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Europe à deux vitesses

Sous la double pression d'une économie à relever et d'une Ligue du Nord devenue le premier parti de la droite italienne lors des régionales et municipales du mois dernier, Matteo Renzi en a marre. Marre d'une Europe qui n'en finit plus de tergiverser sur le dossier des migrants.

Lourd dossier puisque plus de 57 000 migrants et demandeurs d'asile ont été secourus en mer et accueillis par l'Italie depuis janvier. L'agence de l'Onu pour les réfugiés évoque, elle, une hausse de 12 %, sur les cinq premiers mois de l'année, du nombre de migrants arrivés en Italie par la mer.

Face à cet afflux, et alors que l'Onu, par la voix de son haut-commissaire aux Droits de l'homme, estimait hier que l'UE est en mesure d'accueillir « un million » de réfugiés sur quelques années, la Commission européenne a proposé, le 27 mai dernier, de répartir entre les différents États de l'UE 40 000 demandeurs d'asile actuellement en Italie (24 000) et en Grèce (16 000), ainsi que 20 000 réfugiés. Depuis fin mai, les États membres se déchirent sur le sujet.

En théorie, la répartition devrait se faire sur la base d'un calcul prenant en compte le nombre d'habitants et le PIB du pays d'accueil, ainsi que le nombre de demandes d'asile reçues. L'Allemagne serait dès lors, avec 12 000 personnes, le pays à recevoir le plus de demandeurs d'asile et de réfugiés. La France, elle, devant en accueillir 9 100. Mais si l'on rapporte les chiffres à la seule population des pays, ce sont le Luxembourg et Malte, petits pays s'il en est, qui accueilleraient proportionnellement le plus de demandeurs d'asile et de réfugiés : un peu plus de 9 migrants pour 10 000 habitants.

Un ratio sans commune mesure avec ceux qui prévalent au Liban, en Turquie ou encore en Jordanie, pays refuge de millions de Syriens fuyant la guerre. Pays, eux, véritablement débordés par des « fardeaux énormes », comme le soulignait hier encore Amnesty International dans un rapport présenté à Beyrouth.

En attendant une éventuelle entente sur une répartition de quelques dizaines de milliers de migrants, certains pays de l'UE revoient leur Schengen, ce pilier de l'intégration du continent qui vient de fêter ses trente ans : ces derniers jours, plusieurs dizaines de migrants venant d'Italie ont été refoulés aux frontières de la France et de l'Autriche.

Face à ce que Renzi qualifie de provocation européenne, le Premier ministre menace : « Si l'Europe choisit la solidarité, c'est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un » plan B « tout prêt. Mais qui frapperait surtout l'Europe en premier. »

Par un de ces hasards de l'actualité, le rappel de ce que peut faire et être l'Europe quand elle rassemble ses forces nous est venu de l'espace, samedi à 20h28 GMT, sous la forme de deux minutes de signaux et 40 secondes de données envoyées par le robot Philae.

Philae, c'est ce petit robot largué par la sonde Rosetta le 12 novembre dernier sur la comète Tchouri après un voyage de 10 ans. Une première historique. Après un atterrissage quelque peu rugueux et une soixantaine d'heures de travail, Philae, à plat, dormait depuis le 15 novembre. Philae et Rosetta sont le produit d'une mission de l'Agence spatiale européenne, une entité intergouvernementale coordonnant les projets spatiaux menés en commun par une vingtaine de pays européens. Ont participé à cette aventure historique des entreprises et scientifiques allemands, français, italiens, hongrois, autrichiens, irlandais, finlandais...

Que disent l'enlisement sur le dossier des migrants et le succès de Philae ? Que l'Europe, quand elle mutualise ses forces, peut bâtir du rêve. Qu'il est plus facile, et politiquement rentable, de bâtir ce rêve que de se montrer solidaire de la misère qui vient frapper aux frontières de l'UE, voire dans ses frontières. Que cette UE devrait peut-être, probablement, travailler à revoir, ou du moins améliorer, sa gouvernance.

Émilie SUEUR

Sous la double pression d'une économie à relever et d'une Ligue du Nord devenue le premier parti de la droite italienne lors des régionales et municipales du mois dernier, Matteo Renzi en a marre. Marre d'une Europe qui n'en finit plus de tergiverser sur le dossier des migrants.
Lourd dossier puisque plus de 57 000 migrants et demandeurs d'asile ont été secourus en mer et accueillis par...

commentaires (4)

... so moque du monde quoi !!

Bery tus

00 h 04, le 17 juin 2015

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • ... so moque du monde quoi !!

    Bery tus

    00 h 04, le 17 juin 2015

  • L'UNE POUSSE EN AVANT... L'AUTRE TIRE EN ARRIÈRE... ET LA BARQUE EST EMPORTÉE PAR LE COURANT !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 15, le 16 juin 2015

  • L'Union européenne a ordonné que la France devrait accueillir 9.100 migrants. Le France compte 65 millions d'habitants. Le Liban avec ses 4 millions d'habitants seulement devrait-il accueillir un million cinq cent mille réfugiés syriens ? Faites la comparaison.

    Un Libanais

    12 h 12, le 16 juin 2015

  • L'Union européenne a ordonné que la France devrait accueillir 9.100 migrants. Le France compte 65 millions d'habitants. Le Liban avec ses 4 millions d'habitants seulement devrait-il accueillir un million cinq cent mille réfugiés syriens ? Faites la comparaison.

    Un Libanais

    12 h 08, le 16 juin 2015

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