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Économie - Interview

« La zone économique de Tripoli profitera de la reconstruction syrienne »

Le gouvernement a nommé début avril les membres de l'Autorité de la zone économique de Tripoli, débloquant ainsi la mise en œuvre d'un projet initié par une loi promulguée en 2008. Sa nouvelle présidente, Raya el-Hassan, explique à « L'Orient-Le Jour » comment cette zone pourrait redynamiser l'activité de la ville.

L’ex-ministre des Finances Raya el-Hassan vient d’être nommée présidente de la direction de la zone économique spéciale de Tripoli.

L'Autorité de la zone économique de Tripoli devait être mise en œuvre il y a maintenant six ans. Pourquoi sa création a-t-elle pris autant de temps ?
Les divisions politiques ont freiné le processus de nomination de la direction de la zone économique. Mais aujourd'hui, la nécessité de sortir Tripoli de son déclin économique et social l'a finalement emporté sur les querelles partisanes. Nous n'avons pas de chiffres exacts pour évaluer le taux de chômage local, mais 80 % de la population tripolitaine n'a pas accès aux services publics élémentaires, tels la sécurité sociale et les soins médicaux, l'eau ou la scolarisation. Conjugué à la radicalisation religieuse d'une frange de la population, cela constitue un ferment dangereux de tension sociale et de frustration. Cette zone permettra de répondre à ces enjeux sociaux en stimulant l'activité économique de Tripoli, ce qui donnera les moyens à bien des ménages de sortir de la pauvreté. C'est également un pari sur l'avenir dans la mesure où elle profitera sans doute de la reconstruction syrienne.

Le projet prévoit la construction de plusieurs infrastructures. Quel est son état d'avancement ?
Il va d'abord falloir actualiser l'étude de faisabilité réalisée en 2011. Pour la suite, le reste est encore à définir. Plusieurs options sont à l'étude et nombre d'acteurs se tiennent prêts à nous aider : la Banque mondiale pourrait par exemple nous apporter une assistance technique dans la conception du site tandis que certains industriels pourraient eux-mêmes prendre en charge la construction des bâtiments qu'ils occuperont.
Ce qui est en revanche établi, c'est la poldérisation préalable de la zone d'eau attenante au port. Et ce afin d'obtenir une parcelle de terre de 550 000 m² constructibles. Cette phase préliminaire pourrait prendre environ deux ans. Le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) lui consacre un budget de 24 à 27 millions de dollars.
L'étape suivante consistera à définir avec le Conseil des ministres un budget prévisionnel pour la construction des infrastructures. Ce budget sera sans doute financé à travers des dons ou des emprunts contractés auprès d'institutions financières et d'acteurs privés.

S'agit-il d'un projet de développement exclusivement industriel ?
Non, nous voulons au contraire diversifier les activités de la zone afin d'encourager la main-d'œuvre locale à développer plusieurs types de talents, notamment dans la haute technologie. Le secteur des services sera représenté car le regroupement de ces activités favorisera les synergies avec les industries présentes. Le plan directeur déterminera la segmentation de cette zone économique entre les différentes activités, leur répartition sectorielle variera, elle, en fonction des retours sur investissement escomptés.

Comment comptez-vous promouvoir l'attractivité de Tripoli ?
Pour parvenir à un développement optimal de la zone, nous souhaitons consulter les dirigeants de la collectivité locale de Tripoli à chaque étape. Le décret ministériel ne leur assigne malheureusement aucun rôle particulier. Nous comptons surtout avoir recours à des études comparatives : la ville marocaine de Tanger, avec sa zone franche et son site industriel, qui constitue l'un des pôles économiques les plus réputés de la zone Mena, pourrait être un exemple à suivre en termes de modèle économique.
Dans un second temps, nous souhaitons mettre en place des incitations fiscales, comme des exonérations de TVA sur l'achat de matières premières importées ou locales, pour envoyer un signal fort aux entrepreneurs. Des exonérations sur les cotisations patronales de sécurité sociale pour les travailleurs étrangers, ainsi que des allègements de l'impôt foncier, sont également envisagés.

Comment envisagez-vous, dans ces conditions, d'assurer la protection sociale des travailleurs étrangers?
Nous avons tous intérêt à ce que les travailleurs, nationaux ou étrangers, soient protégés et économiquement intégrés. Faute de quoi les indicateurs sociaux de la ville reteraient dans le rouge et la baisse de la demande locale s'accélérerait. Les travailleurs doivent notamment bénéficier de soins médicaux ou être en mesure de se défendre en cas de non-respect du code du travail et des normes internationales en vigueur. Les décrets d'application de la loi, qui prévoit la création de la zone franche, pourraient être révisés si leurs dispositions n'offrent pas de garanties satisfaisantes à cet égard.

 

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