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Liban - surveillance

Les services de sécurité libanais ont-ils utilisé Angry Birds à des fins d’espionnage ?

Un site accuse certaines institutions d'avoir recours à un logiciel espion ; une source sécuritaire dément.

L’oiseau icône du jeu vidéo « Angry Birds ». Peter Parks/Archives AFP

Les services de sécurité libanais ont réussi à exploiter une faille de sécurité dans le célèbre jeu pour smartphones Angry Brids pour espionner leurs cibles, rapportait, le 28 juillet, le site Global Voices Advocacy, créé par un groupe d'activistes qui militent contre la censure sur Internet.

Selon le site, les Forces de sécurité intérieure (FSI), le bureau de lutte contre les crimes cybernétiques (qui traite des actes criminels commis sur la Toile et dépend également des FSI) et la Sûreté générale ont contacté Hacking Team, une entreprise italienne qui vend des outils de surveillance et d'espionnage informatiques dans le monde entier, afin de lui acheter son principal logiciel espion Galileo. Dans un précédent article, Global Voices Advocacy affirme que l'armée libanaise avait déjà acheté ce logiciel.

L'existence de contrats entre les forces de l'ordre libanaises et Hacking Team avait été révélée début juillet après le piratage massif d'environ 400 gigaoctets de données de l'entreprise italienne. « Plus d'un million d'e-mails (...) avaient alors été publiés sur Wikileaks », selon Global Voices Advocacy.

Contactée par L'Orient-Le Jour, une source sécuritaire a démenti l'existence de tels contrats : « Il se peut que la compagnie italienne ait contacté les services de sécurité libanais, mais, à ce jour, il n'existe aucun contrat entre les deux parties. »

Le site publie toutefois des copies de documents qui, selon lui, mettent en évidence les messages échangés entre les FSI et Hacking Team en 2014, ainsi que d'autres rapports. Selon certains documents en question, la compagnie italienne a mené des tests dans les locaux des FSI, à Beyrouth, les 23 et 24 juillet 2014. Toujours selon ces documents publiés par le site, les tests ont été concluants : les FSI ont pu infiltrer des appareils mobiles prévus uniquement pour le test, à travers une faille dans le jeu Angry Birds. Grâce à cette faille, les cyberagents ont pu créer un « backdoor », une fonctionnalité inconnue de l'utilisateur légitime qui donne un accès secret aux données de son mobile.

Suite à ce test positif, poursuit le Global Voices Advocacy, le bureau de lutte contre le cybercrime* a contacté Hacking Team pour, lui aussi, se procurer Galileo. Le site rapporte, en présentant des documents, qu'un test a eu lieu le 30 mars 2015 dans les locaux du bureau, à Beyrouth. Toujours selon Global Voices Advocacy, le bureau en question souhaitait un contrat d'un montant de 450 000 euros lui permettant de cibler 50 personnes.
En ce qui concerne le rôle de la Sûreté générale dans cette affaire, le site n'apporte aucune information supplémentaire.

La source sécuritaire précitée nie en bloc les affirmations véhiculées dans l'article de Global Voices Advocacy. « Tout espionnage de masse est contraire aux lois et à nos valeurs, souligne cette source. De plus, les services de sécurité libanais n'ont pas les moyens matériels et humains pour mener de telles opérations. Ils sont déjà submergés par les plaintes et autres affaires liées aux cybercrimes. Enfin, toute poursuite engagée contre les citoyens, blogueurs, activistes ou autres doit se faire sur instruction du parquet général », dit-elle.

Le site susmentionné souligne toutefois que plusieurs blogueurs et activistes libanais ont par le passé dénoncé des intrusions de la part des services de sécurité. Il mentionne à cet effet un article publié le 13 juillet dernier sur le site Beirut Report par son éditeur, le journaliste libanais d'investigation Habib Battah. Contacté par L'Orient-Le Jour, M. Battah préfère ne pas commenter l'affaire de l'espionnage via Angry Birds, « n'ayant pas mené son enquête sur la question ». Il affirme néanmoins ne pas être surpris par le fait que le gouvernement puisse espionner à grande échelle ses citoyens, « comme cela se fait ailleurs au Moyen-Orient ». Il ajoute que, « selon des rapports documentés, des blogueurs libanais ont reçu des messages malveillants de la part des services de renseignements des FSI, via Facebook ». Ce que le journaliste dénonce surtout, c'est « le manque de transparence et d'informations sur les sujets de cybersurveillance et d'espionnage au Liban, et, surtout, le flou qui entoure les lois qui régissent le travail des services de sécurité ».

*Selon L'Agenda Légal, le bureau de lutte contre le cybercrime a été créé via un memorandum en 2006, sans décret qui vienne modifier la structure des FSI dont dépend l'organisme. Une étape pourtant requise dans un tel processus.

 

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commentaires (2)

DANS LA PÉRIODE Où NOUS VIVONS... LE SEUL MOYEN DE DÉTECTER LES TERRORISTES ET LEURS ACTIONS C'EST D'ESPIONNER LES TÉLÉPHONES DE TOUTES SORTES...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 23, le 01 août 2015

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Commentaires (2)

  • DANS LA PÉRIODE Où NOUS VIVONS... LE SEUL MOYEN DE DÉTECTER LES TERRORISTES ET LEURS ACTIONS C'EST D'ESPIONNER LES TÉLÉPHONES DE TOUTES SORTES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 23, le 01 août 2015

  • Après tout, c'est le job des FSI d'être à jour dans le contre espionnage ...

    M.V.

    16 h 59, le 01 août 2015

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