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Diaspora

À Atlanta, Bassam Monzer réveille la mémoire des papilles

Chaque semaine, des centaines d'émigrés libanais se retrouvent pour déguster les fameux plats « faits maison » de Mediterranean Bakery & Sandwich.

Bassam Monzer (deuxième à partir de la gauche) avec quelques-uns de ses employés : son restaurant-épicerie est un véritable melting-pot.

Des sourires, une ambiance bon enfant, une équipe bien soudée. Ici, on vient au travail pour le plaisir de rencontrer l'autre, d'échanger en arabe.
Mediterranean Bakery & Sandwich est un melting-pot : on y rencontre des Libanais, des Syriens, des Jordaniens, des Mexicains... qui travaillent tous ensemble, le même sourire aux lèvres. Celui de la satisfaction d'avoir bien accompli sa mission.
Bassam Monzer est donc un patron heureux. Depuis treize ans maintenant, rares sont les émigrés, majoritairement libanais, qui ne le remercient pas pour sa cuisine. Des centaines de personnes fréquentent son établissement chaque semaine : des habitants d'Atlanta et ses alentours, mais aussi des passants qui ont entendu parler de la fameuse épicerie méditerranéenne.
La raison de ce succès, c'est que ce chef cuisiner et aussi boulanger a su redonner le goût authentique de la cuisine de son pays d'origine, le Liban, à des milliers de kilomètres de ce dernier. « Lorsque je me suis lancé dans ce métier, je me suis juré que le client devrait se sentir chez lui, dit-il. Je tenais absolument à proposer une cuisine authentique. »
C'était en 2002, et Atlanta ne comptait qu'un seul restaurant libanais. « J'étais dans la construction, il était temps pour moi de changer de métier, poursuit-il. J'ai commencé à préparer des plats et à inviter mes amis, l'un après l'autre, pour goûter à ma cuisine. »

Le goût du Liban
Aujourd'hui, une centaine de restaurants orientaux ont ouvert à Atlanta et ses environs, dont un peu moins de la moitié appartiennent à des Libanais. Ces derniers jouissent, pour la plupart, d'une bonne réputation et se trouvent souvent en tête de liste lorsqu'on effectue une recherche en ligne sur la meilleure cuisine orientale.
Bassam Monzer, lui, voulait sortir du lot : il a réussi son pari en proposant une cuisine pas du tout américanisée. En ces temps de mondialisation, beaucoup n'hésitent pas à proposer « du taboulé fast-food » ou du hommos qui ne ressemble en rien à celui du Liban. « Je n'ai pas cherché la facilité, raconte-t-il. Toute notre cuisine est faite maison. Cela nécessite plus d'efforts, certes, mais c'est tellement meilleur ! »
Au fil des ans, le petit resto dans lequel travaillaient seulement trois personnes s'est développé. Actuellement, le nombre d'employés a quadruplé. Il y a beaucoup à faire dans la boulangerie, où du pain frais est proposé tous les matins, ainsi que dans l'épicerie et dans le restaurant qui ne désemplit pas. Dans chacune de ces branches, le patron a tenu à répondre à la demande des clients. Alors, ici, on trouve de tout : le chocolat qu'on aime au Liban et qui est introuvable dans les supermarchés américains, du yaourt, le jus qui rappelle celui de l'enfance...
Et c'est justement ce que viennent chercher les émigrés libanais qui ont quitté leur pays il y a des années. « Chaque produit évoque une tonne de souvenirs, certains me renvoient directement vers mon village d'origine », raconte un habitué du restaurant. D'autres sont fiers que leurs enfants apprécient ce lieu. « Mon fils appelle certains aliments "Jeddo" (grand-père en arabe), raconte un client. Le zaatar (thym) lui rappelle le Liban. Alors je viens souvent ici pour qu'il n'oublie pas la famille. »
Ce ne sont pas seulement des migrants du Liban ou d'autres pays arabes qui fréquentent Mediterranean Bakery & Sandwich. Des Américains de toutes origines s'arrachent aussi les plats chauds proposés à des prix abordables par le restaurateur. S'ils ne connaissaient pas forcément ce type de cuisine, ils ont appris à l'aimer. « Elle est saine et les plats sont généreux », les entend-on dire. Ces réflexions positives, Bassam Monzer a l'habitude de les entendre. Ce ne sont cependant pas les compliments qui lui font le plus chaud au cœur. Il est particulièrement touché quand on lui dit que sa cuisine est une réelle découverte. Que son « taboulé » et ses « lahmé baajine » auraient pu être servis dans les meilleurs restaurants du Liban. Alors, l'ex-constructeur sourit. Son pari, il l'a bel et bien réussi.


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