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Moyen Orient et Monde - Décryptage/Syrie

À Soueida, un nouveau retrait des forces du régime ?

Des rebelles affirment contrôler de larges parties d'une base aérienne d'al-Thala.

Des membres de la communauté druze de la province de Soueida, dans le sud de la Syrie. Capture d’écran Youtube

Selon des informations diffusées par l'AFP hier, les groupes rebelles syriens auraient pris possession de larges parties de l'aéroport militaire d'al-Thala, dans la province de Soueida (sud de la Syrie), contrôlée par les forces du régime.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé la progression des rebelles à l'AFP. De son côté, le porte-parole de l'alliance rebelle, Issam al-Rayès, a affirmé que « le Front sud a libéré l'aéroport militaire d'al-Thala et procède actuellement à une opération de ratissage contre les forces » du régime. Il a précisé que « le Front sud » avait abattu un avion militaire dans une zone entre Soueida et la province voisine de Deraa.
Ces informations ont été démenties par le gouverneur de Soueida, Atef al-Nadaf, et l'agence officielle syrienne Sana. Selon une source présente à l'aéroport militaire d'al-Thala, contactée par L'Orient-Le Jour, la situation reste stable, l'armée syrienne tiendrait encore ses positions après avoir reçu des renforts. Cette source précise cependant que la poursuite et l'intensification des attaques n'excluraient pas, dans les heures à venir, une prise de contrôle totale de la base par les groupes rebelles.

 

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Cet aéroport qui ne sert plus aujourd'hui de base aérienne (il est remplacé par celui de Khallaqa) reste un lieu de centralisation des ressources logistiques et des équipements militaires pour les forces gouvernementales. Selon cette même source, les assaillants seraient en majorité originaires de la zone montagneuse du Hauran. Cette information revêt une importance particulière au regard de la sociologie de la région de Soueida où la majorité écrasante de la population est de confession druze et entretient des rapports conflictuels avec les populations bédouines et les paysans sunnites du Hauran.
Les rivalités pour le contrôle de la terre s'expriment régulièrement dans cet espace tribal. Le conflit actuel réveille ainsi des règlements de comptes qui ont caractérisé l'histoire des rapports entre ces communautés pour l'occupation et la structuration de l'espace.
La même source indique en outre qu'il semblerait que l'armée loyaliste ne soit pas prompte à assurer la défense de la région de Soueida, où la population a refusé de répondre à l'appel du régime syrien à l'enrôlement de 27 000 druzes sous son égide.

 

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L'absence de mobilisation en faveur du régime et l'action de certains leaders de la communauté druze, comme le dignitaire religieux cheikh Wahid al-Balous, pour empêcher le départ des jeunes au service militaire ont été considérées comme une attitude d'hostilité envers le régime, ce qui expliquerait le faible dispositif de défense mis en place par les forces gouvernementales.
Mais pour Peter Harling, directeur de projet à l'International Crisis Group (ICG), il faut analyser ces développements dans le contexte de la série de victoires militaires remportées par les groupes rebelles syriens. « Le régime est confronté à ses limites, l'armée est aujourd'hui contrainte de se replier sur un territoire plus défendable. Le régime a déjà utilisé toutes les armes possibles et imaginables, les institutions sont affaiblies, la mobilisation sociale est de plus en plus difficile, les alliés du régime doivent en faire toujours plus pour compenser les pertes », note l'expert. Il rappelle qu'en l'état actuel du rapport de force, les troupes du régime sont surtout amenées à se retirer des territoires où elles ne disposent pas d'assise sociale robuste, comme c'est le cas dans la région de Soueida qui abrite une communauté druze très structurée, avec son identité propre, une tradition d'autodéfense et un esprit de corps.


Pour Peter Harling, « la communauté druze a fait le choix de ne pas prendre part au conflit. Il y a une attitude ambivalente, cette communauté refuse d'antagoniser le régime tout en veillant à préserver des relations gérables avec l'environnement sunnite ». « Ce n'est pas tant l'opposition qui avance à Soueida que le régime qui se retire », souligne-t-il. Pour l'analyste, le gouvernement de Damas a, aujourd'hui, atteint le seuil de ses capacités opérationnelles alors que l'opposition peut encore monter en puissance. « Il revient aux alliés du régime de décider s'il faut accorder davantage de moyens, de ressources logistiques, d'équipements militaires, et envoyer plus de forces sur le terrain, etc. Ce choix dépendra de la volonté de maintenir la base territoriale actuelle du régime ou d'en redéfinir une autre », dit-il.
Sur ce point, Peter Harling précise que le scénario de la partition n'est pas une solution dans la mesure où il ne règle en rien la question du fonctionnement de l'État. « Le problème se poserait à nouveau dans les différentes entités territoriales. La partition semble difficile dans le cas syrien alors que le pays est très centralisé au point où le régime est amené à collaborer avec l'État islamique sur la question des ressources énergétiques. Il n'y a pas de processus de consolidation sectaire en Syrie, nous sommes en présence d'une mixité des différentes composantes de la société syrienne qui rendent ce scénario difficile », conclut Peter Harling.

 

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