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De jeunes Libanais de la diaspora rédigent une Charte de la laïcité pour le Liban

Nour Chehabeddine, étudiante en finances et relations internationales à l’Université de Toronto (Canada).

Au moment où les jeunes Libanais résidents au pays du Cèdre hésitent toujours à soutenir la laïcité, d'autres, de la diaspora, s'engagent pour ce principe et rédigent une Charte de la laïcité pour leur pays d'origine.
« La laïcité est la séparation du domaine religieux de celui du politique », note Hiba Maroun, 22 ans. « Ce principe garantit une non-intervention des institutions religieuses dans les affaires de statut personnel », précise Caroline Boutros, future médecin. Nombreux sont les jeunes qui savent définir la notion de la laïcité, mais peu d'entre eux estiment sa réalisation possible au Liban dans un avenir proche. « Adopter un système laïc, dans un pays où le confessionnalisme hante encore l'esprit des citoyens et où l'État répartit toujours ses postes selon les religions des postulants, semble utopique », assure Georges Madi, étudiant en gestion. Pour sa part, Élie Fakhry, 19 ans, avertit : « Le système confessionnel garantit les droits des chrétiens, qui deviennent aujourd'hui minoritaires au Liban, et en l'abolissant, on les mettrait à risque. »

La laïcité, principe inaliénable de la République
Au-delà des frontières libanaises, les membres de l'équipe rédactionnelle de L'Écho du Cèdre, journal électronique rédigé par de jeunes Libanais de la diaspora, ont une vision différente. « Notre système, autrefois salué comme un symbole de démocratie consensuelle et de coexistence religieuse, démontre depuis longtemps ses faiblesses dont : le clientélisme, l'inégalité au niveau du suffrage et la paralysie fréquente du pouvoir décisionnel », affirme Érik Chiniara, étudiant en droit à l'Institut d'études politiques de Paris. L'équipe rédactionnelle de L'Écho du Cèdre propose donc l'adoption d'une Charte de la laïcité au Liban « pour nous sortir du marasme dans lequel nous nous enlisons jour après jour ».
La charte (consultable sur ce lien : www.echoducedre.com/charte-de-la-laiumlciteacute-de-la-reacutepublique-libanaise-reacuteinventer-le-modegravele-institutionnel-libanais.html) inclut plusieurs dispositions. Par exemple : « La laïcité offre aux citoyens les conditions nécessaires pour exercer leur libre arbitre et faire l'apprentissage de la citoyenneté » (Article 6).
« Inspirée de la loi de 1905 en France, où le religieux est dissocié du social et confiné au domaine privé, et reprenant dans son préambule les grands principes du pacte national de 1943 au Liban, cette charte se poserait comme le garant de la diversité religieuse et culturelle qui caractérise notre pays et se positionnerait comme emblème unique de rassemblement », indique Érik. Et de souligner : « La vocation de cette charte consisterait aussi à aider chacun d'entre nous à respecter l'État de droit. Son objectif serait alors de redonner à la République libanaise la place qu'elle mérite dans la transmission des principes et des valeurs qui la caractérisent et qui mettent en avant sa spécificité culturelle. » Pour sa part, Nour Chehabeddine, étudiante en finances et relations internationales à l'Université de Toronto, souligne l'importance de l'adoption de la laïcité : « Ce principe libère du dogme. La vraie liberté peut être accrue avec la laïcité puisque les citoyens détermineraient le bien-être de leur nation sans succomber à une idéologie, une faction ou une secte. »

Réinventer le modèle institutionnel libanais
Contrairement à ceux qui pensent que l'abolition du système confessionnel mettrait les chrétiens à risque, Érik ne s'inquiète pas pour leur avenir au Liban au sein d'un système laïc. « Nul ne devrait avoir peur d'un tel débat. Une Charte de la laïcité ne serait dirigée ni contre les individus ni contre leurs consciences. Bien au contraire, elle chercherait à garantir l'égalité de traitement entre et envers tous les citoyens sans discrimination », explique-t-il. Et d'assurer : « Il est impératif de donner à la laïcité une valeur constitutionnelle afin de pouvoir mettre définitivement fin au sectarisme confessionnel et imposer ainsi la laïcité comme seule alternative valable pour que survive notre nation. »
« Bien que symbolique, cette charte saurait toutefois s'imposer grâce à son caractère exceptionnel et à son inspiration historique », affirme Érik. Et de poursuivre : « En traduisant cette charte sur le terrain par une réorganisation du système institutionnel libanais, et en imposant la liberté de culte et la méritocratie comme principes fondamentaux qui guident les institutions, la laïcité trouverait pleinement sa place au cœur d'un nouveau pacte républicain refondateur qui marquerait le début d'une seconde République laïque et indivisible. » La réussite d'une telle charte passe, selon le jeune homme, par : l'évolution des programmes scolaires, le changement radical des mentalités et le changement d'attitude envers l'espace privé et l'espace public. « Il revient à la nouvelle génération de vivre la laïcité au vrai sens du terme et de faire sienne ses valeurs et ses fondements », assure-t-il.
Nour, pour sa part, ajoute : « Lorsque les jeunes lisent, développent un esprit critique et remettent en questions les dogmes qui leur sont imposés, ils feront un pas en avant vers une laïcité vraie et libre. »
Érik conclut en lançant un cri du cœur à ses concitoyens : « Je vous invite, en ces temps radicalement animés par le fanatisme religieux, à une réflexion profonde et à considérer l'adoption d'une Charte de la laïcité qui devrait, en temps dû, servir de modèle pour nos voisins. Et je convie tous ceux qui prônent le vivre-ensemble à prendre à leur compte ce combat qui doit être " national ", non pas pour opposer les uns aux autres, mais pour se défendre contre ceux qui veulent opposer les uns aux autres. »

Au moment où les jeunes Libanais résidents au pays du Cèdre hésitent toujours à soutenir la laïcité, d'autres, de la diaspora, s'engagent pour ce principe et rédigent une Charte de la laïcité pour leur pays d'origine.« La laïcité est la séparation du domaine religieux de celui du politique », note Hiba Maroun, 22 ans. « Ce principe garantit une non-intervention des institutions...

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