Depuis vendredi, le site lanceur d'alerte, Wikileaks, publie dans le cadre d'un projet nommé Saudi Cables (dépêches saoudiennes) près de 60.000 câbles et mémos présentés comme des communications confidentielles de la diplomatie saoudienne.
Le site affirme que ces documents divulgués comportent des communications d'ambassades, des échanges de courriers électroniques entre diplomates et des notes préparées par d'autres organismes de l'Etat saoudien. Ils contiennent des discussions sur la position de l'Arabie dans les questions régionales ou sur les moyens d'influencer les médias.
Outre les fuites concernant la région, ces câbles saoudiens continuent d'apporter leur lot de révélations sur la scène politique libanaise.
Ainsi, dans un câble diplomatique signé par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud el-Fayçal, on apprend qu'Elie Aou Assi, délégué par le chef des Forces Libanaises (FL) Samir Geagea, a sollicité auprès de l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban une aide financière du royaume, en arguant du fait que les FL avaient des difficultés financières. M. Abou Assi ajoute en outre que Samir Geagea est prêt à se rendre en Arabie pour discuter de cette question. Dans un autre câble, il est indiqué que les autorités saoudiennes étaient prêtes à débourser plusieurs millions de dollars pour aider la chaîne locale MTV dans le cadre du soutien "aux médias faisant la promotion de la politique de l'Arabie".
Les câbles diplomatiques saoudiens mentionnent aussi le Hezbollah. Dans un câble, l'ambassade d'Arabie à Beyrouth évoque des informations obtenues par l'intermédiaire d'une "source proche du Hezbollah ayant des relations directes avec l'Iran" qui établissent que le député du mouvement Amal Ali Bazzi aurait été retourné par les services de renseignements américains pour obtenir des informations sur le parti de Dieu. Le Hezbollah a démenti samedi ces allégations dans un communiqué.
Dans un autre câble diplomatique, on peut lire que l'ancien chef des SR syriens, Rustom Ghazalé, a transmis un mystérieux message à l'intention de l'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri : "Ce qui était valable pour le père est aujourd'hui valable pour le fils". Le câble en question n'est pas daté.
Sur un autre câble, il est dit que des membres d'el-Qaëda en Iran et le Front-al Nosra ont conclu des arrangements sur le Liban. On apprend en outre que l'actuel ministre des Télécommunications Boutros Harb a demandé l'aide de l'Arabie saoudite pour "créer un rassemblement politique indépendant après les élections parlementaires en 2013 et que le chef du Parti national libéral (PNL) de Dory Chamoun a également sollicité l'aide de l'Arabie pour soutenir son parti".
"Faux documents"
"Saudi Cables a mis en lumière une dictature qui devient de plus en plus imprévisible. Cette année, elle n'a pas seulement célébré sa centième décapitation, elle est aussi devenue une menace pour ses voisins ainsi que pour elle-même", avait déclaré vendredi, Julian Assange, cofondateur du site Wikileaks, dans un communiqué de presse.
Les autorités saoudiennes ont de leur côté mis en garde samedi contre la diffusion de "documents qui pourraient être des faux". L'avertissement, diffusé par le ministère des Affaires étrangères sur son fil Twitter, ne conteste pas directement l'authenticité des documents mis en ligne par WikiLeaks, qu'il n'est pas possible de vérifier de source indépendante.
WikiLeaks, dont l'initiative est ignorée par les médias saoudiens publics et privés, indique qu'il détient au total un demi-million de notes confidentielles et annonce qu'elles seront mises en ligne. Le site ne précise pas comment il s'est procuré ces documents mais dans un communiqué de presse, il fait mention d'une déclaration saoudienne remontant au mois de mai relative à un piratage informatique dans le royaume qu'avait revendiqué par la suite un groupe du nom de Yemeni Cyber Army.
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commentaires (5)
le problème, avec touts ces informations de wikileaks, c'est qu'elles sont quasiment invérifiables. Par ailleurs, il n'est pas plus infâmant pour un parti libanais de solliciter une aide financière de l'Arabie Saoudite que de recevoir agent, armes et ordres de l'Iran.
Yves Prevost
17 h 58, le 22 juin 2015