Adel Karam se veut « Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld »

Choquant, amusant et délirant pour certains, burlesque, bouffon, voire un poil obscène pour d'autres, Adel Karam est un peu tout ça quand il veut faire rire. Et il ne compte apparemment rien y changer. L'acteur, qui s'est essayé pendant deux saisons à présenter le late night show Hayda Haké sur la MTV, a en tout cas fait beaucoup parler de lui et de son émission durant ces deux dernières années.
« Policier social », il place aujourd'hui la satire à un tout nouveau niveau, en s'essayant pour la première fois à l'animation en solo d'un spectacle – stand-up comedy – intitulé Hayda Adel. Un one-man-show qu'il présentera le 20 juillet au Biel, dans le cadre du festival Beirut Holidays, et qui s'inscrit, selon lui, dans la continuité de ce qu'il a présenté dans Hayda Haké et au sein de la troupe de l'émission comique Ma Fi Metlo, mais qui, dit-il, reste «très
différent ».

« Le 20 juillet, il ne s'agira pas de sketches, comme dans Ma Fi Metlo, et je serai loin de mon rôle de présentateur-télé et de mon rôle d'acteur, explique Adel Karam à L'Orient-Le Jour. Le spectacle se rapproche plutôt des courtes vannes que je fais en stand-up, quand la troupe de Ma Fi Metlo se produit au théâtre, ou encore des introductions que je présente en solo au début de chaque épisode de Hayda Haké. Peu de Libanais ont fait jusque-là ce genre de spectacles, plus répandus ailleurs dans le monde. Je pense particulièrement à la France avec Gad Elmaleh et Jamel Debbouze. Comme eux, je serai seul sur scène sans le moindre accessoire pour traiter de toutes sortes de sujets qui constitueront la ligne conductrice du spectacle. Moi j'observe et je critique à ma façon, un peu dans la lignée de ce que présentait Jerry Seinfeld. »

Le spectacle, écrit par Adel Karam et son indissociable réalisateur Nasser Fakih, est produit par son frère et producteur Tarek Karam, qui concocte cette idée depuis plus d'un an. « J'y travaille depuis assez longtemps car je dois retenir l'intégralité d'un show d'une heure et demie, mais il est très probable que j'improvise sur scène de nouveaux sujets. Je serai également accompagné du groupe musical de Hayda Haké. Les sujets relèveront du social principalement, mais nous parlerons politique et toutes autres sortes d'affaires liées à notre quotidien. »

Un show, une troupe et un film
En attendant, le comédien, qui va endosser son propre rôle dans ce show, continue à interpréter toutes les semaines de nombreux personnages devenus mythiques dans le cadre du Ma Fi Metlo Show : Abou Riyad, le vieux Beyrouthin rusé ; Alphonse, le fils à papa qui peine à apprendre quoi que ce soit ; ou encore Maître Adel, le serveur de restaurant qui assure le service à sa manière. La troupe sera également présente cette année pour le grand retour du Festival des Cèdres. « Tout comme nous avions pris la décision d'arrêter tous les sketches ayant rapport avec la politique à la télé, dans Ma Fi Metlo, nous avons décidé cette année de ne plus parler politique au théâtre non plus et de présenter uniquement les personnages avec lesquels les gens sont devenus familiers. Notre but est de les amuser mais aussi de faire passer des messages, et les messages en politique ne passent malheureusement pas », poursuit l'acteur devenu célèbre dans les années 90 grâce à l'émission SL CHI, et qui sera également à l'affiche du nouveau film de Layal Rajha, Chi Yom Rah Fell, dont il est le héros. Si la sortie du film est prévue pour le 24 septembre, Adel Karam refuse d'en dire plus, mais explique qu'il ne s'agira pas de comédie cette fois, tout comme ses rôles dans les films de Nadine Labaki : Et maintenant on va où et Caramel. Pour lui, « un acteur doit savoir tout faire ».

Tout faire ? Oui ! Et même répondre aux critiques. Entraîné il y a quelques semaines dans une polémique démesurée pour avoir tourné en dérision Abdallah Taleb, l'homme qui s'est présenté à 63 ans aux épreuves du brevet avant d'échouer, l'acteur voudrait en effet avoir un dernier mot dans cette affaire. « Toute cette histoire ne méritait pas cet énorme tapage, affirme-t-il, visiblement irrité par la campagne dont il a fait l'objet. Il faut savoir que cet homme s'est présenté au brevet pour qu'on parle de lui, étant donné qu'il savait qu'il allait échouer puisqu'il ne maîtrise aucune langue étrangère. Je n'ai rien fait de faux et si j'ai présenté des excuses, c'est bien parce quelques personnes qui se considèrent éduquées ont voulu me présenter comme un homme qui se moque de l'éducation. Je ne m'attarde pas sur l'avis de ces personnes-là. Elles ne se seraient pas exprimées si mon show n'avait pas de succès. Et pour info, j'ai contacté Abdallah Taleb pour lui présenter des excuses et pour lui proposer d'être mon invité dans Hayda Haké. Il a décliné mon invitation et refusé mes excuses. Tout compte fait, les Libanais doivent s'habituer à la critique, au comique, surtout que je ne fais jamais de critique gratuite. Et je continuerai à animer Hayda Haké jusqu'à mon dernier souffle, quoi que l'on dise, même si je dois me rendre à l'aide d'un walker en studio ! »

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