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Moyen Orient et Monde - Turquie

Un livre-bombe remet Abdullah Gül sur le devant de la scène politique

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et l’ancien président Abdullah Gül. Archives AFP

Leurs divergences étaient notoires, les voilà sur la place publique. Un livre publié en Turquie a dévoilé par le menu les rivalités entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son prédécesseur Abdullah Gül, relançant les spéculations sur un retour politique de l'ex-chef de l'État.
Écrit par un de ses proches conseillers, Ahmet Sever, Douze ans avec Abdullah Gül expose pour la première fois les désaccords qui ont opposé en coulisses les deux fondateurs du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002. En plus de ses révélations, le calendrier de sa publication a achevé de faire de l'ouvrage une petite bombe politique. Quelques jours avant sa sortie, l'AKP a perdu lors des élections législatives du 7 juin la majorité absolue qu'il détenait depuis 13 ans au Parlement. Cet échec a sonné comme un revers personnel pour M. Erdogan, qui s'est investi dans la campagne de son parti pour qu'il remporte la victoire écrasante nécessaire à l'instauration d'un système présidentiel fort. Depuis ce scrutin, le nom d'Abdullah Gül a refait surface dans la presse et dans les esprits comme celui d'un successeur potentiel du Premier ministre sortant Ahmet Davutoglu.
Ahmet Sever affirme dans son livre que c'est l'actuel chef de l'État qui a bloqué son retour au premier plan. « Tayyip s'y opposerait », a confié M. Gül cité par l'auteur. « Cela causerait un conflit entre nous. Ça ne serait pas bon pour le pays non plus, a-t-il ajouté, deux acrobates ne peuvent marcher sur la même corde. » Entre autres anecdotes, M. Sever détaille les divergences politiques entre les deux hommes lors des émeutes de juin 2013 ou lors du scandale de corruption de la fin de la même année.

Une « grenade » sur le parti
La diplomatie conduite par l'actuel chef de l'État, son soutien au régime de l'ex-président Mohammad Morsi en Égypte ou sa volonté de faire tomber à tout prix le président syrien Bachar el-Assad, ont également nourri de vives tensions. Plus anecdotique mais révélateur de ce climat, Ahmet Sever confirme que, lors de la passation des pouvoirs à la présidence en 2014, l'épouse de M. Gül, Hayrunnisa, a averti qu'elle lancerait une « intifada » contre tous ceux qui saliraient son époux. Si les commentateurs se sont délectés de ce déballage, la garde rapprochée de M. Erdogan l'a modérément apprécié. « Je ne l'ai pas lu, je ne crois pas que ce soit très important », a déclaré avec dédain le député et gendre de M. Erdogan, Berat Albayrak. « C'est une grenade lancée dans les rangs du parti », a jugé, outré, un autre élu de l'AKP, Samil Tayyar.
M. Sever a assuré que son livre n'était qu'un témoignage et qu'il avait repoussé sa publication après les élections à la demande d'Abdullah Gül. Celui-ci a démenti avoir piloté son écriture et invité tout le monde à éviter tout « calcul » autour de son contenu. En dépit de ces précisions, nombre de commentateurs ont vu dans ce livre un nouveau signe des ambitions de M. Gül et l'émergence d'une alternative à M. Erdogan au sein de l'AKP. « L'entrée en scène de Gül est importante en termes de normalisation et de démocratisation de la vie politique turque », a souligné l'éditorialiste Hasan Cemal sur le site d'information en ligne T24. Mais d'autres en sont moins sûrs, qui soulignent l'extrême prudence de M. Gül, surnommé le « notaire », et son refus de s'opposer frontalement aux initiatives de M. Erdogan.

Fulya OZERKAN/AFP

Leurs divergences étaient notoires, les voilà sur la place publique. Un livre publié en Turquie a dévoilé par le menu les rivalités entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son prédécesseur Abdullah Gül, relançant les spéculations sur un retour politique de l'ex-chef de l'État.Écrit par un de ses proches conseillers, Ahmet Sever, Douze ans avec Abdullah Gül expose pour la...

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