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Nour Tayeh et la vie des autres

Nour Tayeh a 26 ans et une passion : les autres. Après un master en réalisation audiovisuelle obtenu à l'Alba, elle se tourne vers l'humanitaire et se retrouve aujourd'hui au sein de l'organisation internationale Médecins du monde. Portrait d'une jeune femme passionnée.

Pour Nour Tayeh qui travaille pour les autres parler de soi est un exercice assez inattendu.

Au départ, rien ne prédestinait Nour Tayeh à l'audiovisuel. Encore moins à l'humanitaire. Elle se voulait pédiatre. Mais parfois les choses ne se passent pas comme on les imagine et Nour s'inscrit en école de cinéma et réalisation audiovisuelle à l'Académie libanaise des beaux-arts (Alba). « Je me suis rendu compte que ce n'est pas soigner que je voulais, mais illustrer les histoires qui se passent autour de moi », raconte-t-elle. Son film de licence qui porte sur des enfants aveugles a « remué quelque chose » en elle. Les thématiques autour de l'action humanitaire commencent à l'interpeller et elle décide qu'elle veut « aller plus loin que la fiction ».
Après sa licence et un passage par l'Université libanaise où elle fait un an de théâtre, Nour revient à l'Alba pour son master. Une année qu'elle décrit comme superbe. Ce master, dit-elle, lui a permis de se découvrir. « À travers les ateliers, les personnes que j'ai rencontrées, j'ai découvert que ce qui me fascinait le plus c'est le contact avec les gens. »
Nour Tayeh est aujourd'hui responsable de la communication au sein de Médecins du monde. Son métier l'amène à aller sur le terrain, notamment dans les camps de réfugiés syriens dans la Békaa ou en Jordanie. Elle réalise, entre autres projets, des documentaires pour l'organisation. Lors de ses visites sur le terrain, Nour perçoit concrètement la différence entre le cinéma et la réalité. Ce qui la fascine c'est la résilience des gens qu'elle croise à travers l'objectif de sa caméra. Leur capacité à tenir malgré toutes les difficultés que la vie leur inflige.
Le visage de Nour s'illumine d'un grand sourire quand elle parle des autres. Elle ne peut que constater le besoin des gens qu'elle croise de se livrer, d'être écoutés. « Chaque personne que je rencontre est une histoire à part entière, et la magie, c'est lorsque la personne se lâche et commence à se confier à moi en oubliant ma caméra. Cela n'a pas de prix », raconte-t-elle avec sa débordante énergie.
Avec enthousiasme, elle se lance dans la description des images qu'elle voit à chaque visite de terrain. Elle est, dit-elle, « épatée par ces acteurs de la vie, ces scénaristes, qui transforment et enjolivent leur réalité, pour pouvoir mieux l'accepter finalement. Ils vivent dans leurs souvenirs et ils créent un réconfort, leur réconfort ».

Un métier, un mode de vie
Nour aime son métier passionnément. Elle le décrit comme une exploration personnelle, à travers laquelle elle se découvre pas à pas. « Mon métier devient mon mode de vie, ma façon de voir la vie. » Il lui apprend aussi à maîtriser ses émotions, contrairement au cinéma où la sensibilité prend le dessus. « Être présente, mais en même temps savoir se protéger », affirme-t-elle. Nour se découvre dans ce monde. Elle apprend à donner. « Je suis fière de moi quand je vois rire quelqu'un en face de moi, je me dis que j'y ai contribué, on devient fière de l'énergie que l'on utilise à bon escient. J'aurais le sentiment d'échouer si je ne contribue pas à leur apporter un tout petit peu quelques petits plaisirs, des sourires », confie-t-elle. Elle acquiert aussi avec son métier l'expérience du partage lorsqu'elle croise d'autres humanitaires sur le terrain.

Une vocation
Nour Tayeh a compris que sa vocation, c'est l'humanitaire. Elle n'a pas de modèle qui l'a inspirée. Mais une photo qui l'a bouleversée. Une photo qu'elle avait vue il y a longtemps dans un magazine, celle d'une femme en Afrique, avec un foulard jaune criard et un enfant dans les bras. Lorsqu'elle l'a revue par hasard plus tard, cela s'est présenté à elle comme une évidence : c'est dans ce monde qu'elle voudrait évoluer. « C'est cette expérience que je veux vivre. » Même si elle aime le cinéma, Nour compte rester dans le monde humanitaire. Le film de ses rêves ? Faire du cinéma « human rights ».
Il se dégage de ce petit bout de femme passionnée une énergie exceptionnelle et contagieuse. Combative, enthousiaste, elle est surtout confiante du bien qu'on peut faire autour de soi, car le monde en a besoin.
Introspection et quête de soi sont les maîtres mots de cette rencontre aussi agréable que surprenante avec Nour Tayeh, car pour elle qui travaille pour les autres, parler de soi est un exercice assez inattendu.

Zéna CHAMOUN

Au départ, rien ne prédestinait Nour Tayeh à l'audiovisuel. Encore moins à l'humanitaire. Elle se voulait pédiatre. Mais parfois les choses ne se passent pas comme on les imagine et Nour s'inscrit en école de cinéma et réalisation audiovisuelle à l'Académie libanaise des beaux-arts (Alba). « Je me suis rendu compte que ce n'est pas soigner que je voulais, mais illustrer les...

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