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Lifestyle - Beirut Design Week

Hossein Rezvani, l’homme qui a révolutionné les tapis persans

Plongé dans les tapis depuis sa naissance à Hambourg, Hossein Rezvani a commencé par se rebeller avant d'accepter la fatalité. Devenu designer de tapis, il a surtout réussi à révolutionner les codes au point d'obtenir le titre de « l'homme qui fabrique les tapis iraniens du XXIe siècle ». Rencontre chaude et haute en couleur...

Hossein Rezvani, au Liban dans le cadre de la Beirut Design Week.

Il a certes vu le jour à Hambourg. Mais Hossein Rezvani est pratiquement né dans un tapis: son père et son grand-père ont longtemps travaillé dans ce domaine, d'abord en Iran, puis en Allemagne où ils se sont installés en 1959. Comme c'est souvent le cas lorsque le destin paraît dessiné à l'avance, il commence par se détourner du secteur et choisit d'étudier l'économie avant de se tourner vers le domaine bancaire. Au bout de quelques mois, il comprend vite que ce n'est vraiment pas son univers et retourne vers les tapis qui, comme il le dit si bien, «donnent de l'âme» à une pièce. Mais Hossein veut faire la différence, sortir des sentiers battus et créer quelque chose qui puisse évoquer son passé culturel et son héritage, tout en ressemblant à cette époque plus moderne. C'est ainsi que lorsqu'un ami lui demande pourquoi il ne se lance pas dans le design de tapis contemporains, il y réfléchit toute la nuit avant de lancer le lendemain matin l'idée à son père. Ce dernier n'est pas trop enthousiaste au départ, mais il ne veut pas décourager son fils. Quelque part, il est même un peu fier de ce retour à la tradition familiale et au patrimoine culturel des Iraniens.

Tradition vs modernité
Mais l'idée semble d'abord difficile à concrétiser. Le tapis est une affaire nationale en Iran et les Iraniens sont très soucieux de préserver leurs traditions. D'ailleurs, chaque ville a son propre style et son propre design. Le père de Hossein Rezvani le met en contact avec des gens d'Ispahan pour l'aider, mais ses premiers essais sont laborieux. Les Ispahaniens sont très susceptibles lorsqu'on touche à leurs motifs de tapis. Au bout de deux ans, il réussit à fabriquer une trentaine de tapis et tient sa première exposition à Dubaï en 2009. Seuls six tapis sont vendus. Une seconde exposition a lieu trois mois plus tard. Nouveau fiasco. Il lui faudra attendre un an pour qu'à partir de 2010, il commence à tracer son chemin, planter ses repères et poser son empreinte. Il révolutionne les motifs tout en conservant la technique ancienne qui fait la grande particularité des tapis iraniens.

Au fil des années et de l'expérience, Hossein Rezvani, qui n'a pourtant jamais vécu en Iran, saisit l'importance de préserver les traditions de son pays d'origine et l'immense créativité qu'il a pratiquement reçue par les gènes. «Les tapis, dit-il, font partie de notre identité iranienne. Ils se distinguent par leurs motifs et la précision du travail, entièrement manuel. Un tapis iranien, c'est parti pour durer cent ans!» Surtout lorsqu'il est haut de gamme, comme c'est le cas pour les tapis signés Hossein Rezvani. De trente tisseuses à ses débuts, Hossein Rezvani en compte désormais 450 qui travaillent chez elles dans le calme, sachant qu'il faut un million de points pour un m² de ses tapis. De plus, ses couleurs sont totalement naturelles. Il refuse de réaliser ses tapis dans une usine ou une fabrique, comme il en existe en Inde ou au Népal par exemple. Il parvient désormais à produire deux ou trois nouveaux motifs par an, l'inspiration est parfois rapide, sinon, il lui faut prendre son temps pour concevoir le dessin. Tous ses tapis sont fabriqués avec de la laine et de la soie. Il lui arrive même de reproduire les motifs sur des écharpes.

Hossein Rezvani est à présent considéré comme l'homme qui a révolutionné le tapis iranien traditionnel et comme le créateur du tapis du XXIe siècle. Il est désormais en tête de liste des designers de tapis et ses œuvres sont extrêmement appréciées. Il les vend partout dans le monde, jusqu'en Chine, sauf aux États-Unis qui interdisent encore la vente de tapis fabriqués en Iran. Bien qu'ayant vécu la plus grande partie de sa vie en Allemagne, Hossein Rezvani se sent profondément iranien. Il ne s'agit pas pour lui d'une question politique et encore moins religieuse. Mais juste d'une appartenance culturelle et historique, une identité qu'il ne peut renier et qu'il a appris à apprivoiser en revisitant les codes traditionnels.
Il a ainsi redécouvert ses racines et les qualités qui font du tapis persan ce qu'il est, dans une approche différente du monde, une notion du temps particulière et le souci de la qualité. Hossein Rezvani participe actuellement à la Beirut Design Week grâce à Mohammad et Chirine Maktabi (Iwan Maktabi), qui affirment que le marché des tapis au Liban est en expansion, les Libanais sachant apprécier les belles œuvres, avec des motifs contemporains et un grand raffinement.

 

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