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À La Une - Crise

La grogne contre les défaillances du service public s'étend à tout l'Irak

"La situation ne fait qu'empirer et il faut qu'une mobilisation populaire de masse s'organise contre ceux qui ont volé l'argent des Irakiens".

Des manifestants irakiens à Bassorah manifestant contre les coupures d'électricité. Essam Al-Sudani/Reuters

La colère monte en Irak contre la mauvaise qualité de l'eau et les coupures de courant, qui ont poussé des centaines de personnes à descendre dans la rue samedi à Bassora et Kerbala (sud), dans le sillage d'autres manifestations dans tout le pays. Ces défilés surviennent au lendemain d'un rassemblement de 2.000 personnes à Bagdad sous le slogan "voleurs, voleurs, voleurs", pour conspuer un gouvernement que les manifestants jugent corrompu et incompétent.

Les infrastructures électriques de l'Irak sont en piteux état après avoir subi d'importants dommages lors de l'invasion américaine en 2003. En outre, elles sont régulièrement été visées par des groupes insurgés, notamment l'organisation Etat islamique qui occupe une large part du territoire irakien depuis 2014.

Alors que le mécontentement et les températures montent, le Premier ministre Haider al-Abadi a demandé aux institutions publiques de programmer des coupures de courant afin d'économiser de l'électricité.

A Bassora, environ 500 personnes ont manifesté devant les bureaux du gouverneur pour réclamer une solution à l'interminable problème de la qualité de l'eau courante, qui sort salée des robinets. "Nous demandons la démission du gouverneur et du conseil de la province, le temps est venu pour les habitants de Bassora d'obtenir leurs droits", affirme Ziyad Tareq, un étudiant de 24 ans.

Lorsque le vice-gouverneur est venu s'enquérir de leurs plaintes, les manifestants lui ont jeté des bouteilles en plastique, réclamant la venue du gouverneur en personne. "Le gouvernement local nous promet toujours que les services d'eau et d'électricité vont s'améliorer, mais ce sont des menteurs, ils n'ont plus aucune crédibilité", enrage Ziyad. "Là maintenant, il fait 54 degrés (Celsius) dans le centre-ville, les gens sont très en colère contre les dirigeants".

"Boire une eau propre"

Pour Raad Jassim, employé dans une compagnie pétrolière, les gens sont excédés de voir leur région, principal champ pétrolifère d'Irak, incapable de profiter des dividendes du pétrole. "Bassora est la mère nourricière de l'Irak, ses revenus financent le pays, et nous n'avons même pas d'eau pour notre bétail", dénonce cet Irakien de 36 ans.

Selon des chiffres publiés samedi par le ministère du Pétrole, près de la totalité des barils d'or noir irakien exportés en juillet proviennent de cette région méridionale. En dépit de cette richesse, les coupures de courant sont fréquentes, la qualité de l'eau médiocre et les déchets abandonnés, ce qui pousse de plus de plus d'habitants de Bassora à réclamer l'autonomie.

Samedi, les forces de sécurité ont été déployées aux abords du siège du gouvernorat, moins de deux semaines après une manifestation contre les pannes de courant qui a dégénéré en affrontements violents.
"Nous manifestons pacifiquement, tout ce que nous voulons c'est boire une eau propre", soutient Mahmoud Chaker, 52 ans, professeur de lycée.

A Kerbala, ville sainte chiite située à 75 kilomètres au sud de Bagdad, les mots d'ordre sont les mêmes.
"Tu nous voles au nom de la religion", scandait la foule, composée notamment d'étudiants, d'artistes et de journalistes, à l'adresse du gouverneur. "Si cette classe politique n'a pas réussi à faire avancer la situation en douze ans (depuis la chute de Saddam Hussein, ndlr), elle doit démissionner, parce que nous perdons patience", assure Abdelhalim Yasser, l'un des organisateurs du défilé.

Ali al-Shaibani, un acteur de théâtre, en appelle aux dignitaires religieux chiites irakiens, les exhortant à délivrer une fatwa (décret religieux) pour exiger une amélioration des services publics. "La situation ne fait qu'empirer et il faut qu'une mobilisation populaire de masse s'organise contre ceux qui ont volé l'argent des Irakiens", estime-t-il. "Ces gens ont de gros salaires, des maisons et de l'électricité 24 h sur 24 pendant que nous sommes accablés par la chaleur".


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