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Sport - Pensée Foot

« Arjen, passe-moi le ballon »

Toutes les histoires de foot commencent dans une cour d'école ou bien dans une rue. Les enfants se réunissent, se divisent en deux équipes selon les affinités et les talents respectifs, établissent des règles plus ou moins proches de celles du football (le fameux goal volant) et cherchent à tout prix à marquer un but de plus que leurs adversaires. Mais, parmi ces enfants, se trouve toujours un joueur qui ne veut jamais donner la balle à ses coéquipiers, un joueur qui n'a pas compris que le football est un sport collectif, un joueur dont la seule obsession est de dribbler et de marquer. Pas nécessairement pour faire gagner son équipe, mais tout simplement parce que c'est son unique façon de prendre du plaisir. Les autres enfants le détestent et l'envient, surtout s'il a du talent. Mais lui s'en moque royalement. Il n'a pas besoin d'eux. Son football est égoïste et instinctif. Et quoi qu'il advienne, il le restera.
Arjen Robben fait aujourd'hui partie des meilleurs joueurs du monde. En club, il a pratiquement tout gagné. Avec sa sélection, les Oranje, il a atteint la finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010 et la demi-finale de la Coupe du monde au Brésil en 2014. Au Brésil justement, il a marché sur l'eau, humiliant à lui seul toute la défense espagnole. Et avec le Bayern, Robben s'amuse et enquille les buts. Souvent les mêmes d'ailleurs. Son fameux crochet du droit, enroulé du gauche coté opposé. Classique, mais irrésistible.
Aujourd'hui, Arjen n'a plus grand-chose à prouver. Il fait indéniablement partie des meilleurs joueurs de sa génération. Pourtant, au moment d'attribuer les récompenses les plus prestigieuses, il n'est jamais cité parmi les élus. Ni favori des supporters ni coéquipier idéal, Robben est une anomalie dans le monde du football moderne. Un pur perso, probablement le roi de cette espèce en voie d'extinction, qui ne fait même pas semblant d'être désolé pour les autres. Malgré les critiques de ses coéquipiers, malgré les menaces de ses entraîneurs, malgré les sifflets de ses supporters, Robben joue encore comme cet enfant dans la cour de récré. Neuf fois sur dix il dribble et puis il frappe. Et peu importe si un autre joueur se trouvait dans une meilleure position que lui à ce moment-là.
Quand Franck Ribery lui dit, au cours d'un match entre le Bayern Munich et Schalke en 2011 : « Arjen, passe-moi le ballon. Nous sommes une équipe, il n'y a pas que toi », le Batave répond par un simple « d'accord ». Tout simplement parce que Robben s'en fout de ce que peut lui reprocher son coéquipier. Son orgueil ne tolère pas la critique. Son talent est la meilleure réponse. Car, au plus grand dam de ses détracteurs, la plupart du temps, quand Robben dribble, quand Robben frappe, Robben marque...
S'il n'a ni l'élégance de Van Persie ni la vista de Snjeider, Robben est sans aucun doute le plus hollandais des joueurs de sa génération. Insupportable d'arrogance, pétri de classe et de talent, et surtout abonné au statut de perdant magnifique, Robben est un pur-sang Oranje. Un comble pour un joueur aussi individualiste dans le pays qui a tout simplement inventé le football total.

Toutes les histoires de foot commencent dans une cour d'école ou bien dans une rue. Les enfants se réunissent, se divisent en deux équipes selon les affinités et les talents respectifs, établissent des règles plus ou moins proches de celles du football (le fameux goal volant) et cherchent à tout prix à marquer un but de plus que leurs adversaires. Mais, parmi ces enfants, se trouve...
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