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Culture - Festival d’Avignon - Trois questions à... Aline Gemayel

Le théâtre monte en scène à Avignon

Anne-Christine Poujoulat/AFP

Il y a quelques jours s'est ouvert le Festival d'Avignon, rendez-vous annuel des professionnels et des amateurs de théâtre du monde entier. En 2010, notre collaboratrice Aline Gemayel a créé la plateforme Tamam (Théâtre des arts du monde arabe et de la Méditerranée) pour promouvoir les arts vivants ancrés dans les cultures arabes lors de ce festival.

Pourquoi avoir créé une plateforme théâtrale dédiée aux cultures arabes à Avignon? Ne vaudrait-il pas mieux intégrer ces productions à la programmation générale du festival ?
Le Festival d'Avignon, c'est en fait deux festivals : le Festival In qui invite des artistes reconnus du monde entier (mais essentiellement de France et d'Europe) et le Festival Off, qui est un marché de théâtre dans lequel les compagnies prennent en charge les coûts de leur présence à Avignon, dans l'espoir d'être vu par un large public, d'une part, mais également par des professionnels venus là pour faire « leur marché », découvrir et engager des artistes pour leurs programmations sur les deux années qui suivent.
Le Festival In a ses propres réseaux et choisit de programmer ou non des artistes arabes. La nouvelle équipe pilote, dirigée par Olivier Py depuis 2014, a par exemple invité cette année l'artiste égyptien Ahmad el-Attar. La présence de la plateforme Tamam pendant le Festival Off a une double importance. Elle permet, d'une part, au public de repérer facilement des pièces de théâtre qui viennent du monde arabe parmi les 1 400 pièces qui sont présentés durant la vingtaine de jours. Pour les professionnels, Tamam leur permet de découvrir les artistes qui viennent du monde arabe et qu'ils pourront ensuite programmer dans leurs théâtres pendant les deux années suivantes.

Vous parlez de rendre visibles les cultures arabes en France. En quoi les productions 2015 de Tamam (« Truth Box », « Ce que le dictateur n'a pas dit ») reflètent-elles les cultures arabes ?
Nous n'avons pas pour vocation de refléter la ou les cultures arabes, mais plutôt de donner la parole à des artistes dont la pratique est ancrée dans les cultures arabes. En l'occurrence, Meriam Bousselmi, l'auteure et metteure en scène de Truth Box, est tunisienne, vivant et travaillant en Tunisie. Elle a une pratique qui est donc ancrée dans sa culture. Nous montons également des partenariats de production (avec Tarmac en France, le Moussem en Belgique). Nous espérons ainsi être également au centre d'un réseau de coproductions qui permettent aux jeunes auteurs arabes de mettre en scène leurs textes.

Pour le festival 2015, ce sera la 5e édition de Tamam. Quel bilan pouvez-vous dressez de Tamam après cinq ans d'existence ?
Nous sommes persuadés que Tamam est un outil indispensable. Aujourd'hui encore plus qu'il y a 5 ans ! C'est indispensable pour promouvoir la tolérance, le respect et l'écoute entre les êtres humains, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances. Nous nous devons le respect les uns les autres, mais faut-il encore ne pas avoir peur les uns des autres ; mais faut-il encore nous connaître les uns les autres. Le théâtre est le moyen privilégié de cette connaissance d'autrui.
Nous sommes malheureusement dans des temps de peur et de haine, où l'intolérance est toujours plus forte. L'art vivant est le seul moyen d'inverser le cours de la violence.


Tamam In et Off

Tamam sera bien représenté à l'édition du Festival d'Avignon avec une participation au Festival In et au Festival Off, ainsi qu'une masterclasse d'immersion théâtrale, nouveauté de cette année 2015.
La plateforme coproduit, en off, deux installations théâtrales. La première, ThruthBox, coproduite avec le Tarmac (Paris), est l'œuvre de la Tunisienne Meriam Bousselmi : une installation de rue, dans laquelle les spectateurs sont invités à participer. La seconde, Ce que le dictateur n'a pas dit, de la même artiste, est une réflexion autour des discours de la manipulation, elle est coproduite avec le Moussem (Anvers).
Tamam sera également présent à une rencontre-débat, réalisée dans le cadre des ateliers de la pensée, organisés par le Festival In.

 

Pour mémoire
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Il y a quelques jours s'est ouvert le Festival d'Avignon, rendez-vous annuel des professionnels et des amateurs de théâtre du monde entier. En 2010, notre collaboratrice Aline Gemayel a créé la plateforme Tamam (Théâtre des arts du monde arabe et de la Méditerranée) pour promouvoir les arts vivants ancrés dans les cultures arabes lors de ce festival.
Pourquoi avoir créé une plateforme...

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