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À La Une - Coalition

Riyad et Le Caire annoncent des manœuvres en pleine guerre au Yémen

L'Iran veut un cessez-le-feu pour empêcher el-Qaëda de profiter de la situation.

Des combattants fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, à Aden, où les affrontements les opposant aux Houthis ont fait sept morts dont trois civils, le 15 avril 2015. AFP PHOTO / SALEH AL-OBEIDI

L'Arabie saoudite et l’Égypte, les deux piliers de la coalition contre les rebelles chiites au Yémen, ont annoncé mercredi leur intention d'organiser de grandes manœuvres militaires sur le sol saoudien, trois semaines après le début des frappes au Yémen.

Les avions de la coalition de neuf pays arabes menée par le royaume saoudien sunnite ont mené de nouveaux raids contre les rebelles liés à l'Iran chiite. La coalition a été renforcée diplomatiquement par l'adoption mardi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution sommant les rebelles Houthis de se retirer des régions qu'ils ont conquises depuis septembre 2014, y compris la capitale Sanaa. Curieusement, les Houthis n'avaient pas formellement réagi mercredi à cette décision, leur chaîne de télévision se contentant d'afficher à l'écran qu'il s'agissait d'un "crime contre le Yémen". Cette chaîne a appelé à des défilés à Sanaa pour dénoncer la résolution, mais peu de manifestants se sont rassemblés devant les bureaux de l'ONU, selon un correspondant de l'AFP.


"Ligne rouge"

En plein conflit au Yémen, frontalier de l'Arabie saoudite, Riyad et le Caire vont former une commission pour tenir de "grandes" manœuvres militaires conjointes dans le royaume saoudien. Y participera "une force arabe comprenant des troupes égyptiennes, saoudiennes et des États du Golfe", a annoncé la présidence égyptienne. Aucune indication n'a été donnée sur le calendrier, l'ampleur ou les modalités de ces exercices annoncés après une rencontre mardi entre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le ministre saoudien de la Défense, Mohammed ben Salmane ben Abdel Aziz.

 

(Lire aussi : Sur la « ligne rouge », les Saoudiens ont les yeux rivés vers le Yémen)

 
Durant l'entretien, M. Sissi a répété que "la sécurité dans le Golfe arabique constitue une ligne rouge pour l’Égypte et est partie intégrante de sa propre sécurité nationale, en particulier en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandeb", qui sépare l'Afrique de la péninsule arabique. L’Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe, participe activement à la coalition anti-Houthis. Elle a aussi été à l'avant-garde de l'annonce, le 29 mars par la Ligue arabe, de la création d'une future force arabe permanente, dont l'objectif principal sera de combattre les groupes jihadistes, notamment en Libye. La question d'une éventuelle intervention au sol est souvent posée au porte-parole saoudien de la coalition pour le Yémen, le général de brigade Ahmed Assiri qui répond immanquablement que "toutes les options sont ouvertes".

 

"Cessez-le feu"

Sur le plan diplomatique, l'Iran veut user de son influence afin d'obtenir un cessez-le-feu au Yémen afin d'empêcher "el-Qaëda de profiter de cette situation épouvantable pour progresser", a déclaré mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. "Nous devons mettre fin aux bombardements et au carnage au Yémen et empêcher el-Qaëda de profiter de cette situation épouvantable pour progresser", a relevé M. Zarif devant la presse à Lisbonne à l'issue d'un entretien avec son homologue portugais Rui Machete.

"Nous sommes prêts à utiliser notre influence sur tous les groupes" auprès desquels ce sera possible et "pas uniquement auprès des Houthis et des Chiites", pour "amener tout le monde à la table des négociations", a ajouté le chef de la diplomatie iranienne. "Si nous voulons empêcher cette crise de s'étendre" dans la région, il faut "arrêter les combats et rechercher une solution politique", a fait valoir M. Zarif, rappelant les contours d'un plan de paix "en quatre points" qu'il a proposé la veille à Madrid.

Il faut "en premier lieu un cessez-le-feu, puis de l'aide humanitaire et l'ouverture d'un dialogue entre les Yéménites" avant "la constitution d'un gouvernement de rassemblement qui entretienne de bonnes relations avec tous ses voisins".

Mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé un embargo sur les armes à l'encontre des rebelles chiites au Yémen, leur intimant l'ordre de se retirer des zones qu'ils ont conquises depuis une offensive déclenchée à l'été 2014. Dans une résolution, l'ONU demande à "toutes les parties" au conflit de négocier dans les plus brefs délais une "cessation rapide" des hostilités, sans imposer à la coalition arabe qui combat les Houthis de suspendre les raids aériens.

 

"Pas d'électricité"

Au 21e jour des raids, les avions de la coalition ont visé un ensemble de bâtiments de l'administration provinciale de Saada, fief des Houthis (nord), selon des habitants. Ils ont aussi frappé des positions rebelles à Aden, la capitale du sud du Yémen. Dans cette cité portuaire, les affrontements se poursuivaient entre les Houthis aux fidèles du président Abd Rabbo Mansour Hadi, faisant sept morts dont trois civils, selon des sources médicales. Les combats ont aussi touché Taëz, la grande ville du sud-ouest, où des officiers pro-Hadi ont déploré la perte de trois des leurs et affirmé avoir tué une vingtaine de Houthis. Et dans la province de Daleh, au nord de Aden, les pro-Hadi ont affirmé avoir tué 16 Houthis dans des embuscades et des échanges de tirs.

 

(Lire aussi : Aucun répit dans les violences : la crise humanitaire s'aggrave)

 
Alors que les violences ont fait depuis le 19 mars des centaines de morts au Yémen, dont un grand nombre de civils selon l'ONU, la situation humanitaire continue à empirer notamment à Sanaa, sans électricité depuis trois jours et où les produits alimentaires se font rares ou sont hors de prix, selon des habitants. Les Houthis, venus de leur fief dans le nord, sont entrés dans la capitale le 21 septembre 2014 avant d'en chasser le pouvoir de M. Hadi en janvier et d'entreprendre la conquête du sud. Après avoir pris des régions du centre et de l'ouest, ils sont arrivés à Aden le 26 mars, jour du déclenchement de la campagne aérienne arabe.
Mercredi, le président du Parlement turc Cemil Ciçek a annoncé que son pays souhaitait l'organisation à Istanbul ou à Riyad d'une conférence internationale pour la paix au Yémen, qui regrouperait toutes les parties.

 

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