Le département d'État américain a publié hier son rapport annuel sur les droits de l'homme dont le chapitre Liban reprend les violations relevées en cours d'année.
Le document met notamment l'accent sur les abus et les pratiques de torture par les forces de l'ordre dans les centres de détention et les prisons, et dénonce les conditions qui prévalent dans les milieux carcéraux. Le texte, qui fait 43 pages, passe en revue la situation générale dans le pays, et l'aggravation de la sécurité et de la polarisation politique avec la présence des réfugiés syriens entre autres. Il relève l'anomalie créée par le statut et l'action du Hezbollah, qualifié de « groupe terroriste », des milices armées palestiniennes et « autres éléments extrémistes » qui continuent d' « opérer en dehors du contrôle du gouvernement et des institutions ».
« Le Hezbollah a préservé une importante influence sur diverses régions du pays et le gouvernement n'a pas fait de progrès en direction du désarmement des milices », relève le texte.
Depuis 2013, et suite au flux des réfugiés, le Liban est le théâtre d'une violence accrue et d'un débordement de la crise syrienne sur le territoire libanais, constate le département d'État qui cite les batailles qui se sont succédé, notamment les affrontements de Ersal en août 2014 et le rapt des militaires par les groupes jihadistes, et les heurts à Tripoli.
Parmi les principaux abus notés, les arrestations et détentions arbitraires, les arrestations prolongées avant le début des procès, la longueur de la procédure judiciaire, mais aussi les pressions exercées sur la justice et la violation des droits privés des citoyens. Le texte note que la loi au Liban n'interdit pas spécifiquement toutes les formes de torture ou les traitements inhumains dégradants, et fait état de rapports dévoilant de telles pratiques.
Restrictions et abus
« Le code pénal interdit l'usage de la violence pour obtenir des confessions ou des informations à propos d'un crime, mais la justice enquête rarement sur des actes présumés de ce type, souligne le rapport. Selon les associations des droits de l'homme locales et internationales, les forces de l'ordre ont infligé de mauvais traitements aux détenus et ont recouru à des pratiques de torture pour obtenir des aveux ou encourager des suspects à la délation pour dénoncer des personnes tierces. »
Toujours selon le rapport, des ONG ont fait état de pratiques de torture qui ont lieu dans certains bureaux de police, au ministère de la Défense, dans les lieux de détention et au sein du service de renseignements des Forces de sécurité intérieure.
Le texte indique que le gouvernement a continué à nier l'existence de telles pratiques qui ont lieu « en dépit de lois interdisant aux juges d'admettre des confessions extirpées sous la violence ». Le rapport dénonce enfin l'œuvre de « certaines figures influentes qui interviennent auprès de la justice pour protéger des sympathisants et faire en sorte de suspendre les poursuites contre eux ».
Il note au passage les restrictions couplées d'abus tels que les limitations de déplacement imposées aux réfugiés syriens et palestiniens.
Dans un long sous-chapitre, le rapport dénonce également la corruption, notamment au sein de la classe politique, et le manque de transparence, et la violence répandue contre les femmes, et fait état de rapports de harcèlement contre des activistes politiques syriens.