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Liban - Polémique

Don turc inexistant, craintes sécuritaires... le projet de parking secoue Tripoli

Les tergiversations de la municipalité et les protestations civiles ont fait de cette affaire un enchevêtrement inextricable. Explications.

La place où le Parking doit être aménagé (Archives).

La construction d'un parking souterrain à la place du Tell à Tripoli a provoqué, à cette date, plusieurs manifestations hostiles au projet et des décisions contradictoires du conseil municipal. Après avoir annoncé dans un premier temps son refus du projet de parking, le conseil municipal de la ville a fait volte-face et pris la décision d'accepter ce projet. Le mécontentement de la société civile était encore bien palpable ce week-end. Un groupement se faisant appeler les « Ligues populaires » a réaffirmé son refus de ce parking, se déclarant « surpris » du revirement du conseil municipal. Il rappelle qu' « un parking similaire à la gare Charles Hélou à Beyrouth défigurerait ce site ». Les chauffeurs de taxi, eux, refusent l'idée de devoir se garer dans un parking souterrain.

Le président du conseil municipal, Nader Ghazal, s'est efforcé hier d'expliquer aux représentants de la société civile les raisons de ce qu'il a appelé des « modifications apportées au projet ». Il a révélé que « le conseil municipal aspire, à terme, à (re)construire le sérail de style ancien, qui a été démoli depuis plus de cinquante ans », dans lequel sera inclus le parking. « Cela permettra de développer la vie économique et commerciale du centre-ville », a-t-il poursuivi.

Interrogé par L'Orient-Le Jour, Jalal Halwani, membre du conseil municipal et responsable du comité de l'environnement, rappelle que le projet de parking souterrain (seul) a fait l'objet d'une décision gouvernementale datée du 21 mai 2014, à l'instar de deux autres projets pour Tripoli. « Un autre membre du conseil municipal, Khaled Tadmori, s'est alors enthousiasmé pour le projet et a proposé de le développer pour y inclure la reconstruction à l'identique du sérail ottoman qui a été démoli dans les années 50, poursuit Jalal Halwani. Il nous a annoncé avoir abordé le sujet avec le ministre turc des Affaires étrangères Ahmad Davutoglu, qui lui aurait promis un don de 50 millions de dollars pour la reconstruction du sérail, dans le cadre d'un projet plus vaste. »

Cependant, à l'issue d'une réunion avec l'ambassadeur de Turquie et une autre avec l'ancien Premier ministre Saad Hariri, le conseil municipal se rend compte qu'aucun don n'a réellement été accordé par le gouvernement turc. « Nous sommes donc revenus au projet initial de parking souterrain décidé par le gouvernement, et pour lequel le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) dispose d'un budget de 25 millions de dollars, dit-il. L'étude commanditée par le CDR devrait être terminée fin avril, l'appel d'offres devrait durer quelque trois mois, et la construction proprement dite deux ans. »

De son côté, Samer Dabliz, coordinateur de l'Initiative « Tripoli, ma ville », un groupe de la société civile qui s'interroge sur le bien-fondé de ce projet sans toutefois privilégier les manifestations sur le terrain, explique les raisons du scepticisme ambiant. « Nous trouvons que ce projet a été imposé à la ville sans véritable débat, dit-il à L'Orient-Le Jour. Même le conseil municipal a été pris de haut. Nous pensons que s'il y a un budget pour la ville, il devra être dépensé dans le cadre d'un plan global pour le trafic afin de décongestionner la ville. Le parking en soi n'est pas un objectif. »

À la question de savoir pourquoi ne pas se contenter de ce projet de parking en attendant un plan plus global, Samer Dabliz évoque d'autres craintes. « Un budget de 25 millions de dollars est excessif, selon des experts que nous avons interrogés, un tel projet ne devrait pas coûter plus de 10 millions, dit-il. Sur un autre plan, en présence d'une autorité locale incapable de tenir la sécurité de la ville de manière suffisante, nous avons peur qu'un tel parking ne devienne un point de ralliement pour des activités illicites. »

Les mécontents ne viennent pas seulement de la société civile. Certains hommes politiques se sont prononcés contre le projet aussi, notamment l'ancien Premier ministre Nagib Mikati. Celui-ci a condamné hier les tergiversations du conseil municipal. Il s'est prononcé « pour un plan global de développement, qui comporterait une liste de priorités ». Il a déclaré qu'il serait même favorable à ce que le conseil municipal soit soumis à un vote de confiance.

De tels propos ont poussé cheikh Hachem Minkara, président du conseil du mouvement du Tawhid islamique, à dénoncer les « ingérences politiques dans les affaires de la ville ». Il a estimé que « la politique corrompt tout ce qu'elle touche ». Interrogé sur la question politique, Jalal Halwani a reconnu que « ce projet a fait ressurgir des dissensions entre leaders politiques, notamment entre les anciens Premiers ministres Hariri et Mikati ». Samer Dabliz ramène ces dissensions « au fait que le conseil municipal semble avoir changé d'avis après sa réunion avec Saad Hariri, ce qui a poussé Nagib Mikati à réagir ». « Je trouve que le premier refus du conseil et son changement d'avis sont aussi injustifiés l'un que l'autre, conclut-il. Ils auraient dû lancer le débat dès le début. »

 

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La construction d'un parking souterrain à la place du Tell à Tripoli a provoqué, à cette date, plusieurs manifestations hostiles au projet et des décisions contradictoires du conseil municipal. Après avoir annoncé dans un premier temps son refus du projet de parking, le conseil municipal de la ville a fait volte-face et pris la décision d'accepter ce projet. Le mécontentement de la...

commentaires (3)

Moi, le Kesrouanais, je connais Tripoli et sa célèbre horloge de puis 1947. La ressemblance est frappante entre l'horloge et le campanile (1720) de l'église St-Jean-Baptiste du village corse La Porta. Le campanile est de cinq étages tandis que l'horloge de la Place du Tell en a six.

Un Libanais

16 h 52, le 02 mars 2015

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Commentaires (3)

  • Moi, le Kesrouanais, je connais Tripoli et sa célèbre horloge de puis 1947. La ressemblance est frappante entre l'horloge et le campanile (1720) de l'église St-Jean-Baptiste du village corse La Porta. Le campanile est de cinq étages tandis que l'horloge de la Place du Tell en a six.

    Un Libanais

    16 h 52, le 02 mars 2015

  • De plus en plus arriérés.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 57, le 02 mars 2015

  • L'ABRUTISSEMENT... ET L'HÉBÉTUDE... EN CONFRONTATION !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 23, le 02 mars 2015

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