Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, lors du sommet de l’Asean, hier. AFP Photo/Brendan Smialowski/Pool
Le secrétaire d'État américain John Kerry a dénoncé hier auprès de son homologue chinois Wang Yi la « militarisation » que Pékin a engagée en mer de Chine méridionale, qui provoque une poussée de fièvre avec ses voisins d'Asie du Sud-Est. Le patron de la diplomatie américaine a fait part de ses préoccupations lors d'un entretien avec M. Wang en marge de réunions diplomatiques asiatiques à Kuala Lumpur, en Malaisie, dominées par les revendications et les actions controversées de Pékin en mer de Chine méridionale. La région est stratégique pour les échanges internationaux.
Devant M. Wang, M. Kerry « a encouragé la Chine, ainsi que les autres (pays) revendiquant (des territoires en mer de Chine), à cesser d'agir de manière problématique et à laisser la place à la diplomatie », a ajouté un diplomate du département d'État.
Les Chinois sont accusés de mener d'énormes opérations de remblaiement en mer de Chine méridionale, transformant des récifs coralliens en ports et en infrastructures, afin de gagner du terrain sur les eaux – quelque 800 hectares en 18 mois, selon Washington – et pour étendre leur souveraineté. Les États-Unis et des pays d'Asie du Sud-Est exigent que ces opérations prennent fin, ce que la Chine refuse. Hier toutefois, le ministre Wang a affirmé que ces remblaiements étaient terminés : « La Chine a déjà arrêté. Vous regardez qui construit ? Prenez un avion et allez voir par vous-mêmes », a lancé le chef de la diplomatie chinoise devant la presse. Mais d'après un diplomate asiatique, M. Wang a confié à ses homologues de la région que Pékin poursuivrait ses projets de construction sur les îles nouvellement créées. Ce qui a fait bondir le Japon et les Philippines, qui s'alarment des ambitions territoriales de leur puissant voisin. Tokyo a dit redouter « la construction d'avant-postes et leur utilisation à des fins militaires ».
Les contentieux en mer de Chine méridionale dominent encore cette année les réunions de l'Asean (Malaisie, Thaïlande, Singapour, Vietnam, Indonésie, Philippines, Laos, Cambodge, Birmanie et Brunei) qui ont débuté mardi et s'achèvent aujourd'hui en présence d'une dizaine de grandes puissances. Cette région est un carrefour de routes maritimes vitales pour le commerce mondial, et recèle potentiellement des réserves d'hydrocarbures.
Le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et le sultanat de Brunei revendiquent la souveraineté de certaines parties stratégiques de cette mer, mais Pékin les revendique presque toutes et se montre de plus en agressif dans la région.
De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé sur la télévision Channel News Asia « l'énorme développement militaire que les États-Unis entreprennent en Asie ».
(Source : AFP)