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Économie - Liban - Secteur Public

Le gouvernement libanais prévoit d’embaucher 14 000 fonctionnaires

Le projet de budget 2015 prévoit des milliers d'embauches dans la fonction publique, principalement dans les forces de sécurité. Cette augmentation conséquente de la masse salariale contribue à la dégradation prévue des comptes publics.

Les militaires et agents de sécurité absorbent les trois quarts des recrutements dans la fonction publique prévus par le projet de loi de finances. Archives/Reuters

Le projet de loi de finances pour l'année 2015, en discussion en Conseil des ministres, prévoit l'embauche de 14 000 nouveaux fonctionnaires, dont une écrasante majorité (près de 11 000) dans l'armée et les services de sécurité. Elles se traduiront par une augmentation de 5,5 % des dépenses salariales de l'État à 7 100 milliards de livres libanaises (4,7 milliards de dollars). Cela représente environ 30 % des 23 326 milliards de livres de dépenses budgétaires (15,5 milliards de dollars). En hausse annuelle de 11 %, ces dernières portent le déficit à 7 692 milliards de livres (5,10 milliards de dollars ; +37 %), les recettes ne devant augmenter que de 6 % à 15 634 milliards de livres (10,37 milliards de dollars).
Le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, qui a pourtant préparé le projet de budget, a récemment déploré l'explosion des dépenses salariales de l'État. « Il n'est pas normal que le gouvernement approuve en un an le recrutement de 14 000 nouveaux fonctionnaires. Les considérations sécuritaires justifient peut-être l'embauche de militaires et d'agents de sécurité, mais il faut savoir que cela a un impact direct sur les finances publiques », a-il-déclaré. De fait, les militaires et agents de sécurité absorbent les trois quarts des embauches, la masse salariale pour chaque service augmentant dans une fourchette comprise entre 7 et 10 %. Une priorité gouvernementale motivée par les incidents survenus aux frontières et à l'intérieur du pays, notamment les affrontements entre la troupe et des jihadistes venus de Syrie à Ersal en août dernier.

Efficacité et performance
Mais le gouvernement peut-il procéder à ces embauches en l'absence de budget – la dernière loi de finances votée remontant à 2006 ? « Au Liban, on peut créer de nouvelles dépenses sans obligation de trouver des recettes, contrairement à certains pays occidentaux où l'on assure la couverture de toute nouvelle dépense de l'État », affirme à L'Orient-Le Jour une source proche du ministère de l'Économie. Elle déplore toutefois une politique de recrutement « sans réelle stratégie ni vision claire sur l'augmentation des recettes. Est-ce qu'on peut augmenter l'efficacité d'une administration ou d'un service de sécurité en en augmentant le nombre de fonctionnaires ?
Il faut juger l'efficacité et les performances en prenant en compte les contraintes en termes de finances publiques que pointent régulièrement du doigt les institutions internationales », ajoute-t-elle. Ces recrutements se traduiront également à terme par une hausse des sommes allouées aux pensions de retraites et indemnités de fin de service qui devraient augmenter cette année de 13 %, à 2 200 milliards de livres.
La masse salariale de la fonction publique représentait en 2012 le deuxième poste de dépenses gouvernementales (22 %) après le service de la dette (28 %) et devant les transferts à EDL (17 %). La dernière estimation réalisée par le ministère des Finances dénombre un total de 137 576 agents en 2012, en ne retenant que ceux qui touchent un salaire mensuel au titre de l'article 13 de la loi de finances, à savoir les agents titulaires et contractuels à temps plein ou partiel de l'administration centrale, des forces armées et de l'éducation nationale, mais en excluant les contractuels journaliers payés à l'heure. Selon la Banque mondiale, la fonction publique employait en 2012 11,5 % de la population active libanaise estimée à 1 270 000 personnes. Un taux comparable à celui des pays de la région.

 

Les principales embauches prévues dans le budget 2015
Armée : 5 000 militaires pour une masse salariale de 72,8 milliards de livres (+7,1 %).
Forces de sécurité intérieure (FSI)  : 4 000 agents pour un budget de 58,8 milliards de livres, conformément à une décision du Conseil des ministres du 2 mai 2014.
Sûreté générale : 1 000 agents pour une masse salariale de 15,6 milliards de livres (+11 %).
Sécurité de l'État : 500 agents pour un budget de 7,92 milliards de livres, conformément à une décision du Conseil des ministres du 7 août 2014.
Université libanaise  : 1 213 professeurs inscrits au cadre pour un budget de 52,6 milliards de livres.
Ministère de la Justice : Nomination de 48 nouveaux juges et recrutement de 534 fonctionnaires, dont des greffiers, pour 5,4 milliards de livres. Nomination de 6 juges et recrutement de 7 fonctionnaires au Conseil d'État (100 millions de livres).
Direction des douanes : 413 agents pour un budget de 4,9 milliards de livres, conformément à une décision du Conseil des ministres du 18 janvier 2011.
Défense civile : 2 500 agents pour un budget de 42,36 milliards de livres.

Le projet de loi de finances pour l'année 2015, en discussion en Conseil des ministres, prévoit l'embauche de 14 000 nouveaux fonctionnaires, dont une écrasante majorité (près de 11 000) dans l'armée et les services de sécurité. Elles se traduiront par une augmentation de 5,5 % des dépenses salariales de l'État à 7 100 milliards de livres libanaises (4,7 milliards de dollars). Cela...

commentaires (2)

Et qui est-ce qui va financer toutes ces dépenses dans un pays endetté jusqu'à la moelle et où la corruption s'est érigée en institution?

Dounia Mansour Abdelnour

21 h 14, le 25 mai 2015

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Commentaires (2)

  • Et qui est-ce qui va financer toutes ces dépenses dans un pays endetté jusqu'à la moelle et où la corruption s'est érigée en institution?

    Dounia Mansour Abdelnour

    21 h 14, le 25 mai 2015

  • INDUBITABLEMENT... SUR LA VOIE DE LA GRÈCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 25 mai 2015

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