Rechercher
Rechercher

Liban - Sondage

L’USJ a-t-elle eu raison de suspendre les élections ? Le campus d’Huvelin donne ses réponses

Une étude a récemment été réalisée par les étudiants en deuxième année de sciences politiques pour faire le point sur une décision qui n'a pas fini de faire couler de l'encre.

Dimanche dernier, les étudiants des Forces libanaises et du Courant patriotique libre se retrouvaient à Harissa pour une réunion de franche explication. Parmi les recommandations émises au terme de la rencontre, la nécessité, selon les deux partis, d'instaurer des élections estudiantines dans les universités où ce scrutin démocratique n'a jamais existé, et de rétablir le processus électoral là où il a été suspendu. Pour les jeunes des FL et du CPL, de telles mesures pourraient en effet coûter cher aux générations futures, au risque même de ne plus former des cadres capables de devenir les leaders de demain.

Parmi les faits notables qui ont marqué le repli de la vie politique au sein des universités, et par-là même une quasi-mort du mouvement estudiantin qui avait autrefois joué un rôle-clé dans l'évolution politique du pays du Cèdre, l'annulation des élections estudiantines à l'Université Saint-Joseph au début de l'année académique 2014-2015. Une mesure qui avait suscité une vague de réactions outrées de la part de parties soucieuses de se « réapproprier la démocratie », et une série de plaintes, de critiques et de pétitions, même si de nombreux étudiants ont accueilli avec soulagement la décision surprise de l'administration de l'USJ.

Face aux médias qui avaient surtout mis en garde contre les répercussions, jugées graves, de ne pas laisser les jeunes s'exprimer à travers la démocratie, les étudiants de 2e année de sciences politiques de l'USJ ont réalisé un sondage auprès des étudiants du campus des sciences sociales de la rue Huvelin, haut lieu de résistance contre l'hydre sécuritaire dans les années 2000 et où la décision de suspension des élections avait eu le plus d'impact. Question de faire le point, au terme de cette année académique, sur l'accueil par les étudiants de cette décision qui, à en croire l'université, ne devrait pas se répéter l'an prochain, ainsi que l'effet qu'elle a eu sur la vie étudiante.
Choisissant un échantillon aléatoire de 272 étudiants du campus des sciences sociales, les réalisateurs de l'étude ont affirmé que 156 étudiants sur 272 – plus de la moitié – ont accueilli la décision de suspension des élections avec espoir ou indifférence, contre 116 étudiants qui ont confié avoir été frustrés par la décision, voire sceptiques.

(Pour mémoire : Le retour d’un étudiant hezbollahi à Huvelin rallume la mèche entre les étudiants du Hezb et du 14 Mars)

 

« Soulager les indépendants »
S'intéressant aux affiliations partisanes des étudiants sélectionnés, l'étude révèle que 33 % sont indépendants, 35 % modérément engagés en faveur du 14 ou du 8 Mars et 33 % sont engagés politiquement. L'étude révèle ainsi qu'environ la moitié des étudiants ont été soumis à des pressions au moment des élections. Ces pressions ont touché les indépendants bien plus que les étudiants affiliés à des partis politiques : 64 % des indépendants confient avoir été soumis à des pressions, contre 27 % des étudiants engagés auprès du 8 Mars et 35 % des étudiants du 14 Mars.
À la lumière de ces chiffres, il semblerait ainsi que l'USJ, en suspendant les élections, a soulagé les indépendants des pressions qu'ils subissaient dans la période précédant le processus électoral. Cela se traduit en tout cas de manière flagrante à travers les statistiques recueillies : les indépendants constituent la moitié de ceux qui ont accueilli la décision avec espoir ou indifférence. Ils ne représentent que 13 % de ceux qui se sont sentis frustrés.
Sur un autre plan, les réalisateurs de l'étude ont voulu interroger les étudiants du campus d'Huvelin sur les activités lancées par l'USJ dans le cadre de la campagne pour la citoyenneté prévue pour l'année 2014-2015, pour « compenser » l'absence des élections estudiantines. Comme prévu, ces activités ont été saluées par les indépendants beaucoup plus que les étudiants engagés. 22 % des indépendants ont indiqué qu'elles n'ont servi à rien contre 35 % des étudiants du 14 Mars et 40 % des étudiants du 8 Mars. La majorité estime toutefois que l'administration n'a pas vraiment atteint son objectif de promouvoir la citoyenneté et les réactions sur l'amélioration de la vie étudiante par rapport à l'année précédente sont très mitigées.


