Des informations puisées de bonne source indiquent que le ministre français de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, effectuera dans les prochains jours une visite en Arabie saoudite. Cette visite, si elle se confirme, interviendra à l'ombre de rumeurs faisant état d'une suspension du financement par l'Arabie saoudite des livraisons d'équipements français à l'armée libanaise.
À cet sujet, on apprend que l'information faisant état d'un gel des livraisons d'armes a été fournie à Paris par une source militaire qui aurait dans le même temps minimisé l'importance de cette suspension de l'aide car cette mesure ne durerait que 45 jours dans le calendrier qui s'étale sur quatre ans et demi (et non de quatre mois et demi, comme indiqué par erreur dans notre correspondance d'hier).
Par ailleurs, des sources diplomatiques arabes à Paris ont accordé hier un certain crédit à cette possible interruption des livraisons françaises au Liban, affirmant toutefois qu'il ne s'agit nullement de remettre en question le contrat des trois milliards de dollars (le Donas). Dans les faits, la nouvelle équipe au pouvoir à Riyad voudrait examiner le dossier et obtenir plus de détails sur le contrat en question. Ces informations viennent corroborer des « indiscrétions » émanant de milieux libanais proches de l'Arabie saoudite, faisant état d'un simple examen de l'accord franco-saoudo-libanais par les nouveaux dirigeants saoudiens.
Ce sujet sera probablement évoqué lors de la visite à Paris de l'émir Mohammad ben Salmane, vice-prince héritier du royaume wahhabite, qui présidera mercredi prochain la délégation de son pays à la réunion de la commission conjointe franco-saoudienne qui se tiendra au Quai d'Orsay.
Le « no comment » du Quai d'Orsay
Par ailleurs, comme nous l'avions prévu dans notre édition d'hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du Développement économique, M. Romain Nadal, n'a pas voulu réagir sur cette question puisqu'au cours de son point de presse de ce vendredi, il nous a demandé de nous en référer au ministère de la Défense.
Par contre, et sur un autre sujet, M. Nadal a réagi à des déclarations faites par M. Bruno Le Maire avant son récent séjour à Beyrouth (dans une interview accordée à L'OLJ) suggérant que les dirigeants français proclament leur solidarité avec les chrétiens d'Orient et que la France prenne la double initiative de faire voter au Conseil de sécurité une résolution autorisant le recours à la force pour combattre Daech, al-Nosra et les autres organisations similaires, et d'organiser à Paris une conférence internationale pour trouver une solution politique à la guerre en Syrie qui menace sérieusement le Liban.
Le porte-parole a déclaré notamment à ce propos : « Nous n'avons pas attendu M. Le Maire pour agir. » Il a rappelé les initiatives déjà prises par la France pour régler la crise syrienne et venir en aide au Liban et le protéger.
M. Nadal a ajouté qu'une réunion du Conseil de sécurité s'est tenue à la demande de Paris pour combattre Daech alors qu'il déstabilisait l'Irak, et que le président François Hollande ainsi que le ministre Laurent Fabius se sont rendus à cet effet à Erbil. Il a indiqué en outre que M. Fabius avait présidé une réunion au Conseil de sécurité consacrée aux victimes des violences ethniques et que les volets politique et humanitaire des événements dans la région sont des sujets qui tiennent à cœur à la diplomatie française.