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À La Une - polémique

La France rejette une demande d'asile de Julian Assange

La France a rejeté vendredi une demande d'asile du fondateur de Wikileaks, l'Australien Julian Assange, reclus depuis trois ans à l'ambassade d’Équateur à Londres, une semaine après la révélation via son site internet d'un espionnage américain de présidents français.

"Compte tenu des éléments juridiques et de la situation matérielle de M. Assange, la France ne peut pas donner suite à sa demande" d'asile, a indiqué l’Élysée dans un communiqué. "La situation de M. Assange ne présente pas de danger immédiat", a aussi fait valoir la présidence, en soulignant que le fondateur de Wikileaks "fait en outre l'objet d'un mandat d'arrêt européen".

Julian Assange a exprimé le souhait d'obtenir l'asile en France dans une lettre adressée jeudi au président François Hollande et publiée vendredi dans le quotidien français Le Monde. "Seule la France se trouve aujourd'hui en mesure de m'offrir la protection nécessaire contre, et exclusivement contre, les persécutions politiques dont je fais aujourd'hui l'objet", écrit-il dans cette missive où il se décrit comme "un journaliste poursuivi et menacé de mort par les autorités" américaines "du fait de ses activités professionnelles". "Je n'ai jamais été formellement accusé d'un délit ou d'un crime de droit commun, nulle part dans le monde, y compris en Suède et au Royaume-Uni", fait-il valoir.

Le fondateur de Wikileaks, 44 ans depuis ce vendredi, vit reclus depuis trois ans dans l'ambassade d’Équateur en Grande-Bretagne pour échapper à une demande d'extradition vers la Suède, où deux femmes l'accusent d'agression sexuelle et viol, ce qu'il a toujours démenti. Sa demande d'asile intervient après la révélation la semaine dernière de la mise sur écoute de présidents français pendant plusieurs années par l'agence du renseignement américain NSA.
Cet espionnage en règle a visé, au moins de 2006 à 2012, le socialiste François Hollande et ses deux prédécesseurs de droite, Nicolas Sarkozy (2007-2012) et Jacques Chirac (1995-2007), d'après des documents de Wikileaks publiés par le quotidien Libération et le site d'information Mediapart.

 

(Lire aussi : Hollande juge "inadmissible" l'espionnage américain, Obama joue l'apaisement)

 

"Geste humanitaire"
"L'ampleur du scandale et les réactions qui ont suivi nos dernières révélations ont confirmé le bien-fondé de notre démarche (...) Ces révélations ont été faites au péril de notre vie", argumente Julian Assange. "En m'accueillant, la France accomplirait un geste humanitaire mais aussi probablement symbolique, envoyant un encouragement à tous les journalistes et lanceurs d'alerte qui, de par le monde, risquent leur vie au quotidien pour permettre à leurs concitoyens de faire un pas de plus pour la vérité", estime-t-il.

L'idée d'accorder l'asile au fondateur de Wikileaks a été relancée en France par cette affaire des écoutes "présidentielles". Elle est défendue en ce moment par une pétition d'une trentaine de personnalités aussi diverses que l'économiste Thomas Piketty, le cinéaste Jacques Audiard, les acteurs Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz ou encore l'ex-footballeur Eric Cantona.
Électron libre du gouvernement socialiste, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a elle-même affirmé le 26 juin qu'elle "ne serait pas choquée" d'un tel accueil, exclu un jour auparavant par le Premier ministre Manuel Valls pour qui cette question "ne se posait pas". Julian Assange fait d'ailleurs explicitement référence dans sa requête à Mme Taubira : "Elle a ouvert une voie qui, je l'espère, ne se refermera pas".

A l'appui de sa requête, Julian Assange revendique ses "liens" personnels avec la France. "De 2007 jusqu'à la perte de ma liberté en 2010, j'y ai résidé (...) Mon plus jeune enfant et sa mère sont Français. Je n'ai pas pu les voir depuis maintenant cinq ans", écrit-il. Le fondateur de Wikileaks s'épanche aussi sur sa réclusion forcée au sein de l'ambassade équatorienne à Londres avec "cinq mètres carrés et demi pour ses usages privatifs", privé d'"accès à l'air libre", "de toute possibilité de se rendre à un hôpital" ou de "faire de l'exercice". "Ma vie est aujourd'hui en danger, M. le Président, et mon intégrité, physique comme psychologique, est, chaque jour qui passe, un peu plus menacée", plaide-t-il dans sa lettre.

 

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