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Moyen Orient et Monde - Yémen

L’embargo onusien sur les armes à destination des houthis laisse sceptique

Le Conseil de sécurité n'impose pas à la coalition arabe de suspendre les raids aériens.

Les raids aériens et les combats ont fait 52 morts hier, majoritairement des houthis, dans le Sud, selon diverses sources. Saleh al-Obeid/AFP

Le Conseil de sécurité de l'Onu a fait montre de fermeté en imposant hier un embargo sur les armes contre les rebelles chiites au Yémen, mais le scepticisme demeure quant aux effets de cette première résolution depuis le début de la campagne aérienne saoudienne.
Le pays est soumis depuis vingt jours à des raids visant les rebelles houthis et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Les centaines de pertes civiles ont de nouveau été dénoncées par des responsables des Nations unies. La résolution de l'Onu somme les miliciens chiites de se retirer des zones qu'ils ont conquises depuis qu'ils ont lancé l'été 2014, à partir de leur fief dans le nord, une offensive qui leur a permis de s'emparer de la capitale Sanaa et de vastes régions du pays.
Quatorze des 15 pays membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution. La Russie s'est abstenue. La résolution, mise au point par des pays du Golfe et parrainée notamment par la Jordanie, demande à « toutes les parties » au conflit de négocier dans les plus brefs délais une « cessation rapide » des hostilités. Mais elle n'impose pas à la coalition arabe qui combat les houthis, soutenus par l'Iran, de suspendre les raids aériens. Tout au plus exhorte-t-elle les combattants à préserver la population civile et charge-t-elle le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon de « redoubler d'efforts pour faciliter la livraison de l'aide humanitaire ».

« Soutien » aux raids, selon Riyad
À Riyad, un porte-parole de la coalition, le général Ahmad al-Assiri, a estimé que l'embargo était « avant tout une victoire pour le peuple yéménite ». Pour l'ambassadeur saoudien à l'Onu Abdallah al-Mouallimi, la résolution fournit « un soutien sans équivoque » à l'offensive militaire de la coalition. Le Conseil de sécurité s'était contenté jusqu'ici de proclamer son soutien au président « légitime » Hadi, réfugié en Arabie saoudite. Avant le début de la campagne aérienne, il avait imposé des sanctions contre deux commandants houthis et contre l'ex-président Saleh. Mais le gel de leurs avoirs et l'interdiction de voyage n'ont pas infléchi ces acteurs de la crise yéménite dans leur conquête du pouvoir. Le Conseil a décidé hier le gel des avoirs et une interdiction de voyage contre le chef des houthis Abdel Malek al-Houthi et contre le fils de l'ex-président, Ahmad Ali Abdallah Saleh. Les États-Unis lui ont emboîté le pas en annonçant hier leurs propres sanctions financières contre les deux hommes.
Néanmoins des diplomates du Conseil se montrent sceptiques sur ces mesures. Ils rappellent que, selon des experts de l'Onu, le Yémen compte déjà plus de 40 millions d'armes et que les houthis ne voyagent pas régulièrement, ni ne disposent d'importants comptes bancaires à l'étranger. Quant à l'embargo sur les armes, l'Iran qui est soupçonné malgré ses démentis d'en fournir aux houthis est déjà sous le coup d'un embargo. Ce qui n'a pas empêché Washington d'exhorter l'Iran à le respecter.

Plan iranien
Téhéran, qui a condamné la campagne aérienne menée par son rival saoudien, a proposé de son côté un plan visant à pacifier le Yémen. « J'ai proposé un cessez-le-feu, suivi d'un dialogue incluant toutes les parties et facilité par d'autres », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif. Pour sa part, l'ambassadeur russe à l'Onu Vitali Tchourkine a souligné que Moscou aurait préféré que « l'embargo sur les armes soit total », c'est-à-dire concerne les deux camps et pas seulement les houthis. Il a aussi estimé que la résolution n'insistait pas assez sur l'urgence d'une trêve humanitaire. Le Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad al-Hussein, a demandé une enquête sur les pertes civiles au Yémen où 736 morts ont été enregistrés depuis le début de l'escalade du conflit. Il a déploré « le lourd bilan des civils tués ». Mais les chiffres réels sont plus élevés, car de nombreux corps ne sont pas envoyés dans les centres médicaux, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Sur le terrain, les raids aériens et les combats ont fait 52 morts hier, majoritairement des houthis, dans le Sud, selon diverses sources. Parallèlement, des hommes armés de tribus sunnites du Sud se sont emparés, dans le golfe d'Aden, de l'unique terminal gazier du Yémen, celui de Belhaf, qui assure 30 % des revenus publics.
Enfin, el-Qaëda au Yémen a annoncé dans un communiqué la mort d'un de ses idéologues en chef, Ibrahim al-Rubaish, tué la veille dans une attaque par un drone américain, signe que les États-Unis continuent, malgré le conflit, leur action contre le réseau extrémiste.
(Source : AFP)

Le Conseil de sécurité de l'Onu a fait montre de fermeté en imposant hier un embargo sur les armes contre les rebelles chiites au Yémen, mais le scepticisme demeure quant aux effets de cette première résolution depuis le début de la campagne aérienne saoudienne.Le pays est soumis depuis vingt jours à des raids visant les rebelles houthis et leurs alliés, des militaires...

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