Pour nombre de commentateurs locaux, la scène politique libanaise est littéralement tétanisée ces jours derniers par le déclenchement de la bataille tant annoncée du Qalamoun syrien, aux confins de l'Anti-Liban.
Qu'on ne s'attende à rien de substantiel sur n'importe quel volet de la vie institutionnelle et politique tant que durera cette bataille, disent ces observateurs. Peut-être. Mais une question vient tout de même aussitôt à l'esprit : qu'est-ce qui a donc changé ? Pour ne pas remonter au Déluge, voilà à peu près un an que la présidence de la République est vacante, que le pouvoir législatif végète, victime d'incessantes querelles sur le caractère « nécessaire » ou pas des textes qui lui sont présentés, et que le gouvernement a, de façon très réaliste, rangé de côté toute aspiration à aller au-delà du minimum syndical dans son action.
Qu'apporte donc au Liban ce Qalamoun bis que le premier Qalamoun et les autres escapades dans l'enfer syrien n'aient déjà importé ? À vrai dire, sur le plan strictement politique, pas grand-chose. Le blocage de l'élection présidentielle est appelé à se poursuivre indéfiniment, les désaccords sur les grands dossiers nationaux resteront gelés, le « petit » dialogue en cours entre le Futur et le Hezbollah survivra vaille que vaille, et ainsi de suite. Et puis l'on continuera à remplir les pointillés avec toutes sortes de campagnes distrayantes (quoique importantes), comme celle du nouveau code de la route ou encore celle pour l'amélioration de l'hygiène alimentaire.
En fait, géopolitiquement parlant, l'enjeu central chez les Libanais est toujours le même. Il n'a pas changé depuis quatre ans. Pour les uns, il faut attendre que Bachar el-Assad tombe avant de toucher à quoi que ce soit d'essentiel, et, pour les autres, il faut patienter jusqu'à ce que le même Bachar el-Assad triomphe.
L'une après l'autre, les institutions libanaises se sont retrouvées prisonnières de cette impossible équation. Conscientes de cet état de fait, les composantes politiques du pays assument parfaitement l'option attentiste qui en découle. Toutes le font, sans exception, celles qui veulent bien l'admettre comme celles qui jouent à la vierge effarouchée.
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Et sur le plan sécuritaire ? On serait tenté de croire qu'à l'instar de ce qui s'était produit en 2014, après la prise de la ville de Yabroud par le régime syrien, les combats sur les hauteurs syriennes de l'Anti-Liban ne peuvent que déborder d'une façon ou d'une autre de ce côté-ci de la frontière, notamment à travers la « brèche » de Ersal.
La participation du Hezbollah à la bataille favorise bien sûr ce débordement, non seulement parce qu'elle fait des localités chiites de la Békaa-Nord des cibles naturelles des rebelles syriens, mais aussi et surtout parce que le parti de Dieu fait abstraction totale de la frontière libano-syrienne à la fois pour des raisons militaires et politiques : les premières parce que ses arrières et sa base populaire se trouvent au Liban, les secondes parce qu'il entend démontrer que l'armée libanaise, la République islamique d'Iran, le régime de Bachar el-Assad et lui-même mènent tous un seul combat.
C'est loin d'être le cas. Même si la troupe ne s'est pas prononcée officiellement et de façon explicite sur les affrontements qui se déroulent du côté syrien de la frontière, plusieurs organes de presse se sont fait l'écho hier de responsables militaires libanais parlant sous le couvert de l'anonymat et disant tous à peu près la même chose : à savoir que l'armée n'est en aucun cas concernée par les batailles entre factions syriennes, seulement par la défense de ses positions et du territoire libanais.
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Toujours est-il que nonobstant l'issue de la confrontation en cours dans le Qalamoun, on ne croit pas, dans certains milieux sécuritaires au Liban, et non des moindres, qu'elle aurait de graves retombées sur la scène locale. Cela ne signifie pas pour autant que des incidents de moindre importance ne sont pas à craindre, mais simplement que la stabilité globale du pays, qui, d'ailleurs, résiste depuis des années aux terribles tempêtes de la région, n'est guère en danger.
Cela étant dit, il reste à clarifier deux points qui, en fait, se rejoignent : en premier lieu, il semble qu'à ce stade, le bruit fait autour de la bataille est plus amplifié que ne le sont les combats eux-mêmes. Secundo, les analystes de la région voient dans ce nouvel engagement plus une parade politique de la part du régime syrien et de ses alliés qu'une véritable offensive militaire à but stratégique.
La routine, quasiment...
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commentaires (6)
Analyse de la Situation excellente Vivant a l Etranger qui aurait put me dire qu elle Puissance Etrangere qui a secouru le Pauvre LIBAN avec les invasions Israeliennes S ils sont si attaches a leur Chef qu il aille vivre chez Eux Le Pauvre LIBAN n a t il pas deja trop souffert pourquoi le peuple doit toujours Payes Qu elle crime nous avons commis ? Combien de temps resterons nous sans PRESIDENT ? Albert F A H D
FAHD Albert
14 h 50, le 09 mai 2015