Geagea tape sur le Hezbollah et ménage Aoun

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, s'est livré hier, trois jours après sa visite à Rabieh, à un nouvel exercice consistant à renouveler d'ardeur dans ses critiques contre le Hezbollah tout en ménageant relativement le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun.
Dans un discours prononcé hier à Maarab, lors d'une cérémonie de remise des cartes de membre à 2 500 nouveaux partisans des FL au Metn et retransmise en direct, y compris sur la chaîne aouniste OTV, le chef des FL, Samir Geagea, a lancé : « Lorsque vous vous êtes engagés pour le Liban des 10 452 km2, ce n'était pas pour voir des convois d'armes et des éléments armés violer les frontières du pays 10 452 fois par jour. Lorsque vous avez affirmé votre foi dans l'État, ce n'était pas pour que d'aucuns imposent à l'armée, en dehors des institutions, une bataille dans l'extrême jurd de Ersal (...) ni pour léguer à vos enfants la loi de la jungle (...). »
Et Samir Geagea d'ajouter : « Wissam el-Hassan (l'ancien chef des SR des FSI) n'a pas été assassiné de sang-froid pour que Bachar el-Assad et Ali Mamlouk soient acquittés, ni Michel Samaha, libéré avec insolence. » Il a appelé dans ce cadre la Cour de cassation militaire à « effacer la marque de honte laissée par le jugement dans l'affaire Assad-Mamlouk-Samaha et rétablir la confiance des Libanais dans la loi et la justice. Revenir sur ses erreurs est une grande vertu. » Selon lui, « si les enregistrements audiovisuels, les aveux et les preuves ne suffisent pas à prouver un crime caractérisé, ce sera la fin de l'État de droit ».
« À l'heure où les Forces libanaises œuvrent pour une République forte, qui soit un modèle pour nous tous, d'aucuns se hissent au rang de souverain qui donne des leçons quotidiennes de patriotisme et de gestion des crises à l'État, aux institutions et aux citoyens réunis. Et tous doivent se conformer à ces diktats, sous peine de subir le blocage ou d'être accusés de mécréance, de crime, de trahison, si ce n'est plus... », a poursuivi Samir Geagea.
C'est au Hezbollah qu'il a renvoyé directement la responsabilité du blocage de la présidentielle. Il a ainsi estimé que « le blocage prolongé de la présidentielle se répercute désormais non seulement sur la présidence, mais aussi sur tous les postes institutionnels l'un après l'autre.
Cela conduit à rejeter les allégations selon lesquelles la vacance présidentielle serait causée par un conflit interchrétien ».
« Comment croire que certains défendent le Liban dans le Qalamoun et le reste de la Syrie, ainsi qu'en Irak et au Yémen, alors qu'ils paralysent ce même Liban au palais de Baabda ? Comment croire qu'ils veulent un président fort, alors qu'ils ne supportent pas un président consensuel par excellence ?
Vous avez votre blocage et votre vide, et nous avons notre foi dans une République forte et notre rêve d'un Liban souverain, libre et indépendant », a déclaré le chef des FL.
« Nous sommes un parti aux positions inébranlables, qu'aucune pression ne peut intimider et qu'aucun bénéfice ne peut tenter. Nous ne compromettons pas notre cause ni n'oublions le sang de nos martyrs, mais nous demeurons, en même temps, ouverts à toutes les perspectives, accompagnant toutes les évolutions », a-t-il conclu.