Tripoli : Mikati conteste le projet de parking à Tall

Dans le cadre de la réhabilitation structurelle de la ville de Tripoli, après la réussite du plan de sécurité, un projet de construction d'un parking, formé de quatre étages souterrains, place du Tall (centre-ville), a récemment été approuvé par le gouvernement. Ce projet se heurte toutefois à une campagne de contestations dans la ville.
Des acteurs civils et habitants de Tripoli, réunis sous le slogan « Non au parking de Tall », ont fait entendre leur rejet de « projets préconçus et fin prêts qu'on impose », lors d'une conférence au siège de la Chambre du commerce, d'industrie et d'agriculture à Tripoli. La campagne se fonde sur une étude française de 1993 qui aurait illustré l'incompatibilité d'un parking place du Tall avec l'ambition de convertir Tripoli en ville piétonne et d'y préserver les bâtiments traditionnels.
« Les priorités du développement de la ville doivent faire l'objet d'un plan de développement global, et non d'une sélectivité arbitraire de projets », a souligné le communiqué de la campagne menée contre la construction du parking, qui appelle à confier au comité d'urbanisme de Tripoli l'élaboration d'un plan de développement global.
Cette campagne est relayée par certaines figures sunnites de Tripoli, notamment l'ancien Premier ministre Nagib Mikati, qui a tenu hier une conférence de presse dans son bureau tripolitain. Pour lui, « un projet de développement qui n'offre aucune opportunité de travail, et dont l'utilité est contestée, n'a pas lieu d'être ». Il a surtout estimé que « le projet de parking n'est pas une priorité ». Il a tenu à « remercier la société civile tripolitaine, qui a fait preuve d'un grand dynamisme national », et appelé dans ce cadre le chef du gouvernement, Tammam Salam, à « être à l'écoute des habitants de la ville ».
En revanche, le comité des syndicats ouvriers relevant du courant du Futur, réuni hier, a exprimé son « inquiétude de la politisation de la campagne contre le projet de parking, qui est pourtant le moteur des projets de développement pour la ville, prévus par l'actuel gouvernement ». Rappelant que ce projet avait été « approuvé à l'unanimité par le conseil municipal en 2002 », le comité syndical a estimé que « si ce projet avait trouvé un investisseur à l'époque, il aurait été mis en œuvre sans que personne ne le conteste ».
Le comité a laissé entendre enfin que le projet de Tall contrevient aux intérêts des propriétaires des parkings publics, « dont il est grand temps de mettre un terme à la désorganisation et au chaos ».