Le Drian bientôt au Liban : fin des pourparlers sur les 3 milliards et début des livraisons à l’armée

Une source proche de la présidence française a confirmé hier à L'Orient-Le Jour la visite à Beyrouth le 21 courant (date qui reste à reconfirmer) de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. Il s'agira, selon ce responsable de l'Élysée, de marquer le début des livraisons de matériel militaire français au Liban, dans le cadre de l'accord franco-saoudien portant sur un don de trois milliards de dollars (nom de code : Donas).
Durant son séjour à Beyrouth, le ministre français aura des entretiens avec de hauts responsables politiques et militaires, notamment le chef du gouvernement Tammam Salam, le ministre de la Défense et vice-président du Conseil Samir Mokbel, et le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi qui avait minutieusement négocié la « shopping list » libanaise, y mettant la dernière main en novembre dernier.
François Hollande estime que cette visite est un geste concret du soutien de la France au Liban, a ajouté cette source, d'autant qu'elle coïncidera avec une première livraison de matériel militaire léger, dans le cadre d'un contrat important dont la concrétisation aura duré 11 mois, ce qui est, selon la source citée, « une période logique et acceptable ».
Matériel léger signifie, selon des milieux militaires français, des munitions, des armes légères et moyennes selon la disponibilité des stocks en usine ainsi que des appareils de vision nocturne et des radars sophistiqués de la dernière génération.
Le reste, c'est-à-dire les véhicules et transports de troupe blindés, les hélicoptères de transport et de combat, les patrouilleurs maritimes et les équipements y relatifs, sera livré dans un délai de trois ans.
Les motifs ne sont pas uniquement les délais de fabrication, mais aussi le temps nécessaire pour l'aménagement au Liban de hangars et de quais pour les hélicoptères et les patrouilleurs, selon des spécifications et des cahiers des charges précis. Sans compter la formation des personnels en amont et en aval des livraisons et l'entretien (durant dix ans) de l'ensemble du matériel par des experts militaires et civils représentant les autorités françaises et la vingtaine d'entreprises concernées par l'accord des trois milliards.
« C'est l'effet psychologique et le moral des troupes qui comptent, maintenant que les modalités de cet accord sont derrière nous », a commenté un expert militaire européen qui a suivi les diverses phases de la concrétisation du Donas, à la demande des autorités de son pays.
Pour ce qui est des délais, a expliqué cet expert, la période de onze mois mentionnée par la source élyséenne se situe entre décembre 2013, date à laquelle l'accord d'aide militaire au Liban a été annoncé à Riyad lors d'une visite officielle de François Hollande, et novembre 2014, lorsque, durant la visite de Tammam Salam à Paris, les ministres français et libanais de la Défense et une équipe de collaborateurs militaires des deux pays ont mis la dernière main au contrat en énumérant en détail le matériel concerné.
En calculant en même temps le taux dollar/euro de cette date, favorable au Liban, l'armée a ainsi obtenu plus de matériel. En réalité, cette période peut être calculée de décembre 2013 à avril 2015, ce qui fait 16 mois du fait des retards apportés par l'Arabie à signer le contrat et à régler les 20 pour cent de la valeur totale du contrat.
De plus, des discussions sur les honoraires de l'ODAS ont pris quelque temps, Riyad ayant cru tout d'abord que les 150 millions de dollars d'honoraires étaient des rétrocessions inexpliquées.
Toujours est-il qu'avant la fin de ce mois, une phase importante du dossier des trois milliards et des premières livraisons de matériel français va s'ouvrir. Ces livraisons se feront sous les yeux d'Yves Le Drian et de son homologue libanais.