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Culture - Débat

Paul Rondin : Le théâtre est une parole partagée et unificatrice

« Le théâtre comme geste politique au-delà du discours ». Tel a été le thème abordé par Paul Rondin, directeur adjoint du Festival d'Avignon, invité à l'IF de Beyrouth par la compagnie Zoukak. Une rencontre modérée par le comédien Omar Abi Azar.

Paul Rondin : Le théâtre se porte très bien de nos jours. Photo Ibrahim Tawil

Le théâtre du Festival d'Avignon est un symbole. C'est à partir de la vision commune d'un poète, René Char, et d'un metteur en scène, Jean Vilar, soutenus par le maire d'Avignon puis par Jeanne Laurent, qui a inventé l'exception culturelle avant Malraux, qu'est né ce festival, matrice du théâtre populaire ayant une mission d'intérêt général.
Comment le théâtre y a évolué ? Quelle est sa vocation ? Les écueils auxquels il a fait face ?
Autant de questions qui sont parfois restées sans réponses dans cette causerie informelle à cause de l'intervention prématurée des journalistes présents, déviant le sujet de sa trajectoire essentielle. Il est juste que Rondin avait annoncé dès le début la couleur : « Ce n'est pas une conférence, avait-il dit, mais juste une discussion. » Mais après une heure et demie de débat, le public est resté sur sa faim avec l'impression que le directeur adjoint du Festival d'Avignon n'avait pas eu le temps d'élaborer sa pensée.

 

Acte politique ?
Cependant, Rondin a réussi à mettre l'accent sur cet aspect de vocation politique du théâtre, car qui dit « politique » évoque la « polis » ou la cité. « Le Festival d'Avignon, qui rassemble actuellement théâtre et autres spectacles vivants sous la direction d'Olivier Py, a fini par dépasser les frontières de la France, dit-il. Si à une époque il a été ringardisé et figé, aujourd'hui cette vieille chose moyenâgeuse, maintenue comme un patrimoine, reprend une place primordiale. Elle est bien vivante. Par ailleurs, le théâtre est même parvenu à défier l'isolationnisme qu'impose le numérique en gardant son aspect unificateur avec l'autre. »
« Depuis des années, ajoute Rondin, nous essayons de bâtir un partage de la parole. Cette attention à la parole passe nécessairement par une présence physique au théâtre. Avec Olivier Puy, nous nous sommes rendu compte qu'il y a une région du monde qui n'arrive pas à prendre la parole. Pourquoi certains pays devraient-ils vénérer la poésie et les poètes et d'autres non. Nous sommes donc allés non pas à la reconnaissance, mais à la connaissance de l'autre. » Et de poursuivre : « Le récit est ce qui fait le théâtre. Il est universel. Ce sont les formes qui différent. »
Quels sont les critères de la sélection d'un programme de festival sans pouvoir tomber dans l'exotisme ou dans l'orientalisme, sachant que, depuis l'an 2000, le Festival d'Avignon s'intéresse au monde arabe ? Rondin avoue modestement que même dans cet aspect de récolte des récits étrangers, il y a toujours une sorte de marchandage de talents mais, au-delà de cela, il y a l'écoute de l'autre pour apprendre.
« Nous n'allions pas à la recherche de formes dans lesquelles notre public va se reconnaître, mais de vrais risques pour reposer d'autres questions et rendre la parole à ceux qui l'ont perdue. L'intérêt que porte le Festival d'Avignon au monde arabe ne s'insère pas dans le cadre d'une mode périssable. » Et d'insister : « Nous avons besoin d'entendre, d'écouter les autres pour ne pas tomber dans le un régionalisme qui plaît un jour, mais qui sera vite digéré. »
Cette prise de risques n'est-elle donc pas un acte politique en soi ?

Le théâtre du Festival d'Avignon est un symbole. C'est à partir de la vision commune d'un poète, René Char, et d'un metteur en scène, Jean Vilar, soutenus par le maire d'Avignon puis par Jeanne Laurent, qui a inventé l'exception culturelle avant Malraux, qu'est né ce festival, matrice du théâtre populaire ayant une mission d'intérêt général.Comment le théâtre y a évolué ? Quelle...

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