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Liban - TSL

La défense effectue une percée et s’emploie à démontrer qu’Israël avait tout intérêt à assassiner Rafic Hariri

Moustapha Nasser remet en cause le témoignage de Fouad Siniora devant le tribunal.

La défense est sortie de sa torpeur. Tel est le constat que l'on peut faire après le contre-interrogatoire de Moustapha Nasser, l'ex-conseiller de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, qui témoignait hier pour le deuxième jour consécutif.
Après le cortège des témoins prohaririens invités à la barre par l'accusation, la défense a saisi l'occasion du passage de M. Nasser – qui était également médiateur entre Rafic Hariri et le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah – pour sortir son arsenal juridique en matraquant le témoin de questions visant à saboter la thèse défendue par l'équipe du procureur. Tour à tour, les conseils de Hussein Hassan Oneïssi et de Moustapha Badreddine – Yasser Hassan et Antoine Korkomaz – cherchent à démonter les accusations visant le Hezbollah ou ses membres, ainsi que les insinuations relatives à une complicité de la Syrie dans l'explosion du 14 février 2005.


Lentement mais sûrement, les deux conseils avancent leurs pions et tentent de démontrer que l'ancien Premier ministre entretenait de très bonnes relations – exceptionnellement ponctuées de revirements – avec Hassan Nasrallah et que la crise entre Rafic Hariri et le régime syrien n'était pas irréversible.
Yasser Hassan parvient ainsi à soutirer du témoin la reconnaissance que l'ancien Premier ministre considérait le parti chiite comme une véritable résistance qu'il cherchait à protéger, et que, par conséquent, il ne craignait aucunement le Hezbollah comme préalablement suggéré par d'autres témoignages. Le témoin a été appelé à répondre à une série de questions portant sur la « confiance absolue » qu'avait l'ancien chef de gouvernement en Hassan Nasrallah et son parti, notamment pour ce qui est de sa sécurité personnelle, lorsqu'il se rendait régulièrement au siège du Hezbollah.
« La coopération entre les deux hommes était indiscutablement dans l'intérêt du pays. Pouvez-vous imaginer un seul instant ce qui serait advenu si la présidence du Conseil des ministres devait être en désaccord avec une résistance armée ? » dit le témoin, en ajoutant un peu plus loin : « La relation était bien plus marquée par le dialogue que par le conflit. »

 

(Lire aussi : Nasrallah accusait Rafic Hariri de comploter contre lui, révèle un témoin)


M. Nasser a été ensuite interrogé sur les interventions de Rafic Hariri auprès de la communauté internationale en faveur du Hezbollah, évoquant à plusieurs reprises l'intercession de l'ancien Premier ministre auprès de l'ancien président français, Jacques Chirac, pour empêcher que le parti chiite soit placé sur la liste européenne des organisations terroristes.
On parlera également des efforts entrepris par l'ancien chef de gouvernement au lendemain de l'agression israélienne de 1996 contre le Liban (Les raisins de la colère), pour parvenir à une reconnaissance internationale de la légitimité de la résistance. Le témoin rappelle en outre comment Rafic Hariri a aussi contribué, en collaboration avec la Syrie, à l'annulation des accords du 7 mai 1983 entre Israël et le Liban, prévoyant la fin des hostilités et le respect mutuel de la souveraineté des deux pays.

 

À qui profite le crime ?
La résolution 1559 est alors évoquée en long et en large, la défense insistant sur l'interprétation qu'en avait fait le témoin aussi bien que Rafic Hariri.
« Pour Rafic Hariri (...), l'application de la 1559 ne devait pas porter sur le désarmement du Hezbollah. Il considérait en outre que les forces syriennes devaient se redéployer jusqu'à la Békaa », dit M. Nasser.
La défense lui demande alors si une telle vision n'était pas préjudiciable à Israël tout comme la relation positive de Hariri avec le Hezbollah. « Le comportement de Rafic Hariri – qui a œuvré à la neutralisation des effets de la 1559 – ne représentait-il pas un danger pour Israël ? » « Si », répond le témoin. « L'ancien Premier ministre n'avait-il pas ainsi déclaré la guerre à l'État hébreu ? »
« Politiquement parlant, si », renchérit M. Nasser.
Le conseil de Oneïssi poursuit sur sa lancée et évoque la fin tragique de l'ancien responsable des Forces libanaises, Élie Hobeika. Il explique aux juges, qui ne voyaient encore aucun lien avec l'affaire, comment Hobeika a été tué, en janvier 2002, dans un attentat à la voiture piégée. « Il a été tué 48 heures avant que les enquêteurs internationaux dépêchés de Belgique ne viennent solliciter son témoignage dans l'affaire des massacres de Sabra et Chatila, mettant en cause l'ancien Premier ministre, Ariel Sharon », explique l'avocat

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(Lire aussi : « Al-Jadeed » devant le TSL le 16 avril, le décryptage de Scarlett Haddad)

 

Le Rassemblement du Bristol
Rafic Hariri partageait-il les mêmes avis que ceux qui étaient prédominants au sein du Rassemblement du Bristol ? « Non », dit encore le témoin avant de lancer, en réponse à une autre question : « Je ne lis plus le journal al-Moustaqbal depuis bien longtemps malheureusement. Je ne pourrais pas vous dire si c'est un quotidien objectif ou non. »
À une série de questions portant sur l'attitude du Hezbollah par rapport à la création d'un tribunal arabe au lendemain de l'assassinat de Hariri, Moustapha Nasser affirme, preuve à l'appui, que le chef du Hezbollah n'en a jamais contesté le principe. « Au contraire », assure-t-il.


