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Moyen Orient et Monde - Syrie

Un nouveau rapport accuse Damas et Téhéran de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité

Présenté à de hauts responsables du gouvernement américain à Washington, le rapport de l'ONG Naame Shaam dénonce, entre autres, le déplacement forcé de populations civiles.

Un photomontage réalisé par Naame Shaam montre l’image du général iranien Qassem el-Souleimani figurant sur un billet de 1 000 livres syriennes pour illustrer l’occupation iranienne de la Syrie. Photo Naame Shaam

De plus en plus, les termes de « crimes de guerre » et « crimes contre l'humanité » sont utilisés par des ONG et des dirigeants internationaux pour décrire les exactions commises par les rebelles comme par le régime en Syrie. Il convient de commencer par différencier les deux appellations. D'après le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'Onu, les crimes de guerre sont des « violations graves du droit international humanitaire commises à l'encontre de civils ou de combattants ennemis à l'occasion d'un conflit armé international ou interne ». Parmi les crimes mentionnés, figurent les meurtres intentionnels, viols, pillages, attaques contre les populations civiles. Les crimes contre l'humanité, tels qu'ils sont définis par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) de 1998, sont des actes de grande ampleur tels que le meurtre, l'extermination, le viol, la persécution, etc., commis « dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque ».

C'est dans cette optique que l'ONG Naame Shaam (voir encadré) présente à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 22 mai à Washington un rapport intitulé « Nettoyage ethnique silencieux : le rôle de l'Iran dans les destructions massives et le déplacement des populations en Syrie ». Les interlocuteurs principaux de Naame Shaam durant les prochains jours seront des représentants du département d'État américain, de la Chambre des représentants, de la Maison-Blanche, du Congrès (républicains et démocrates), ainsi que des médias, des journalistes, des think tanks travaillant sur la Syrie et l'Iran. Le rapport a déjà été présenté à la CPI fin avril.

(Lire aussi : Des documents officiels syriens prouvent que le régime d'Assad a commis des crimes de guerre)

Comme l'explique Fouad Hamdane, principal directeur de campagne de Naame Shaam, de nombreuses informations et rumeurs circulent depuis le début du conflit en mars 2011 sur moult crimes. « Plus de quatre ans après le début de la révolution et le déplacement de millions de Syriens, il est temps que la communauté internationale mette fin à cette tragédie et en punisse les responsables, affirme M. Hamdane. Dans notre rapport, on se concentre sur deux types spécifiques de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité perpétrés dans certaines parties de la Syrie : la destruction illégale de propriétés et l'appropriation de maisons après l'éviction de leurs occupants, et le déplacement forcé de populations civiles. » Ensemble, assène l'activiste, ces crimes constituent une politique de « nettoyage ethnique », poussée par un désir de profit mafieux sur fond de guerre lié à un programme de « chiitisation » poussé et financé par l'Iran et appliqué par le Hezbollah. C'est pour cette raison que l'ONG accuse le président syrien Bachar el-Assad de vouloir changer la démographie dans certaines régions de la Syrie.

Destructions et reconstructions

Parmi les preuves avancées par l'ONG (venant de sources privées, de rapports d'ONG, de médias, de l'Onu), figurent des images satellite publiées par l'Onu en novembre 2014 montrant des zones urbaines rasées à Damas, Hama, Homs et Alep. Des « éléments indésirables », majoritairement sunnites, selon Naame Shaam, auraient été chassés de ces zones ; le nombre de personnes affectées pourrait être de plusieurs centaines de milliers. La destruction de ces zones a été suivie de projets de « reconstruction ». En outre, souligne M. Hamdane, les régimes syrien et iranien achètent en masse, directement ou à travers des intermédiaires, des propriétés à Homs, à Damas et, dans une moindre mesure, à Alep.

(Lire aussi: "Certaines actions du gouvernement à Alep équivalent à des crimes contre l'Humanité")


Les responsables iraniens qui seraient impliqués dans ces projets, selon lui, seraient notamment l'ambassadeur iranien en Syrie, le médiateur iranien à Homs, Haji Fadi, des hommes d'affaires iraniens ainsi que des commandants des gardiens de la révolution iraniens. Le principal responsable de ces exactions, accuse l'activiste, serait le général Qassem el-Souleimani, responsable de l'unité al-Qods, le bras armé des gardiens de la révolution à l'étranger. Du côté syrien, les personnes impliquées feraient partie des cercles restreints du régime, comme Rami Makhlouf et Iyad Ghazal, ainsi que des responsables des municipalités de Damas et de Homs.

Le rapport de Naame Shaam souligne notamment que l'objectif ultime de ces projets et de ce nettoyage ethnique est la sécurisation du passage Damas-Homs-littoral afin d'assurer une continuité géographique et démographique aux régions tenues par le régime et sécuriser le passage d'armes au Hezbollah au Liban. C'est la raison principale, affirme l'ONG, pour laquelle le régime iranien soutient fermement le régime de Bachar el-Assad. Cette « ligne de défense » servirait à la survie du régime iranien et à contrer toute attaque israélienne et/ou occidentale contre les sites nucléaires iraniens. Si le régime syrien tombe, le transfert d'armes au Hezbollah s'arrêtera et le parti de Dieu ne constituera plus une menace pour Israël, comme il l'est aujourd'hui.

Naame Shaam exige des résultats concrets, dont une enquête officielle par la Cour criminelle internationale de La Haye. « Le conflit syrien devrait être traité par les États-Unis et leurs alliés comme un conflit international armé, impliquant l'occupation par une puissance étrangère – l'Iran et ses milices armées. L'Occident devrait également imposer des « no-fly zones » pour protéger les civils et permettre l'accès de l'aide humanitaire dans tout le pays. Le peuple syrien a besoin de savoir qu'il n'a pas commis d'erreur en mars 2011, lorsqu'il s'est soulevé contre le régime, exigeant dignité et liberté », conclut Fouad Hamdane.


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De plus en plus, les termes de « crimes de guerre » et « crimes contre l'humanité » sont utilisés par des ONG et des dirigeants internationaux pour décrire les exactions commises par les rebelles comme par le régime en Syrie. Il convient de commencer par différencier les deux appellations. D'après le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'Onu, les crimes de guerre sont des...
commentaires (4)

BON REVEIL ! MAIS A QUAND LES PROCES ?

LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

11 h 39, le 19 mai 2015

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Commentaires (4)

  • BON REVEIL ! MAIS A QUAND LES PROCES ?

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    11 h 39, le 19 mai 2015

  • au moment de la découverte de l'utilisation de gaz contre son propre peuple, Obama a refusé d'intervenir, Depuis il a inventé les frappes aériennes pour se donner bonne conscience, cet homme aux commandes d'un pays puissant est un homme dangereux Il est associé à un criminel qu'est le petit Hitler

    FAKHOURI

    11 h 43, le 18 mai 2015

  • Encore une fois un rapport qui prouve l'impuissance du Monde qui assiste en spectateur et ne veut pas intervenir dans la division de la Syrie en cantons .

    Sabbagha Antoine

    08 h 30, le 18 mai 2015

  • Si ce qu'a fait la dictature syrienne au peuple syrien, avec l'appui et l'orientation des Pasdaran -centaines de milliers de tués, centaines de milliers de blessés, centaines de milliers de morts sous la torture, centaines de milliers de prisonniers, plus de 10 millions arrachés à leurs foyers et réfugiés; si tout cela ne constitue pas crimes de guerre et crimes contre l'humanité, alors vraiment le monde ne sait plus rien.

    Halim Abou Chacra

    03 h 41, le 18 mai 2015

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