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Culture - 40e anniversaire de la guerre libanaise

Holiday In(n)terrompu

Emblématique de la guerre, ce vaisseau fantôme charrie une histoire étrangement similaire à celle du Liban. Et hante l'imaginaire de nombreux artistes...

Décembre 1975. La bataille des grands hôtels bat son plein. Une fumée noire monte en grosses volutes du Holiday Inn. L'image paraît à la une des journaux. Elle restera gravée dans l'inconscient collectif et enflammera à son tour l'imagination des artistes, plusieurs années après la fin des événements.

Car l'imposante et immuable carcasse de la tour signée André Woginsky, à la façade déguisée en passoire, nargue toujours les Beyrouthins du haut de ses 24 étages. Jadis paquebot de luxe, le bâtiment est aujourd'hui fouetté par les vents, à l'avenir incertain, entre possibilité de démolition ou espoir, même maigre, d'une renaissance toute phénixienne. Le parallélisme avec Beyrouth, même s'il fait cliché, est assez saisissant.
C'est donc un fantôme. Un vaisseau fantôme qui transporte avec lui, tout à la fois, une mémoire dérangeante et des souvenirs d'un passé glorieux. Entre odeur de soufre et paillettes. Une bipolarité présente dans les différentes représentations artistiques qui s'en inspirent.

L'aspect résolument sombre, dense et menaçant est représenté dans l'œuvre d'Ayman Baalbacki : Holiday Inn (2010), acrylique sur papier, de moyen format (70 x 45 cm) et le fameux Holiday Inn Seeking the Heights, huile sur tissu, avec aplats de cuivre, installation lumineuse vendue chez Christie's à 47 500 dollars.
Plus colorée, plus pop et surtout plus nostalgique est l'œuvre de Lamia Ziadé, dont l'ouvrage Bye Bye Babylone (2010, éditions Denoël) en diffuse des réminiscences douces. Parfum de seventies glamour et... explosives, puisque l'artiste-illustratrice propose ici de revenir en images sur son histoire personnelle, mais aussi sur la mémoire collective des premières années de guerre. Ou comment elle a dit bye bye à son Babylone, à sa tour du Holiday Inn où, au restaurant du dernier étage, elle a dégusté le meilleur hamburger au monde. La citadelle où son oncle Ignace est resté bloqué pendant trois mois, caché dans la blanchisserie du sous-sol, le temps qu'ont duré les combats.

Benoît Debbané, tout aussi pétaradant, s'est également emparé de l'image en feu du Holiday Inn pour réaliser un ensemble de peintures au pochoir rehaussé d'aérographe et de collage. Le tout joyeusement intitulé Pop, Boom, crack.
Bourj 2010/Bunker 2011, l'installation de Mona Hatoum, à classer du côté des œuvres noires, regroupe plusieurs maquettes d'édifices, dont celle du Holiday Inn, en empilement de tubes d'acier rectangulaires, troués d'autant d'impacts de balles ou d'obus.

Avec Alfred Tarazi, la tour porte des correspondances avec les amants des Ailes brisées de Gebran. Le Holiday Inn devient, à travers une série de photos en séquence, la cave où Selma tentait d'accéder à un semblant de bonheur conjugal...
Côté photographie, on citera également celles de Sirine Fattouh qui a saisi en noir et blanc la carcasse du Holiday Inn, avec son alignement de béances en guise de fenêtres.

Mazen Kerbage a croqué la façade de face, Zeina el-Khalil l'a traduite en collages kitsch, Alia Hamdane l'a dansé en 2006 à Bipod et Ely Dagher a construit tout un pan de son histoire tragique, lors d'une installation audiovisuelle.
Du 13e étage du Holiday Inn, Rabih Mroueh avait élaboré une partie de sa pièce performance How Nancy wished that everything was an april fools joke (poisson d'avril).
Nous aussi, d'ailleurs, en cette funeste commémoration.

 

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Décembre 1975. La bataille des grands hôtels bat son plein. Une fumée noire monte en grosses volutes du Holiday Inn. L'image paraît à la une des journaux. Elle restera gravée dans l'inconscient collectif et enflammera à son tour l'imagination des artistes, plusieurs années après la fin des événements.Car l'imposante et immuable carcasse de la tour signée André Woginsky, à la façade...

commentaires (1)

La bataille des grands hôtels ou la rupture totale de l'unité de Beyrouth divisée en est ouest chrétiens , musulmans et qui dure toujours.

Sabbagha Antoine

07 h 49, le 14 avril 2015

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Commentaires (1)

  • La bataille des grands hôtels ou la rupture totale de l'unité de Beyrouth divisée en est ouest chrétiens , musulmans et qui dure toujours.

    Sabbagha Antoine

    07 h 49, le 14 avril 2015

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