Pour le ministère des Transports, il est vital de laisser ouvert l’accès à la plage de Ramlet el-Baïda. Photo Suzanne Baaklini
Le dossier de la fermeture de l'accès à la plage publique de Ramlet el-Baïda, à Beyrouth, a connu hier un important développement. Le ministère des Travaux publics et des Transports a affirmé qu'il ne « permettrait pas la fermeture de l'accès aux terrains menant à la plage publique, étant donné que celle-ci est le seul exutoire marin des baigneurs qui soit entièrement gratuit à Beyrouth ». Dans son communiqué, le ministère affirme avoir demandé au ministère de l'Intérieur de ne pas exécuter un quelconque ordre de fermeture de la plage.
En avril dernier, une décision de justice avait été prise par la juge des référés à Beyrouth, Zelpha Hassan, stipulant que l'accès à la plage publique, qui passe par des terrains privés, devra être fermé au public, sur une demande du propriétaire. La décision comprenait également le déplacement des installations de la direction de la plage publique (assurée depuis des années par une ONG, Cedars for Care), vers les biens-fonds maritimes publics. L'affaire avait provoqué un tollé dans les médias et l'opinion publique. La décision de justice était particulièrement dirigée contre le ministère des Transports, qui est le ministère de tutelle de la direction de la plage publique : celui-ci n'a pas fait appel et le délai de la mise en application de la décision expirait hier.
Sur la plage de Ramlet el-Baïda, les terrains considérés comme privés occupent la moitié de la largeur du sable. Les terrains privés avaient été achetés par des sociétés appartenant à l'ancien Premier ministre Rafic Hariri dans les années 90, celui-ci ayant finalement décidé d'en faire une plage publique. Selon des informations, les héritiers de Rafic Hariri ont vendu les terrains – si ce n'est les parts des sociétés – à un nouveau propriétaire, Wissam Achour, qui est à l'origine de cette décision judiciaire. La municipalité de Beyrouth, propriétaire d'un terrain sur la plage, a plus d'une fois annoncé sa volonté d'exproprier les terrains privés. Des militants de la société civile, à l'instar de Raja Noujaim, de l'Association pour la protection du patrimoine, estiment, pour leur part, que tout le processus est illégal et que la décision de justice est injustifiée, étant donné que les plages de sable sont automatiquement considérées comme des espaces publics par la loi 144 de 1925 (voir L'Orient-Le Jour du 28 mai).
« Le ministère, après avoir été notifié de la décision judiciaire au sujet de la fermeture de ces portes d'accès, a pris l'initiative d'adresser une lettre portant le numéro 908/s/2015, dans laquelle il assure que la fermeture des voies d'accès à ces terrains en particulier, et la fermeture de la plage publique de manière générale, sont considérés comme pouvant avoir un impact très grave sur les baigneurs, étant donné qu'il s'agit du seul exutoire marin qu'ils fréquentent gratuitement, lit-on dans ce communiqué. Nous avons par conséquent demandé à la municipalité de prendre des mesures urgentes de manière à permettre à la direction de faire le nécessaire concernant cette décision judiciaire. »
Le document ajoute que « le mohafez de Beyrouth a envoyé une lettre demandant au département de génie de la municipalité de Beyrouth d'assurer un accès à la plage pour les citoyens ». « Le ministère des Travaux publics et des Transports a alors demandé, dans une lettre portant le numéro 996/s/2015, au ministère de l'Intérieur de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fermeture des accès à ces terrains, afin de continuer à permettre aux citoyens d'accéder à la plage », poursuit le texte. Et de conclure : « Le ministère des Travaux publics et des Transports assure qu'il ne permettra pas la fermeture de ces accès, et qu'il œuvrera afin de répondre à tous les besoins dans cette plage publique. »
À noter que le ministre des Travaux publics et des Transports, Ghazi Zeaïter, était injoignable hier pour répondre à la question de savoir par quels moyens il comptait empêcher la fermeture de la plage. Reste à savoir si le ministère de l'Intérieur donnera suite à cette requête.
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20 h 16, le 17 juin 2015