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À La Une - terrorisme

La police égyptienne empêche un massacre au temple de Karnak à Louxor

Les jihadistes semblent être revenus à leur stratégie ciblant les touristes étrangers.

Des commerces endommagés, à Louxor en Egypte, le 10 juin, après un attentat-suicide déjoué par les autorités. REUTERS/Stringer

Un attentat suicide qui aurait pu faire un massacre a été déjoué mercredi par la police au temple de Karnak à Louxor, la seconde attaque visant des touristes en Egypte depuis la destitution par l'armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi.

Les attentats sont très fréquents en Egypte depuis l'éviction de M. Morsi, perpétrés par des groupes jihadistes en représailles à la très sanglante répression qui s'est abattue sur ses partisans. Mais ils visaient jusqu'alors quasi-exclusivement les forces de sécurité.

L'attaque de mercredi, même si elle n'a pas encore été revendiquée, semble indiquer, comme le redoutaient les experts, que les jihadistes ont changé de stratégie et visent désormais les étrangers, au moment où le nouveau pouvoir tente d'attirer touristes et investisseurs internationaux qui avaient déserté l'Egypte depuis quatre ans.

Dans la matinée, trois hommes se sont présentés dans un taxi au poste de contrôle barrant l'accès au parking du temple de Karnak, l'un des sites les plus célèbres de l'Egypte pharaonique . "Un policier en civil, suspicieux, les a forcés à s'arrêter", a expliqué le ministère du Tourisme dans un communiqué. Les agents ont fait ouvrir le coffre et aperçu deux grands sacs qui les ont rendus méfiants, détaille pour l'AFP un général de la police de Louxor. Lorsque la police a demandé d'ouvrir ces sacs, l'un des hommes s'est enfui et a déclenché sa veste bourrée d'explosif. L'autre passager et un complice qui l'avait rejoint à pied ont ouvert les sacs et en ont sorti des fusils d'assaut, selon le général. Les policiers ont immédiatement ouvert le feu, tuant l'un et blessant grièvement l'autre à la tête. Le chauffeur du taxi a été mis hors de cause.

Deux policiers et deux civils égyptiens ont été très légèrement blessés. Outre les deux fusils d'assaut, les policiers ont trouvé 19 chargeurs pleins dans les sacs. "S'ils avaient réussi à entrer dans le temple, cela aurait été un véritable massacre", a commenté le général. Au moment de l'attaque, 604 visiteurs se trouvaient sur le site de Karnak selon la police. Dès l'explosion, les services de sécurité, très présents sur les sites touristiques en Egypte depuis une série d'attentats dans les années 1990, avaient consigné tous les touristes et visiteurs dans le temple, assurant leur sécurité.

 

(Lire aussi : Avec Sissi, la stabilité, mais jusqu'à quand et à quel prix...)

 

Changement de cibles ?
Depuis l'éviction en juillet 2013 de M. Morsi, de nombreux attentats visent les forces de sécurité, revendiqués par des groupes jihadistes qui disent agir en représailles à la sanglante répression frappant les partisans du président islamiste. Dans les semaines qui ont suivi son éviction, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont ainsi été tués par policiers et soldats. Et depuis l'été 2013, plus de 40.000 personnes, selon Human Rights Watch (HRW), ont été arrêtées. Des centaines de pro-Morsi ont ensuite été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.

Jusqu'alors, les cibles des attentats jihadistes étaient exclusivement les forces de sécurité, en dehors d'un attentat suicide ayant tué trois touristes sud-coréens et le chauffeur de leur bus en février 2014 dans le Sinaï. L'immense majorité des attentats particulièrement meurtriers des derniers mois ont eu lieu dans le nord de cette péninsule, bastion de la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui s'est récemment baptisée "Province du Sinaï" pour marquer son allégeance au "califat" auto-proclamé par l'EI sur une partie de l'Irak et de la Syrie.

Mais des bombes de faible puissance explosent aussi régulièrement au Caire ainsi que dans le Delta du Nil, visant quasi-exclusivement les forces de sécurité. Les attentats visant les étrangers étaient devenus extrêmement rare depuis février 2009, quand une grenade avait tué une Française dans le centre historique du Caire.

Mais les années 1990 avaient été marquées par une série d'attentats meurtriers visant les touristes, qui avaient porté un coup dur à l'économie égyptienne, dont le secteur touristique est l'un des principaux piliers.
En novembre 1997, six jihadistes avaient massacré à Louxor 35 Suisses, six Britanniques, quatre Allemands, deux Colombiens, onze Japonais et quatre Egyptiens.

L'attentat manqué de Karnak "révèle clairement un changement de stratégie dans le choix des cibles", analyse Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à l'Université de Toulouse. Les assaillants ont selon lui un triple objectif : "affaiblir l'économie égyptienne en détruisant le secteur touristique, impliquer les puissances occidentales (...) et donner le maximum d'impact médiatique et une résonance internationale là où des actions locales ont échoué à obtenir le même écho depuis des mois, malgré leur intensité".

 

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