Le cri d’alarme des députés de Beyrouth : La catastrophe risque de s’abattre d’ici à une semaine

Les députés de Beyrouth ont tenu hier une réunion au Parlement avec le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, qui s'est retiré avant la fin de la réunion, sans faire de déclaration. « L'abstention de tout commentaire était prévue et ne devrait pas être interprétée comme un signe de mécontentement », a assuré à L'OLJ une source présente à la réunion.
Il reste que la crise des déchets n'est pas près d'être réglée, et son poids sur la capitale se fait particulièrement ressentir faute de pouvoir y improviser des dépotoirs, comme c'est le cas dans d'autres régions. « Le problème des déchets et ses répercussions sur la sûreté alimentaire, environnementale et sanitaire se poursuivent, en dépit du ramassage provisoire des déchets dans la capitale. Aucune solution n'est perceptible et la capitale est prise en otage », a déclaré le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, à l'issue de la réunion, dont l'objet a été de « presser le ministre de l'Environnement à trouver des décharges, sinon à prendre au plus vite la décision de recourir à l'exportation des ordures ».
« Nous nous exprimons en notre qualité de députés et de responsables de Beyrouth, et au nom de la municipalité de la ville, a déclaré M. Pharaon. Et nous exhortons tous les services administratifs et les ministères, ainsi que les ministres de l'Environnement et de l'Intérieur, et le Conseil du développement et de la reconstruction, et tous les responsables, à examiner l'option de l'exportation dans ses détails, y compris son coût. »
« Cette affaire ne supporte aucun ajournement. Elle doit être réglée dans les prochaines 24 heures : la catastrophe menace toujours et risque d'exploser dans la prochaine semaine », a prévenu M. Pharaon.
L'option de l'exportation serait sérieusement examinée par M. Machnouk, mais les députés de Beyrouth lui ont demandé « des précisions sur les moyens de la mettre en œuvre ».
« Le ministre de l'Environnement nous a tenus au courant des contacts qu'il effectue à cette fin », a expliqué M. Pharaon, révélant que « nous avons été informés de l'intérêt sérieux d'experts français sur l'option de l'exportation des déchets libanais », a-t-il ajouté.
Sauf que l'étape préalable à l'exportation est le tri, qui pose problème au Liban – comme l'aura démontré la crise des déchets. « Nous entendons dire que la décision de l'exportation est en lien avec le tri des ordures. La question que nous posons est celle de savoir à quel point il est possible de trier les déchets et combien nous pouvons en exporter. Le conseil municipal de Beyrouth dispose de certains moyens pour effectuer le tri, mais nous devons, d'une part, évaluer ce que nous pouvons faire, et d'autre part, connaître les détails de l'offre pour savoir si nous sommes en mesure d'en appliquer les conditions », a expliqué le ministre Pharaon. De plus, « nous cherchons à savoir combien de déchets Sukleen est en mesure de trier, dans un premier temps ».
« Nous devons régler en deux jours ce qui exige deux mois d'étude en temps normal. Nous savons tous que dans une semaine ou deux, il n'y aura plus de solution aux déchets de Beyrouth, et le temps presse », a-t-il conclu.
Ont pris part à la réunion les députés-ministres Michel Pharaon et Nabil de Freige, ainsi que les députés Atef Majdalani, Jean Oghassabian, Imad el-Hout, Ammar Houry, Serge Torsarkissian et Mohammad Kabbani.