinsèque dans cet appel d'offres ». Il s'est demandé qui a défini les critères inclus dans ces appels d'offres et insinué une absence de réponse de la part du CDR comme du ministère de l'Environnement à cette interrogation. Il a estimé que le Conseil des ministres devrait être prêt à prendre des décisions pour les solutions à plus long terme.
Le député Chant Chinchinian, bloc des Forces libanaises (FL), qui participait à cette réunion, a exprimé à l'agence al-Markaziya ses craintes que « l'ouverture des plis de l'appel d'offres ne résulte en une grande crise qui ramène Sukleen à la gestion des déchets ». Il a considéré que « la clause du contrat, qui donne aux compagnies privées la prérogative de trouver des sites de décharges, nous emmène vers une nouvelle ère de clientélisme politique ». Il a revendiqué enfin une enquête sur tout le passé de la gestion des déchets.

 

(Pour mémoire : Le cri d'alarme des députés de Beyrouth : La catastrophe risque de s'abattre d'ici à une semaine)

 

Le « non » des industriels aux incinérateurs
Outre l'appel d'offres pour les régions et les solutions urgentes à la crise, il semble de plus en plus clair que le gouvernement compte se diriger vers l'achat d'incinérateurs comme solution à long terme (une décision en ce sens avait été prise en 2010). Les industriels se sont joints hier à la société civile pour refuser l'option de l'incinération.
Durant une conférence de presse tenue hier, le président de l'Association des industriels, Fady Gemayel, a annoncé « le refus absolu de tout accord, appel d'offres ou tendance à adopter l'incinération comme solution à la crise des déchets, sachant que pas moins de 30 % des déchets sont recyclables, et constituent une matière première pour un secteur industriel développé au Liban ». Il a appelé « tous ceux concernés par ce dossier, des secteurs public et privé, à tenir une réunion urgente en vue de mettre au point des solutions et une feuille de route claire pour la période de transition qui commence par des solutions urgentes, et se poursuit par des solutions à moyen et long terme ».
« Si nous vivons une catastrophe écologique, sanitaire et économique, nous n'acceptons pas pour autant d'être mis devant le fait accompli pour accepter une solution à n'importe quel prix, a poursuivi M. Gemayel. Nous avons longtemps demandé qu'un partenariat soit instauré et que des discussions soient engagées, conformément à notre vision de la nécessité d'une stratégie complète de gestion des déchets, qui se fonde sur un cycle de tri, de recyclage, de compostage et de production d'énergie à partir des déchets, en vue de minimiser au maximum le recours aux décharges. »

 

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