Au tour d'Antoine Korkomaz, le conseil de défense de l'accusé Moustapha Badreddine, de prendre la relève avec une série de questions qui visaient également à démontrer la bonne relation qu'entretenaient Rafic Hariri et Hassan Nasrallah. L'avocat interroge M. Nasser sur la mort de Hadi Nasrallah, le fils du chef du Hezbollah, en septembre 1997, pour entendre dire le témoin à quel point Rafic Hariri était affecté et l'admiration qu'il avait pour « un père capable de sacrifier son fils pour la résistance ». Le témoin relate à ce sujet les efforts entrepris par l'ancien Premier ministre auprès de la Croix-Rouge internationale pour faire venir le corps de Hadi Nasrallah d'Israël – dans le cadre d'un échange entre les deux pays –, alors que son père, qui le considérait sur un pied d'égalité que les autres « résistants », ne voulait pas d'un traitement de faveur. Le geste de Rafic Hariri a profondément ému le leader chiite, raconte M. Nasser. Ce dernier conclut son témoignage en racontant – toujours pour prouver que la relation entre les deux hommes était au beau fixe – comment l'ancien Premier ministre avait donné l'ordre de prendre en charge les soins médicaux en France de la fille du député du Hezbollah, Ali Ammar, qui souffrait d'un cancer, ainsi que les frais de séjour de l'ensemble de la famille. Ali Ammar était pourtant en très mauvais termes avec Rafic Hariri, tient à rappeler le témoin.
Le coup de massue viendra en deux questions finales que l'avocat pose au témoin : « Fouad Siniora (ancien chef de gouvernement) a affirmé au cours de son témoignage devant le TSL que le Hezbollah a tenté d'assassiner Rafic Hariri à plusieurs reprises. Ce dernier a-t-il jamais évoqué cela devant vous ? » « Non », répond le témoin avant d'ajouter : « Je me demande comment Rafic Hariri pouvait se rendre plusieurs fois dans la banlieue sud, s'il avait peur d'être assassiné. » « Êtiez-vous au courant des menaces qui auraient été proférées par Bachar el-Assad à Rafic Hariri lorsqu'il lui a assuré qu'il détruira le Liban sur sa tête ? » « Non plus », conclut le témoin.

 

 

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La défense est sortie de sa torpeur. Tel est le constat que l'on peut faire après le contre-interrogatoire de Moustapha Nasser, l'ex-conseiller de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, qui témoignait hier pour le deuxième jour consécutif.Après le cortège des témoins prohaririens invités à la barre par l'accusation, la défense a saisi l'occasion du passage de M. Nasser – qui était...

commentaires (5)

Yallah, bien sur, c'est toujours la faute d'Israel, c est le denominateur commun de tous les maux n'est-ce pas? Et si Israel n'existait pas,il aurait fallut l'inventer...

IMB a SPO

19 h 08, le 13 avril 2015

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Commentaires (5)

  • Yallah, bien sur, c'est toujours la faute d'Israel, c est le denominateur commun de tous les maux n'est-ce pas? Et si Israel n'existait pas,il aurait fallut l'inventer...

    IMB a SPO

    19 h 08, le 13 avril 2015

  • Le coup de massue viendra en deux questions finales que l'avocat pose au témoin : « Fouad Siniora (ancien chef de gouvernement) a affirmé au cours de son témoignage devant le TSL que le Hezbollah a tenté d'assassiner Rafic Hariri à plusieurs reprises. Ce dernier a-t-il jamais évoqué cela devant vous ? » « Non », répond le témoin avant d'ajouter : « Je me demande comment Rafic Hariri pouvait se rendre plusieurs fois dans la banlieue sud, s'il avait peur d'être assassiné. » « Êtiez-vous au courant des menaces qui auraient été proférées par Bachar el-Assad à Rafic Hariri lorsqu'il lui a assuré qu'il détruira le Liban sur sa tête ? » « Non plus », conclut le témoin N'oublions pas qu'aucun temoin a part Siniora avait mentionner cela avant au tribunal tout en affirmant etre le seul a qui hariri la confier, donc donc de massu ou non attendons la fin pour savoir !! d'autre part le futur a affirmer il n y a pas longtemps que ce temoin a ete remercier depuis 2010 !!! et merci au TSL de donner la voie aux personnes qui ont un avis contraire a la majorite !! si le tribunal etait 100% libanais et dans les tribunaux libanais je douterai que les informations seraient a 100% vrai !!

    Bery tus

    22 h 43, le 11 avril 2015

  • Tous ces amalgames et autres contre vérité ...relèvent du vocabulaire de propagande politicienne ...pas du droit pénal ....

    M.V.

    12 h 00, le 11 avril 2015

  • IL FAUT TOUT PRENDRE EN COMPTE ET TOUT ÉCLAIRCIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 35, le 11 avril 2015

  • MM les avocats de la défense des assassaints. Vous savez sûrement que tout ce qui arrive de mal chez les Arabes "c'est Israel qui en est l'auteur". Même le mal de ventre des dictateurs assassins de leurs peuples. On peut alors se demander pourquoi vous n'avez pas posé également cette question à ce témoin.

    Halim Abou Chacra

    06 h 52, le 11 avril 2015

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