C'est un Samy Gemayel qui s'est posé en rassembleur et rénovateur, et qui s'est déclaré ouvert sur les communautés musulmanes, qui a annoncé hier sa candidature à la présidence du parti Kataëb. Il a réaffirmé à cette occasion son attachement aux constantes et aux principes du parti, fondés sur la primauté de l'État, la neutralité, le pluralisme, la décentralisation et l'état civil.
La conférence de presse tenue par Samy Gemayel dans ce cadre s'est déroulée à Bickfaya, en présence des députés et ministres du parti, notamment Nadim Gemayel, Élie Mourani, Fadi el-Habr, Sejaan Azzi et Alain Hakim, de personnalités politiques au nombre desquelles l'ancien ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, des cadres du parti et un parterre de journalistes. Deux écrans géants installés dans la salle extérieure et la cour interne du bureau du député du Metn ont permis à une foule de partisans de suivre en direct la cérémonie.
Dans son programme électoral, baptisé « Un projet libanais », Samy Gemayel met l'accent sur sa vision de ce que devraient être les Kataëb. Une vision qui s'inscrit dans la lignée du parti qui, depuis sa fondation dans les années 30 du siècle dernier, a mené « une fronde contre le fait accompli, l'hégémonie et l'oppression ». Il était donc évident pour le jeune candidat que « cette institution devrait être le lieu adéquat pour mener de nouveau cette fronde contre le fait accompli, la déliquescence, la confusion et le suivisme ». Il est temps que les Kataëb « relancent leur opposition avant-gardiste au suivisme à l'égard de l'étranger, qu'ils soient une force purement libanaise qui rejette toute pratique politique erronée, mais aussi les clivages verticaux qui sapent les institutions, ainsi que les tentatives de certaines parties de mener le Liban vers des guerres et des conflits ».
Parallèlement, les Kataëb portent un projet social et économique complet, poursuit Samy Gemayel, affirmant que « le parti est une révolution contre soi et contre le fait accompli ».
(Pour mémoire : Séminaire international à la Maison du Futur sur un plan Marshall arabe)
Un projet fait au Liban
Samy Gemayel veut donner une nouvelle dynamique au parti et démontrer que les Kataëb sont à la fois une ligne de conduite et un projet. Cela implique la nécessité de rassembler toutes les potentialités du parti, y compris celles qui l'ont quitté au cours des deux à trois dernières décennies, afin de refonder « le grand parti ». Samy Gemayel estime ainsi que les Kataëb ne sont pas le parti du « zaïm », mais une « équipe de travail ». C'est aussi un espace ouvert à tous les Libanais, toutes communautés et classes sociales confondues. Les Kataëb, tel que conçu par le jeune candidat, est un parti qui accorde à la femme un rôle primordial. C'est aussi le parti des « gens honnêtes et honorables » qui, « dans leur pratique quotidienne, luttent contre la corruption ». Les Kataëb seront surtout ouverts sur tous les autres partis, et dialogueront avec toutes les factions sur base « du respect mutuel, de la franchise et de la vérité ».
« La ligne de conduite des Kataëb est un projet purement libanais, fait au Liban », insiste Samy Gemayel, invitant « les musulmans à ne pas avoir peur d'adhérer au parti » pour que « nous réfléchissions sur nos appréhensions et construisions ensemble le pays ».
Le jeune parlementaire a réitéré son refus de « la présence d'armes illégales » sur le territoire libanais, ainsi que son soutien inconditionnel à l'armée. Il a souligné dans ce cadre que tous les Libanais refusent « le projet takfiriste, à commencer par la communauté sunnite ».
En ce qui concerne le projet des Kataëb, il est basé sur « les expériences passées du parti qui nous ont appris que nous ne pouvons pas miser sur l'étranger ». Seules « la neutralité du Liban et la libération des partis du suivisme permettent de protéger le Liban », affirme Samy Gemayel.
Il s'est adressé en outre sur un ton amical à son cousin, le député Nadim Gemayel, soulignant qu'il avait perdu son frère (l'ancien ministre de l'Industrie, Pierre Gemayel, assassiné en novembre 2006, NDLR) et lui demandant de ce fait d'être son frère dans sa lutte au sein du parti.
Le projet des Kataëb consiste également à : œuvrer pour construire une société saine basée sur la reconnaissance du droit à la différence et le respect des particularismes ; construire une vraie citoyenneté, une vraie appartenance et une vraie identité libanaise « dont nous serons tous fiers » ; libérer le citoyen du clientélisme ; lutter en faveur de la décentralisation, de l'état civil, du mariage civil et d'un statut civil ; et à œuvrer pour le redressement économique du Liban et pour la préservation de son identité culturelle.
Il a enfin rendu un vibrant hommage au fondateur des Kataëb, Pierre Gemayel, au président de la République assassiné, Bachir Gemayel, aux grands hommes « comme Raymond Eddé et Camille Chamoun », à son frère, Pierre, à ses camarades de lutte estudiantine et à son père, l'ancien chef de l'État Amine Gemayel.
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commentaires (6)
Quelle mascarade !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
11 h 53, le 05 juin 2015