Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé vendredi de déplacer des millions d'Israéliens en cas de guerre contre le Liban, en réponse aux menaces à peine voilées de l'armée israélienne la veille contre le Liban.
"A l'occasion de manœuvres militaires, des responsables israéliens ont menacé le Liban", a relevé le leader chiite dans un discours pour le trentième anniversaire des scouts du Mahdi, affiliés au parti. "On a évoqué l'évacuation d'un million et demi de Libanais. Ceci fait partie de la guerre psychologique à laquelle nous sommes habitués. Qu'y a-t-il de nouveau dans les propos israéliens ? Ils sont répétitifs, mais ont le mérite de rappeler aux Libanais et à la région que l'ennemi israélien est toujours présent", a-t-il lancé.
Et le chef du Hezbollah d'ajouter : "Je dis aux Israéliens : les choses ont changé. Vos manœuvres sur le front interne en sont la preuve. Vous avez découvert que vous pouvez être vaincus. Vous nous menacez, alors que vous reconnaissez les capacités de la Résistance. Le temps des destructions israéliennes est révolu, depuis 2006 et la dernière guerre à Gaza (durant l'été 2014). Ce qui viendra est considérable. Si vous lancez des menaces, la Résistance aussi menace de déplacer des millions d'Israéliens en cas de guerre contre le Liban".
La bataille du jurd de Ersal est lancée
Hassan Nasrallah a par la suite consacré la majeure partie de son discours à la bataille dans le Qalamoun syrien et dans le jurd de Ersal, dans la Békaa.
Le Hezbollah affronte les jihadistes sunnites dans le Qalamoun syrien depuis plusieurs semaines. Il s'était abstenu d'actions militaires dans le jurd de Ersal jusqu'à ce qu'il lance depuis quelques jours son offensive dans cette zone. Le parti chiite appelle, depuis, l'armée libanaise à combattre les jihadistes dans cette zone, à défaut de quoi il s'en chargerait lui-même. Jeudi, le Conseil des ministres a chargé l'armée "de rétablir la sécurité à l'intérieur de Ersal et à ses abords", tout en lui laissant carte blanche en ce qui concerne le "jurd" de la ville.
Dans son discours vendredi, Nasrallah a assuré que le parti chiite ne voulait pas enter dans la ville de Ersal pour combattre les éléments armés sunnites.
"Concernant la ville de Ersal, nous avons été clairs", a précisé le leader chiite. J'ai fait la différence entre la ville, ses habitants qui sont nos frères, et le jurd de Ersal. Nous n'envisageons pas d'entrer à Ersal. Cette ville est occupée par les jihadistes, mais c'est à l'Etat et à l'armée libanaise d'y entrer".
Et le leader chiite d'insister : "D'aucuns assument que le Hezbollah, que les habitants de Baalbeck-Hermel veulent entrer à Ersal. Mais ce n'est pas le cas. Ce ne sont que des mensonges".
"Que les Libanais sachent qui sont ceux qui se préoccupent de leur sécurité et ceux qui profèrent des mensonges. J'appelle ces derniers (...) à cesser de le faire".
Concernant la question du jurd de la bourgade sunnite de la Békaa, Hassan Nasrallah a souligné que la guerre déclenchée en Syrie est la cause de la bataille dans le Qalamoun, laquelle, à son tour, a provoqué les combats dans la région de Ersal. "Nous ne sommes pas des envahisseurs. Il s'agit de nos terres (dans le jurd de Ersal)", a-t-il lancé.
Et d'ajouter : "les combats (dans le jurd) parlent d'eux-mêmes. Les grandes avancées dans le jurd de Flita et à Talaat Moussa le prouvent. Je peux vous assurer que les exploits des derniers jours ont indiscutablement montré l'avantage dont bénéficie vos frères résistants du Hezbollah et de l'armée syrienne" sur les jihadistes.
"La bataille du jurd (de Ersal) a été lancée et elle se poursuivra jusqu'à atteindre les objectifs, avec un minimum de sacrifices. Nous ne nous précipitons pas", a encore martelé le secrétaire général du Hezbollah.
(Lire aussi : La bataille du jurd de Ersal pour protéger les arrières du Hezbollah, le décryptage de Scarlett Haddad)
Le leader chiite a par ailleurs déploré que "de nombreux dirigeants ont reconnu que Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique) est une menace mondiale, mais d'aucuns au Liban mettent en doute cela". Et de lancer : "Le Liban ne ferait-il pas partie de ce monde? L'EI n'est pas seulement à Palmyre, mais également dans le jurd de Ersal, à l'intérieur du Liban, et la prochaine bataille dans le jurd du Qalamoun se fera contre Daech".
Pas de groupes civils armés dans la Békaa
Parallèlement, Hassan Nasrallah a affirmé que le parti chiite n'envisage pas en ce moment de former des groupes civils armés dans la Békaa afin de l'épauler dans son combat face aux jihadistes sunnites. "En ce moment, nous avons besoin d'unité populaire et morale. Nous n'avons pas besoin davantage de combattants. Les différentes composantes de la Résistance sont suffisantes au niveau humain et matériel pour atteindre nos objectifs", a-t-il déclaré. "La situation actuelle ne nécessite pas la création d'unités (de combat) populaires. Nous n'allons pas former en ce moment des groupes civils armés", a-t-il insisté.
Ces propos interviennent alors que depuis plusieurs jours, des appels à créer des groupes armés à Baalbeck-Hermel, sous l'impulsion du Hezbollah, afin de faire face aux jihadistes sunnites, sont relayés par la presse.
Sur le plan politique, Hassan Nasrallah s'est montré peu disert. Il n'a ainsi pas évoqué la récente rencontre entre les deux leaders maronites Samir Geagea et Michel Aoun ou le dossier des nominations sécuritaires. Le leader chiite s'est contenté d'appeler "les responsables libanais et le gouvernement à prendre les choses au sérieux car il y a des échéances que le cabinet est tenu de respecter".
Nasrallah a dans ce contexte appelé les parties libanaises au sein du gouvernement à assumer leurs responsabilités sans miser sur les développements régionaux. "Ceux qui parient sur la situation au Yémen, en Irak et dans la région perdent leur temps", a-t-il insisté.
Concernant le conflit yéménite, il a rappelé qu'"aujourd’hui, nous marquons le 72e jour de l'offensive" contre ce pays. "Leur (les dirigeants saoudiens) marionnette, (le président yéménite) Abd Rabbo Mansour Hadi, se voit contraint aujourd'hui de se rendre à Genève car il n'y a pas d'autre solution au conflit au Yémen. Cette guerre est sans issue, a lancé Nasrallah. L'Arabie doit cesser son offensive, la poursuite des combats ne fera qu'aggraver les pertes et ternir l'image du régime saoudien".
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Non pas par "charité", mais parce-qu’il n'ose pas.
08 h 26, le 06 juin 2015