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À La Une - iran

Nucléaire : Rohani se jette dans l'arène pour pousser à un accord

Des discussions intenses reprennent à Lausanne où se sont retrouvés John Kerry et Mohammad Javad Zarif.

Des discussions intenses sur le programme nucléaire iranien ont repris jeudi dans la ville suisse de Lausanne, où se sont retrouvés le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif (2e à droite). AFP PHOTO / POOL / BRENDAN SMIALOWSKI

Le président iranien Hassan Rohani a appelé jeudi plusieurs dirigeants des grandes puissances pour pousser un accord sur le nucléaire, alors que des discussions acharnées ont repris à Lausanne en vue d'arracher un compromis avant la fin du mois.

M. Rohani a appelé un par un ses homologues français François Hollande, russe Vladimir Poutine, et le Premier ministre britannique David Cameron, mettant tout son poids dans la balance à J-5 de la date du 31 mars, fixée par les négociateurs pour aboutir au minimum à un accord de principe sur le nucléaire iranien.
A ses trois interlocuteurs, M. Rohani a répété l'une des exigences invariables de Téhéran, "l'annulation totale des sanctions" internationales qui asphyxient l'économie iranienne, selon le site de la présidence.
"L'annulation totale des sanctions est le principal élément des négociations pour avancer vers un règlement définitif", a déclaré M. Rohani cité par la présidence.

Le président iranien a également envoyé une lettre aux dirigeants des puissances du P5+1 (Etats-Unis, GB, France, Russie, Chine et Allemagne), selon le site de la présidence. La Maison Blanche a confirmé l'envoi de cette lettre, remise à la délégation américaine à Lausanne.
MM. Rohani et Barack Obama se sont parlé au téléphone une seule fois fin 2013 en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, alors que les deux pays n'ont toujours pas rétabli leurs relations diplomatiques, rompues depuis 35 ans.

Ces appels exceptionnels du président iranien interviennent alors que des discussions intenses ont repris jeudi dans la ville suisse de Lausanne, où se sont retrouvés le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.

Moscou et Téhéran espèrent que ces négociations "seront couronnées de succès", a indiqué le Kremlin dans un communiqué après l'entretien entre MM. Rohani et Poutine.

La France a répété pour sa part ses exigences d'un "accord durable, robuste et vérifiable garantissant que l'Iran n'aura pas accès à l'arme nucléaire", selon un communiqué de l'Elysée suite à la conversation entre MM. Rohani et Hollande.
Paris est réputé comme l'un des pays les plus intransigeants dans les négociations entre Téhéran et les grandes puissances sur le nucléaire iranien, un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis 12 ans.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius est d'ailleurs attendu samedi à Lausanne pour participer aux négociations, selon son ministère.


(Lire aussi : La France, faucon des négociations internationales sur le nucléaire iranien)


La communauté internationale soupçonne depuis le début des années 2000 l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique -ce que Téhéran dément- et réclame de strictes garanties sur son programme nucléaire, en échange d'une levée progressive des sanctions internationales (américaines, européennes et onusiennes).

Contexte régional alourdi
Les négociations sur le nucléaire iranien, relancées il y a plus d'un an, doivent aboutir avant la fin du mois à un accord politique, ou au minimum une entente, avant un accord final englobant tous les aspects techniques d'ici le 30 juin.

Les tractations ont repris toutefois dans un contexte régional extrêmement tendu, avec l'intervention militaire dans la nuit d'une coalition conduite par l'Arabie saoudite sunnite contre les rebelles chiites houthis au Yémen, soutenus par Téhéran.
L'Iran a d'ailleurs vigoureusement condamné jeudi cette intervention, soutenue par les Etats Unis, qualifiée d'"agression militaire" par le président Rohani.
Cette opération "créera plus de tensions dans la région et n'apportera aucun bénéfice à aucun pays", a mis en garde M. Zarif depuis Lausanne, parlant à la télévision iranienne à destination des pays arabes Al-Alam.

(Lire aussi : « La rivalité régionale Riyad-Téhéran complique et amplifie le conflit au Yémen »)

 

Mais l'opération menée au Yémen par l'Arabie saoudite avec un appui logistique des Etats-Unis n'aura "pas d'impact" sur les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran, a assuré jeudi un haut responsable américain. "Nous avons toujours clairement indiqué que les négociations du groupe P5+1 portaient exclusivement sur la question du nucléaire", a-t-il indiqué sous couvert d'anonymat.

 

Encore beaucoup de questions à régler
A la reprise des discussions jeudi, Américains et Iraniens ont fait preuve d'un relatif optimisme.
"Nous croyons vraiment que nous pouvons faire cela d'ici le 31 (mars)", a déclaré un haut responsable du département d'Etat à des journalistes sous le couvert de l'anonymat.
"Dans l'ensemble, je suis optimiste", a déclaré pour sa part à l'AFP le chef de l'organisation iranienne de l'Energie atomique, Ali Akbar Salehi, mettant toutefois en garde contre l'activisme des adversaires d'un accord.

Les puissances régionales -Arabie saoudite et Israël en tête- s'opposent vigoureusement à un compromis avec l'Iran. Ryad a répété qu'il ne fallait pas donner à Téhéran "des accords qu'il ne mérite pas", et Israël a prévenu qu'il continuerait à s'opposer à un accord.

Sur le fond de la négociation nucléaire, toutes les parties s'accordent à dire que de nombreux points sont encore à régler. La date butoir pour un accord final est fixée au 30 juin.
"Ce ne sera pas la fin de l'histoire cette semaine", avait souligné mercredi un haut responsable européen.
"Ce que nous aimerions avoir (d'ici fin mars, ndlr), c'est une entente sur les points clés, les paramètres principaux" au cœur de la négociation: capacité d'enrichissement d'uranium octroyée à l'Iran, réacteur à eau lourde d'Arak (autre filière pour parvenir à la bombe atomique), levée des sanctions...

 

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Le président iranien Hassan Rohani a appelé jeudi plusieurs dirigeants des grandes puissances pour pousser un accord sur le nucléaire, alors que des discussions acharnées ont repris à Lausanne en vue d'arracher un compromis avant la fin du mois.M. Rohani a appelé un par un ses homologues français François Hollande, russe Vladimir Poutine, et le Premier ministre britannique David Cameron,...

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