Le film est adapté du roman éponyme de l'écrivain algérien Yasmina Khadra et raconte l'histoire d'un médecin israélien qui découvre que sa femme est l'auteur d'un attentat suicide à Tel-Aviv. Lundi, il a remporté le Prix du public et le Prix spécial de la critique au 17e festival Colcoa du film français à Hollywood.
"Je regrette d'informer que le ministre libanais de l'Intérieur, Marwan Charbel, a décidé de nous punir en interdisant le film (...) arguant que je suis allé en Israël pour filmer" des scènes, a écrit M. Doueiri sur sa page Facebook. C'est une décision "stupide" et "injuste", a-t-il ajouté.
D'après le réalisateur, mais aussi le ministre de l'Intérieur contacté par l'AFP, le film avait été autorisé en mars par le ministère, avant que celui-ci ne revienne sur sa décision après une demande du bureau de boycottage sollicitant son interdiction non seulement au Liban mais dans tous les pays arabes.
Le film avait été autorisé par la Sûreté générale. Photo via Facebook
"Nous avions accepté (de faire passer le film), nous n'avions aucun problème, mais quand nous avons reçu la lettre de protestation (...) nous ne pouvions pas nous y opposer", a expliqué M. Charbel à l'AFP.
"Pourtant, on m'a dit que le film est pro-palestinien", souligne-t-il.
"J'ai bien filmé une partie du film à Tel Aviv car une partie de l'histoire se déroule là-bas. J'ai eu recours à des acteurs israéliens parce qu'il s'agissait de mon choix artistique. Je n'ai ni regrets ni excuses à faire", a souligné le réalisateur dans son message sur Facebook.
(Pour mémoire : Ziad Doueiri, attaqué de l’intérieur...)
"Il y a eu plusieurs films palestiniens filmés en Israël, avec des acteurs israéliens et même un financement israélien et pourtant ils ont été projetés à Beyrouth. Les Libanais sont-ils supposés brandir le drapeau palestinien plus haut que les Palestiniens eux-mêmes?", s'insurge-t-il.
Le réalisateur a également rappelé que le ministère avait refusé d'intégrer le film aux nominations du Liban pour les Oscars, avançant les mêmes motifs.
"L'attentat" sortira le 29 mai en France et le 21 juin aux Etats-Unis.
Malgré le libre accès à Internet et le piratage débridé de DVD au Liban, Beyrouth respecte scrupuleusement la "liste noire" du bureau de boycottage d'Israël
En outre, la censure, qui relève d'une branche du ministère de l'Intérieur, s'applique si l'oeuvre incite aux dissensions confessionnelles, porte atteinte aux moeurs ou à l'autorité de l'Etat, ou favorise la propagande israélienne.
Pour mémoire
« My Last Valentine in Beirut » retiré de deux salles de cinéma
Un musée virtuel pour la censure libanaise
Eglise vs film turc : au Liban, la censure, encore une fois
commentaires (8)
Et dire que le bouquin de Yasmina Khadra est disponible depuis l'année de sa sortie dans les librairies à Beyrouth. Faut être conséquent avec ses décisions quand même! Bon, ceci dit, Doueri aurait pu à la rigueur faire jouer des acteurs libanais comme on l'a vu dans la série Al Ghalibounn, où des acteurs libanais toutes confessions confondues jouaient le rôle d'officiers ou de civils israéliens, en hébreu dans le texte aussi. A mon avis les artistes libanais méritent d'être remarqués dans les films projetés à l'étranger, alors pourquoi donner la chance à des étrangers ? Quant à recréer le décor de Tel Aviv, ça ne doit pas être sorcier.
Tina Chamoun
16 h 21, le 29 avril 2013