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Culture - Parcours

« Je doute aujourd’hui qu’Ali puisse revenir à la feuille à carreaux »

Du gribouillage sur un cahier d'école au pointillisme sur une grande toile, Ali Tlais, peintre autiste décoré par le ministre de la Culture, en est à sa sixième exposition.

Ali Tlais est un jeune peintre libanais qui a du talent, beaucoup de talent. Le ministre de la Culture Rony Araiji a pris l'initiative personnelle de lui remettre, il y a deux jours, une décoration officielle pour son travail de peintre. Jusque-là, rien de très étonnant. Sauf que l'artiste est autiste, et il est le premier à recevoir une telle distinction. Entouré de la Lebanese Autism Society et de sa professeure Rita Saab-Mourkazel, le jeune homme améliore ses techniques depuis maintenant cinq ans et multiplie les expositions.
« C'est lors d'un workshop de dessin et de peinture, organisé par le programme Alpha for Life, que j'ai découvert le potentiel d'Ali, j'ai vu son joli trait, très remarquable », explique sa professeure Rita Saab-Moukarzel. « J'ai décidé de me lancer dans une grande aventure : apprendre le dessin à Ali », poursuit-elle. Cette grande aventure n'aurait pas vu le jour sans le soutien de Alfa Télécom, dont le programme Alpha For Life finance différents workshops pour adultes, et sans la confiance de Arwa el-Amine Halawi, présidente de la Lebanese Autism Society, qui a dit oui au pari un peu fou proposé par Mme Moukarzel, « débarquer dans son école pour s'occuper de l'apprentissage artistique d'Ali ». Présidente du syndicat des professionnels du graphisme et de l'illustration au Liban, Rita Saab-Moukarzel avait l'habitude d'enseigner dans les universités, mais intervenait peu auprès d'élèves autistes. Elle dit avoir « travaillé avec Ali comme avec les autres ». C'est-à-dire avec persévérance et précision. « Au début, il dessinait sur un cahier d'école ! Il a fallu passer de la feuille à carreaux à la feuille blanche, puis de la feuille blanche à l'encre de Chine, de l'encre de Chine à la couleur, puis à la toile et à la grande toile. » Et de préciser : « Je doute aujourd'hui qu'Ali puisse revenir à un format de feuille à carreaux. »
Ali Tlais est désormais un artiste accompli et a développé sa propre technique, inspirée du pointillisme. Ses motifs de prédilection, imposés d'eux-mêmes au cours des années : les arbres, les fleurs et les visages. Sa palette de couleurs vives et chatoyantes s'est elle aussi enrichie.
L'artiste en est à sa sixième exposition individuelle et ses tableaux s'arrachent à des sommes que certains considèrent comme exorbitantes. Sa professeure se veut très claire : « Les clients n'achètent pas par charité, parce qu'Ali a un handicap. Les toiles qu'ils achètent, ils les veulent dans leurs salons. » Ali Tlais a du talent, mais aussi du cœur : la moitié de l'argent qu'il touche grâce à ses peintures, il le reverse à la Lebanese Autism Society, afin que d'autres jeunes autistes puissent eux aussi développer leurs talents, et trouver, par l'art, une manière de sortir de leur isolement.
Le nouveau défi qui attend l'artiste est tout proche, puisqu'il va participer au Beirut Art Fair en septembre. En peignant des œuvres en direct. Une belle occasion de venir à la rencontre d'un artiste qui a transcendé et sublimé son handicap.

Ali Tlais est un jeune peintre libanais qui a du talent, beaucoup de talent. Le ministre de la Culture Rony Araiji a pris l'initiative personnelle de lui remettre, il y a deux jours, une décoration officielle pour son travail de peintre. Jusque-là, rien de très étonnant. Sauf que l'artiste est autiste, et il est le premier à recevoir une telle distinction. Entouré de la Lebanese Autism...

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