« Peut-être que je n'ai pas choisi ma voie, j'ai simplement suivi les signes que Dieu m'a envoyés. » Avec ses cheveux prématurément blanchis, Jocelyne Khoueiry est une femme dotée d'une foi immense qui lui donne cette force positive pour aider les autres à revenir aux valeurs spirituelles. Son nom est pourtant lié à la guerre, puisqu'elle est la pionnière de l'engagement des femmes dans les combats.
On aurait pu croire qu'avec cette expérience, elle serait devenue une personne endurcie, habituée à la violence. Pas du tout. Tout en assumant son passé de combattante, elle reste une femme de cœur qui a tiré de cette expérience inhabituelle la vision d'un destin qui la pousse aujourd'hui à être au service de la vie, de la famille, des valeurs qu'elle véhicule et de l'Église. Elle a même été nommée par le pape François membre du Conseil pontifical des laïcs dont l'objectif est d'aider le Saint-Père à réfléchir sur le rôle des laïcs à répandre les valeurs de l'Évangile.
Tout a commencé pour Jocelyne Khoueiry dans les années 70, lorsqu'elle a senti qu'un danger représenté par les Palestiniens qui intervenaient dans tous les détails de la vie libanaise menaçait son pays. Issue d'une famille de six garçons et deux filles et habitant près du siège central du parti Kataëb, elle s'est naturellement enrôlée dans ce parti. Lorsqu'il a fallu prendre les armes en 1975, elle a suivi le mouvement. Par le hasard des rounds militaires, elle s'est retrouvée avec 5 de ses compagnes, le 31 mai 1976, seules à défendre une partie du front au centre-ville. En tournée d'inspection sur le toit d'un immeuble, elle a senti une forte présence et s'est agenouillée pour demander à la Vierge de protéger « ses filles ». Miracle, les six filles ont réussi à repousser l'assaut d'une centaine de combattants. Une seule d'entre elles a été blessée. Pour Jocelyne, ce fut un véritable déclic. La Vierge avait entendu ses prières et l'avait ainsi menée vers Dieu.
Pendant la trêve des années 77-79, elle songe à déposer les armes et prendre le voile. Elle fréquentait d'ailleurs les religieuses à la recherche de sa voie. Mais Bachir Gemayel la rattrape en 1980 et lui demande de former 500 filles au port des armes, les fameuses « combattantes » du parti. Jocelyne Khoueiry a compris qu'elle pouvait, en plus de l'entraînement militaire, leur donner le goût de Dieu et contribuer ainsi à la création de la résistance de ses rêves. De fait, grâce à elle et à ses combattantes, il y a eu un sursaut spirituel chez les Forces libanaises à l'époque. En même temps, elle s'inscrit à des études de théologie à l'Usek. Le 12 mars 1985, avec la première initifada au sein des FL, elle comprend que c'est le début d'un cycle de violence. Avec « ses filles », elle a condamné ces agissements et s'est retirée. Plutôt que de se laisser ronger par l'amertume, elle a choisi, avec son « noyau » de filles, de faire ce qu'elle aime. C'est ainsi qu'en 1988, elle a fondé « La Libanaise-Femme du 31 mai », un mouvement marial qui vise à développer la vie spirituelle et sociale des femmes, et à accompagner les familles en difficulté.
Dès 1995, ce mouvement contribue à la création de « Oui à la vie », basé sur l'importance de la vie humaine. En 2000, le centre Jean-Paul II est inauguré. Il aide les couples et les familles en difficulté. Depuis 2006, ce centre a deux filiales, au sud et au Chouf. Actuellement, Jocelyne Khoueiry se consacre à la restauration du couvent Saint-Joseph à Daroun, destiné à être un lieu de formation pour les femmes, les jeunes et les couples, et un lieu de retraite et de réconciliation. En dépit du manque de fonds, elle est convaincue que Marie leur accordera les outils nécessaires pour continuer leur mission. Elle donne aussi des cours pour les adultes à l'Institut de formation religieuse et elle se bat contre ceux qui veulent « déshumaniser la société, sous couvert de modernité ». Elle a bien sûr des moments de doute, ces « nuits de la foi », comme elle les appelle, mais la Vierge est toujours là pour lui montrer le chemin.
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Bonjour , j'ai connu Jocelyne en 1981-82 à Ouyoune -Es Simane où j'ai passé tout l'hiver. J'avais sympathisé plus particulièrement (en tout bien tout honneur) avec quelques unes de ses filles qui s'occupaient de nous nourrir . Tout ceci ne nous rajeunit pas . Sans doute étaient elles douées en diététique car à l'époque je pesais 80 kg , j'en fais hélas maintenant un peu plus de 120 . Un grand merci à elle et à ses filles
12 h 19, le 21 avril 2015