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Liban - Commémoration

Zaher Eido : « Seul le verdict du TSL pourra apaiser nos cœurs »

Huit ans après l'assassinat de Walid Eido dans un attentat à la voiture piégée en plein cœur de Beyrouth, ses proches se souviennent.

C'était il y a huit ans, le 13 juin 2007. Tard dans l'après-midi, le député du courant du Futur Walid Eido et son fils aîné, Khaled, étaient tués par un attentat à la voiture piégée qui a secoué le quartier de Manara dans l'ouest de Beyrouth. Deux des gardes du corps de Walid Eido et six civils ont été également tués. Au moins 10 autres ont été blessés dans l'explosion.
Walid Eido, 65 ans, était un membre dirigeant du courant Futur de Saad Hariri et le président de la commission de la Défense au sein du Parlement. Il était connu pour son franc-parler au sein de la majorité antisyrienne et du 14 Mars.

Walid Eido, le père
Pour son fils Zaher, la douleur est restée la même depuis la disparition violente de son père et son frère aîné. « Chaque jour de ma vie, ces deux piliers de la famille me manquent et ceci devient d'autant plus dur lors des occasions familiales ou des commémorations », dit-il. « Ma mère est comme au jour de l'attentat, abasourdie par cette double perte. Rien ne peut la consoler à part la vérité qui pourrait sortir du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), seul dénouement capable de mettre un baume sur la plaie », poursuit-il.
Zaher a un fils qui ne connaîtra son grand-père qu'à travers les journaux et les histoires de la famille. Mais Zaher est fier de pouvoir l'appeler du nom de son père. Un père qui « durant toute sa vie n'a pas manqué de donner le bon exemple à sa famille et à tout un pays qui a été secoué par la mort de Rafic Hariri ». « Mon père a été juge pendant 32 ans et procureur général pendant 8 ans. Il était par conséquent très normal pour lui de ne pas policer son discours ou de ne pas mâcher ses mots. Les choses étaient tellement claires dans sa tête, et c'est de là que venaient son courage et son audace », ajoute le fils du député martyr.
« Depuis qu'on avait assassiné l'homme qui rêvait le Liban en grand, mon père n'était plus le même. C'était lui qui avait demandé la création du tribunal international pour suivre l'affaire Hariri car il était très bien placé pour savoir que le système judiciaire libanais était politisé et corrompu, et n'arriverait donc jamais à découvrir la vérité », affirme-t-il. « Il a d'ailleurs dit peu de temps avant sa mort qu'il attendait impatiemment le jour où l'on amènera Bachar el-Assad et Émile Lahoud menottés devant la justice pour répondre de leurs crimes », raconte M. Eido.
Si rien ne pourra ramener son père et son frère aîné, pour Zaher Eido, il est primordial d'attendre le verdict du TSL, qui sera une sorte de promesse faite aux autres Libanais qu'ils ne subiront pas le même sort que les Eido. Leurs parents et leurs enfants ne seront plus tués en toute impunité. « La vérité ne nous rendra ni mon père ni Khaled, mais au moins elle nous apaisera le cœur torturé depuis 2007 par la douleur de cette séparation brutale », conclut-il.


(Lire aussi : Le rêve n'est pas mort, la tribune de Atef Majdalani, député de Beyrouth)

 

Un assassinat politique
L'ancien député Sélim Diab, un proche collaborateur de Rafic Hariri qui a comparu en tant que témoin devant le TSL à La Haye en janvier dernier, est catégorique : « Walid Eido a payé le prix de sa fidélité à Rafic Hariri et son engagement sans faille auprès du constructeur du Liban. » Pour l'ancien député, tout est devenu noir pour le pays depuis cet attentat, aussitôt suivi par tous les assassinats politiques qui se sont inscrits dans une même perspective de vider le Liban de ses grands hommes politiques et intellectuels antisyriens influents. « Nous avons pleinement confiance dans le TSL, malgré le fait que l'identité de l'auteur de l'attentat ou plutôt celle de son commanditaire ne soit plus cachée », reprend l'ancien député.
Le député Jean Oghassabian considère pour sa part que « Walid Eido est tombé en tant que martyr du Liban de la démocratie, du Liban de la coexistence et du Liban de la liberté ». Pour le député qui l'a bien connu, le TSL arrivera sûrement à dévoiler, au terme des débats et des témoignages, la vérité qui libérera tous les Libanais, surtout le public du 14 Mars, du poids accablant des assassinats politiques. « Après la série d'assassinats perpétrés dans les rangs du 14 Mars et le temps qui est passé depuis, l'opinion publique a senti une déviation de la politique adoptée par les cadres actuels de l'alliance, ce qui est dommage, vu le prix chèrement payé par tous les martyrs, dont Walid Eido», dit-il. « Il incombe au public du 14 Mars de rectifier le tir et de recadrer l'alliance en cas de divergence entre ses membres, et de ne pas baisser les bras car le 14 Mars est vivant à travers ses partisans qui eux n'ont pas changé et sont restés fidèles aux principes défendus par toutes les grandes figures tuées », conclut-il.

 

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