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À La Une - Corée du Nord

Pourquoi Kim Jong-Un a-t-il renoncé à se rendre à Moscou?

En annonçant l'annulation de la venue du jeune dirigeant nord-coréen, le porte-parole du Kremlin avait invoqué des "questions de contingence intérieure". Une explication qui ne convainc pas les experts.

Le leader nord-coréen lors d'une séance photo. REUTERS/KCNA

La décision de Kim Jong-Un de renoncer aux célébrations de la victoire sur l'Allemagne nazie le 9 mai à Moscou tient davantage au souci du régime de contrôler l'image de son leader qu'à des menaces d'instabilité intérieure, estiment des experts.


En annonçant l'annulation de la venue du jeune dirigeant nord-coréen, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait invoqué des "questions de contingence intérieure". Le Kremlin n'a donné aucune précision supplémentaire sur les motifs de défection de Kim mais les termes "contingence intérieure" semblaient faire référence à des difficultés politiques rencontrées par le régime.


"Je n'y crois pas du tout", assène Andrei Lankov, un fin connaisseur de la Corée du Nord. "Il n'y a pas de signe de dissidence collective au sein de la direction. (Kim) a remplacé ses hauts gradés militaires et sa position semble très solide", affirme ce professeur de l'université Kookmin de Séoul.
Pour de nombreux observateurs, sa future visite à Moscou avait été perçu comme un signe de la volonté de Pyongyang de réduire sa dépendance à l'égard de la Chine, son principal allié, et de se rapprocher de Moscou, qui a multiplié les signes de soutien. Kim aurait dû effectuer à cette occasion son premier voyage officiel à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir à la mort de son père Kim jong-Il en décembre 2011.
Son agenda diplomatique reste relativement modeste: il a bien reçu des responsables chinois à Pyongyang, mais la personnalité la plus en vue qu'il ait jamais accueillie est sans doute l'ancien basketteur américain Dennis Rodman.


Les manifestations du 9 mai à Moscou, boudées par la plupart des dirigeants occidentaux en raison du rôle attribué à la Russie dans le conflit ukrainien, lui donnaient l'occasion d'apparaître aux côtés du Chinois Xi Jinping, de l'Indien Narendra Modi ou encore du Cubain Raul Castro.
"Finalement je crois que c'est peut-être ça le vrai problème", avance Yang Moo-Jin, professeur de l'Université des études nord-coréennes à Séoul. "Ce jeune homme ne s'est jamais frotté à aucun dirigeant étranger et tout à coup il comprend qu'il doit en rencontrer pleins à la fois", un contexte idéal pour un impair médiatisé, explique-t-il.

 

- Un dirigeant impulsif -
La dynastie communiste au pouvoir en Corée du Nord règne d'une main de fer sur ce pays hermétique et secret depuis plus de six décennies et le culte de la personnalité y est abondamment pratiqué.
Kim Jong-Un s'est montré plus spontané que son père Kim Jong-Il qui détestait s'exprimer en public, mais ses apparitions sont millimétrées et les photos ou vidéos le mettant en scène sont minutieusement calibrées avant d'être diffusées.


"Il semble assez impulsif, il est possible qu'il ait vraiment eu l'intention d'aller à Moscou. Mais les chausse-trappes sont réelles. Même la Russie ne pouvait garantir le niveau de contrôle des médias auquel il est habitué", précise Andrei Lankov. "Il existe toujours le risque d'un face-à-face avec un dirigeant étranger ouvertement hostile qui pourrait décider d'exprimer osentensiblement son rejet à des fins de pure politique intérieure".


Moscou annulé, la plupart des analystes conviennent que Kim Jong-Un devrait connaître son baptême du feu diplomatique lors d'un sommet bilatéral, probablement à domicile car les Kim n'ont jamais été très forts sur les voyages.
Le grand-père de Jong-Un, Kim Il-Sung, fondateur de la Corée communiste, s'est rendu dans la plupart des pays du bloc soviétique mais la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'URSS ont considérablement réduit l'éventail de destinations pour Kim jong-Il qui lui succéda en 1994. Pour ne rien arranger Kim Jong-Il détestait prendre l'avion et limitait ses sorties à des déplacements en train blindé en Russie et en Chine.


La Chine, principal allié diplomatique et bailleur de fonds de Pyongyang, devrait maintenant être un choix naturel pour Jong-Un comme première étape étrangère de sa jeune carrière autocratique. Mais les relations entre Pékin et Pyongyang se sont tendues ces dernières années devant l'entêtement de la Corée du Nord à se doter de l'arme nucléaire, entraînant une batterie de sanctions internationales.
La première visite sur la péninsule coréenne du président chinois Xi Jinping en tant que chef d'Etat fut l'an dernier pour le sud capitaliste. "Je pense quand même que la première rencontre au sommet de Kim se fera avec la Chine", estime Paik Hak-Soon du Sejong Institute. "C'est le seul pays qui peut apporter son aide économique au Nord, et Kim le sait très bien".

 

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La décision de Kim Jong-Un de renoncer aux célébrations de la victoire sur l'Allemagne nazie le 9 mai à Moscou tient davantage au souci du régime de contrôler l'image de son leader qu'à des menaces d'instabilité intérieure, estiment des experts.
En annonçant l'annulation de la venue du jeune dirigeant nord-coréen, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait invoqué des...

commentaires (3)

Pourquoi ? Pour ne pas devenir encore plus autocrate et paranoïaque débile.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 50, le 02 mai 2015

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Commentaires (3)

  • Pourquoi ? Pour ne pas devenir encore plus autocrate et paranoïaque débile.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 50, le 02 mai 2015

  • C'EST QUE... ILS ONT FERMÉ À COUP SÛR LES THÉÂTRES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 47, le 02 mai 2015

  • Au pays des hydrocéphales ...les grenouilles croassent dans le désert aride ...(proverbe taiwanais )

    M.V.

    11 h 23, le 02 mai 2015

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