Des émissaires israéliens se sont rendus lundi à Paris pour examiner avec les dirigeants français l'évolution des discussions sur le programme nucléaire iranien. Parmi les membres de cette délégation israélienne figurait le ministre chargé des Affaires stratégiques et des Services de renseignements dans le gouvernement sortant, Youval Steinitz. Après s'être entretenu avec le conseiller diplomatique du président François Hollande, Jacques Audibert, M. Steinitz a déclaré au quotidien Le Monde que les négociations sur le programme nucléaire iranien risquent d'aboutir à « un mauvais accord sur l'Iran ». C'est peut-être la dernière opportunité pour influencer ces négociations avant qu'un mémorandum d'entente soit signé, a-t-il ajouté, en commentant sa visite à Paris.
Dans l'accord en préparation, « le seuil d'obtention de l'arme nucléaire pourrait être ramené à trois ou quatre mois contre douze actuellement », et « la direction iranienne va être tentée d'acquérir l'arme nucléaire, et le temps de contrecarrer ce plan, on y sera déjà », a affirmé le ministre israélien au journal. « Si l'Iran devient un pays du seuil, beaucoup de pays sunnites de la région s'engageront dans la course au nucléaire », a-t-il mis en garde, en référence à la rivalité entre le régime iranien chiite et les pays majoritairement sunnites. « Avec la France, nous voyons les choses de la même façon. Nous avons les mêmes soupçons sur l'Iran, ses intentions au Moyen-Orient et la possibilité qu'il ne respecte pas l'accord », a-t-il encore ajouté.
Selon le site Médiapart, la visite de la délégation israélienne aurait pour objectif d'« encourager Laurent Fabius à conserver une position très ferme dans les négociations qui vont reprendre sur le nucléaire iranien ». Le site rappelle en outre que Paris s'était déjà « opposé en novembre 2013, à Genève, à la première version d'un texte jugé trop flou, en fait pas assez contraignant pour Téhéran », et que la France « assume la position la plus réservée sur les négociations, en désaccord ouvert avec Washington ». D'après René Backmann, l'auteur de l'article, « l'existence au sein du Quai d'Orsay d'un fort courant inspiré par les "néoconservateurs" américains et la nécessité de ménager les monarques du Golfe » feraient partie des raisons qui expliqueraient la position de Paris sur le sujet.
« Des garanties sur tous les points »
À la suite de la visite de la délégation israélienne, le Quai d'Orsay n'a pas fait de déclaration officielle. Interrogée par L'Orient-Le Jour, une source au sein de la diplomatie française a indiqué que le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, aurait exprimé sa solidarité avec Israël sans engagement précis sur une position commune. Malgré la proximité des positions franco-israéliennes, des nuances étaient toutefois perceptibles entre les deux, selon cette même source. Cette dernière précise que M. Fabius ne voulait pas donner l'impression de faire bloc avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors même que celui-ci est en froid avec le président américain Barack Obama.
« La France est résolument engagée sur la voie de la fermeté vis-à-vis de Téhéran », a en outre expliqué un observateur qui suit depuis des années les pourparlers entre l'Iran et le groupe des 5+1. « Mais la France prendra-t-elle la responsabilité de demander un nouveau report de l'échéance du 31 mars ? » a-t-il ajouté.
Aujourd'hui, la France apparaît peu encline à faire des concessions à l'Iran, notamment sur la levée ou l'allègement des sanctions, tant que Téhéran n'aura pas respecté tous ses engagements. Une impression confirmée par le tweet de l'ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, qui écrit : « Nous négocions avec l'Iran depuis douze ans. Nous n'avons pas à nous précipiter vers un accord qui doit être complet. Aux yeux de la France, tout accord, pour être acceptable, doit offrir des garanties sur tous les points. Nous n'en négligerons aucun. »
A priori rigide, la position de la France pourrait toutefois être assouplie par des considérations économiques et la volonté des chefs d'entreprise français d'investir sur le marché iranien. Le 3 février 2014, une centaine de chefs d'entreprise français, dont ceux du secteur de l'automobile, s'étaient rendus à Téhéran pour étudier le potentiel du marché iranien. Un marché de 80 millions d'habitants qui devrait offrir de nombreuses possibilités d'investissement en cas d'accord.
Pour mémoire
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commentaires (3)
Franchement really fortiches, ces Äsraéliens juifz-hébreux !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
18 h 27, le 25 mars 2015