(Pour mémoire : Les étudiants résistent à la suspension des élections à l'USJ)

 

Des partis actifs
L'USJ a-t-elle bien fait de suspendre les élections ? La question reste entière. Car si l'étude essaie de dire que les indépendants et beaucoup d'autres ont été soulagés par cette décision face au « système oppressant plus qu'épanouissant utilisé par les partis », et que la plupart des votes ne se font pas en fonction des programmes électoraux proposés, elle affirme que 50 % des étudiants sont d'accord sur le fait que les partis politiques devraient jouer un rôle d'initiation aux pratiques démocratiques et indique que l'USJ n'a pas réussi son pari aux yeux de tous. Par ailleurs, l'étude révèle que les partis sont vraiment actifs au sein des campus. Elle indique en effet que le taux d'indépendants est plus élevé en première année, et que leur nombre diminue au fil des ans, avec l'âge et l'avancement académique.

Morale de l'histoire, selon l'étude : l'influence des partis politiques augmente avec le temps, notamment grâce au fait que les partis politiques agissent tout au long de l'année et restent accessibles, alors que les candidats indépendants ne le sont pas toujours une fois les élections achevées.
Oui : il existe un malaise dans notre démocratie. Les universités ne sont qu'un microcosme du pays où ce malaise est, aujourd'hui, on ne peut plus palpable. Mais entre la prorogation parlementaire et le boycott de la présidentielle, la suspension des élections estudiantines vient s'ajouter à la crise démocratique avec un arrière-goût de fatalisme qui ne présage rien de bon, et qui nécessitera un travail de réforme dans de nombreuses institutions académiques dès septembre prochain.
Pour mémoire, les élections estudiantines ont été suspendues cette année à l'USJ et à la NDU. Elles n'ont malheureusement jamais existé, du moins depuis longtemps, à l'Usek, à l'Université La Sagesse et à l'Université libanaise. Et encore moins à l'Alba.

 

Pour mémoire
Quand le destin d'un pays se jouait rue Huvelin...

Rue Huvelin, la suspension des élections fédère les étudiants...

Activités de « réappropriation de la démocratie » : vers un retour aux élections à l'USJ

Dimanche dernier, les étudiants des Forces libanaises et du Courant patriotique libre se retrouvaient à Harissa pour une réunion de franche explication. Parmi les recommandations émises au terme de la rencontre, la nécessité, selon les deux partis, d'instaurer des élections estudiantines dans les universités où ce scrutin démocratique n'a jamais existé, et de rétablir le processus...

commentaires (1)

La politique ne doit pas pénétrer dans les écoles et universités dans un pays à l'équilibre instable comme l'est le Liban. Ces institutions doivent servir aux études et à la préparation de la jeunesse à assurer leur avenir et l'avenir de la Patrie. Les querelles politiciennes doivent rester à l'extérieur des enceintes des institutions éducatives.

Un Libanais

23 h 59, le 27 juin 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • La politique ne doit pas pénétrer dans les écoles et universités dans un pays à l'équilibre instable comme l'est le Liban. Ces institutions doivent servir aux études et à la préparation de la jeunesse à assurer leur avenir et l'avenir de la Patrie. Les querelles politiciennes doivent rester à l'extérieur des enceintes des institutions éducatives.

    Un Libanais

    23 h 59, le 27 juin 2015

Retour en haut